Il y avait de la nostalgie dans l’air autour du théâtre Corona en ce froid jeudi de mars. Pour quiconque s’intéressait à la musique alternative, rock garage, stoner ou grunge dans les années» 90, le nom Dinosaure Jr sonne au minimum une cloche. Et pour quelques plus vieux qui n’étaient pas trop dans le glam rock américain de la deuxième moitié des années» 80, le groupe est un précurseur avant-gardiste de ce qui allait cartonner la décennie suivante. Je n’avais vraiment aucune idée de ce à quoi m’attendre, autant pour la grosseur de l’assistance que de la part du band. Aussitôt arrivé, je m’aperçois que je ne suis vraiment pas le seul curieux et qu’ils ne manquent pas de vrais fans tant la salle est pleine, de même que le balcon au deuxième. Ça s’annonce bien!

Quelque peu après 21 h 30 et sans grande introduction, le trio composé des membres originels investis la scène. Ils n’ont beau être que trois, nous avons droit à un mur de son imposant. Si le tout sonne un peu brouillon (c’est Dinosaur Jr quand même), c’est puissant, les bass sont grasses, le drum sonne comme une tonne de brique et la guitare est distorsionnée à souhait. Il n’y a pas à dire, c’est encore plus heavy en spectacle que sur CD. Ça reste assez calme sur le stage, le leader J. Marcis n’étant pas reconnu pour être très volubile ou débordant d’enthousiaste, mais celui-ci ne se gêne pas pour martyriser les cordes de sa guitare pendant les solos qu’il exécute devant l’imposant mur de Marshall derrière lui tout en faisant aller sa tignasse blanche. Il n’y a que le bassiste Lou Barlow qui a sans cesse la bougeotte et dont les cheveux longs bouclés qui virevoltent dans tous les sens nous empêchent de lui voir le visage. Ils sont devant nous pour jouer de la musique et ils laissent celle-ci parler pour eux. Bien heureusement pour nous, de bons morceaux, ils en ont à la pelleter.

Cette tournée s’est mis en branle pour promouvoir leur dernier disque Give A Glimpse of What Yer Not sorti l’an passé et c’est exactement ce qu’ils vont faire en lui consacrant plus du tiers du setlist. Ça tombe bien, car il est très bon et il est dans la parfaite continuité de ce que le groupe a toujours fait. On le voit bien avec les pièces comme Goin Dow, Tiny ou Knocked Around qui côtoient parfaitement les classiques comme Start Choppin et Freak Scene. L’auditoire est comblé et il le fait savoir bruyamment. Lors du rappel, Lou fait miroiter aux fans à l’avant qu’ils vont se voir jouer une de leur demande spéciale, mais le choix de jouer leur excellente reprise de Just Like Heaven de The Cure est déjà pris. Aussitôt l’endiablé Sludgefeast terminé, les trois principaux intéressés nous quitteront aussi sobrement qu’ils sont arrivés. Qu’importe, il n’en fallait pas plus pour avoir droit à un bon show de 101.

Texte: Sébastien Léonard

Photos: Helene Dickey

Liste des chansons:

Goin Down
I Told Everyone
Love Is…
The Wagon
Watch the Corners
Pieces
Tiny
Feel the Pain
Knocked Around
Start Choppin
I Walk for Miles
Freak Scene
Forget the Swan
Encore:
Just Like Heaven (The Cure cover)
Sludgefeast