Los Angeles, Sunset Strip, 1985. La nuit y pose son voile. Arrogance capillaire, attitude exubérante, spandex déchiré et musique déjantée. Le Glam métal ne s’était jamais porté aussi bien. Montréal, Rue Ste-Catherine, 2015. La lumière du jour s’affaiblit. Perruques cheap, enthousiasme débordant, tissus aux motifs fauniques et amour inconditionnel du genre. Le Glam métal n’a jamais cessé d’être. Présents pour le concert de Steel Panther, les fans attroupés à l’avant du Métropolis paradaient fièrement dans leurs habits habilement confectionnés. Évidemment, les auditeurs n’arboraient pas tous cet uniforme, mais bon nombre d’entre eux s’en était donné la peine, au grand plaisir de tous les témoins.

En première partie: Future Villains, groupe de Los Angeles, aux inspirations glam et hard rock. Ils interprétèrent quelques-unes de leurs compositions comme «Devil In Her Bones» et «Reject», mais intégrèrent une foule de reprises de groupes comme AC/DC, dont le son du groupe est directement inspiré, Deep Purple et Boston. Leur matériel original est étonnement accrocheur. Le chanteur à la voix versatile maintient la même énergie vocale tout au long de la performance. De plus, la complicité des deux guitaristes transformait parfois les prestations en spectacle visuel, tant leur communication était solide. On pense notamment à la reprise de «Highway Star» de Deep Purple où une des guitares s’appropria la section musicale initialement jouée au clavier et, en l’absence d’un pareil instrument, les deux musiciens s’échangèrent vigoureusement les phrasés et livrèrent une interprétation solide du morceau. Leurs compositions originales impressionnent pourtant peu, mais ces musiciens de talent savent donner un spectacle de façon franche et pertinente, sans exagération aucune, avec amour et reconnaissance pour le rock sous toutes ses facettes.

Les Villains ayant terminé leur performance, la Sunset Strip Montréalaise se peupla de mascottes Glam métal et de fans de tout genre le temps d’une cigarette. Dernière bouffée et l’ensemble se dirigea à l’intérieur. Minutes d’attente, «Running with the Devil» de Van Halen se fait entendre sur fond de cris déchaînés et Steel Panther arrive sur scène. Humour vulgaire, chansons qui surpassent la grivoiserie et qui embrassent totalement l’obscénité. L’anniversaire de Michael Starr, chanteur au style vocal très inspiré par celui de David Lee Roth du groupe Van Halen, représenta une belle occasion pour le groupe de converser avec le public et de rendre ce moment particulièrement spécial. En ce sens, leurs interventions humoristiques sont absolument délirantes. La plupart d’entre elles provenaient du guitariste Satchel, musicien doué particulièrement inspiré d’Eddie Van Halen. Il en démontra l’influence lors de ce qui semblait être une reprise très personnalisée de «Eruption», solo de guitare immortalisé sur le premier album de ce groupe emblématique. Avec des chansons comme «Pussy Whiped», «Fat Girl», «Asian Hooker» ou «Eyes of a Panther», le groupe s’est bâti une clientèle montréalaise absolument fidèle. D’ailleurs, durant la soirée, les membres du groupe ont maintes fois manifesté leur étonnement face à des fans totalement dévoués et impliqués. Et c’est ce qui rendit cette soirée si special.

Au-delà de leur humour centré sur les filles, les seins et les pussies, Steel Panther est un groupe rassembleur et hors normes. Très macho et provocateur, il est clair qu’ils ne plaisent pas à tous les publics et avec raison, puisque que leur vision de la femme est assez grossière et abusive. Néanmoins, Montréal s’était préparé à la venue de ses enfants terribles du Glam moderne. Les fans en ont eu pour leur argent et la formation grandement satisfaite du déroulement de la soirée s’est particulièrement donnée pour rendre l’occasion unique. Et que dire de l’ambiance du Métropolis, très intime où le son voyage sainement et où l’on peut entendre les performances sans se soucier d’un écho indésiré. Montréal est reconnue pour son public généreux, et maintes fois, j’ai été témoin de cet amour pour les artistes en concert. Mais rarement ai-je vu une adoration de la sorte, inconditionnelle et quasi fanatique. Montréal, capitale Glam 2015 ?

Texte: Alexandra Perazzelli