Lundi soir plutôt chargé au Il Motore où jouent quatre groupes, dont la nouvelle sensation Parquet Courts, fils du Texas déménagé à Brooklyn pour des raisons artistiques. Avec deux albums dans le caleçon, le groupe carbure aux mélodies punks entre Pavement et Middle Class. Sunbathing Animal, le 2ièmealbum du groupe, a obtenu une note de 8.6 sur Pitchfork… Si un jour quelqu’un peut m’expliquer la science derrière le système de cotation du magazine qui, au décimal près, peut quantifier la qualité d’un album, je passe la semaine en bobettes.

Vers 22h, Protomartyr monte sur scène avec Jon Casey, leur étrange chanteur, à situer entre Lee Brillaux et Mark E. Smith. Fascinant personnage encore plus gris qu’un roman de Cormac McCarthy. Le groupe de Detroit sera pour moi la révélation de la soirée. Avec un son punk à la Wire, tout en subtilité, parfois à la limite du new-wave, chanté nonchalamment avec détachement. Comme quoi la vie de rockstar a parfois des angles aigus et des bords coupants, Casey et sa formation lance un appel à la foule : ils cherchent une place pour dormir… À écouter la pièce Come & See. Le plus beau moment de tristesse depuis longtemps.

Viens ensuite Tyvek, avec leurs looks de moniteurs de parcs défoncés à la colle. Si le groupe ne sonne pas trop mal en album, ce n’est pas le cas sur scène. C’est une bouillie sonore générique, une lasagne congelée à moitié réchauffée et servie avec une grande claque en arrière de la tête.

Les Parquet Courts montent sur scène avec la dévotion du condamné… Hé oui les gars, c’est à vous de jouer! Dans la foule, c’est la frénésie. Pour augmenter le niveau de difficulté, il y maintenant de la bière et de la vitre un peu partout sur le sol.

Début de spectacle avec Duckin & Dodgin, chanté par Andrew Savage qui tourne tranquillement au mauve. Puis l’anatomique Bodies : cette fois c’est Austin Brown au micro. Suivent les Black & White, Vienna II, Always Back In Town et Dear Ramona qui parle d’amour, tiens.

Incroyable, mais pas moins de six pièces du 2ième album sont jouées avant d’entendre Master Of My Craft et Borrowed Thyme, hits de Light Up Gold, 1er disque de la formation. Ensuite, la très potable Descent, tirée du EP Tally All The Thing You Broke. Immédiatement après, le groupe reprend la défense de son petit dernier avec Instant Disassembly, Raw Milk et Into The Garden.

Setlist audacieux et sans ficelles, les nouvelles pépites punks aux mélodies roulantes du groupe sont absorbés comme de la bière sur un divan irlandais. Au fait, a-t-on vraiment l’obligation de jouer nos hits un lundi soir? Pour finir la soirée, Light Up Gold, qui rappelle les Modern Lovers de Jonathan Richman, avec la basse de Sean Yeaton à l’avant. Pour finir le tout, Sunbathing Animal, qui parle d’amour et d’animaux selon Google Traduction. En sortant, tout le monde sourit, comme la batterie de Max Savage, petit frère de l’autre.

Pour râler un peu, je dirais qu’il manquait le super hit Stoned & Starving,  chanson à propos des fameux munchies. Je ne veux pas faire un Boom de moi, mais…

Texte : Fred Lareau

Photo : Alexander Gaipo