Le discours dominant penche vers le pessimisme. Ça fait partie des mœurs de ne plus croire, ne de plus avoir d’espoir. On nous répète, autant sur scène que derrière la scène, que le milieu de la musique tombe en lambeaux, que le milieu des festivals est surchargé, que le public est apathique. C’est en jouant sur ce principe, en voulant démontrer que tous se trompaient, que fut mis sur pied ce nouveau festival, en plein hiver, encore pire, à peine deux petites semaines après la folie des fêtes de Noël, en plein cœur de la saison des gastros et des grippes-d’hommes. Le pari qui s’annonçait plus que risqué, au contraire est venu trouver la brèche où résident les lueurs, pour mieux s’y implanter.

La deuxième soirée du festival proposait un événement qui sans trop exagérer pourrait être considéré comme grandiose, ou du moins mémorable. Les géants du post-metal local, Milanku devait s’associer au groupe post-rock de l’heure Appalaches, et de ce qui fut une découverte pour tous, Bhatt. Le groupe de Québec, encore très peu connu dans la métropole est venu ouvrir la soirée avec une performance des plus intenses. Sombre et criard, Bhatt possède une lourdeur qui lui est propre soutenue par un duo de chanteurs avec des voix complètement différentes, mais absolument compatibles.

C’est sous la forme d’un quatuor qu’Appalaches s’est présenté sur scène devant une salle qui commençait à sérieusement bien se remplir. Le groupe n’a interprété que trois pièces, mais non les moindres. Alliant avec brio les moments ambiants et ceux plus agressifs pour former de longs morceaux complexes, profonds et texturés racontant des histoires sans paroles, mais toujours intelligibles. Le troisième album du groupe serait en chantier et annonce déjà une maturité qui pourrait faire d’eux un groupe international.

Le clou de la soirée fut tapé avec agressivité par le quintette post-moderne Milanku. Du haut de son nom — faisant référence à l’auteur Tchèque Milan Kundera — le groupe post-metal propose depuis le début de sa carrière une musique infiniment sombre aux accents dénonciateurs, plongées dans les méandres sociétaux modernes d’angoisse et de laxisme. Autant capable de douceur que de lourdeur, nous avons devant les yeux un groupe infiniment complet et d’autant plus brillant.

Y aurait-il encore un peu d’espoir?