Le groupe de Suisse Romande Almøst Human nous a présenté son premier album tout récemment. Loin d’être un groupe de métal qui ne se soucie de scander des bêtises sous une avalanche de notes, Almøst Human propose un Heavy Metal bien pensé et réfléchi. On nous sert une musique qui s’inspire tantôt de musique industrielle à la Nine Inch Nails, tantôt à du Tool, en passant par une certaine théâtralité qui rappelle le Dream Theater des belles années. S’appuyant sur une base philosophique s’inspirant sur la création et la production socio-historique de notre être, les paroles de l’album doivent être prises en compte dans l’appréciation de l’œuvre. Il aurait d’ailleurs été facile pour eux de tomber dans la philosophie de pharmacie et le mélodramatique, mais il est clair à la lecture des textes que Ben Plüss, le chanteur du groupe ne prend pas son rôle pour acquis. L’album ouvre d’ailleurs sur une des pièces les plus fortes du groupe: «System of Belief». Les paroles encapsulent parfaitement l’idéologie et la philosophie proposée par le groupe. Plüss aborde la question de la liberté de choix et du contrôle lorsqu’il scande:
«Hello and Welcome to my World, Dreaming the Perfect Life, I Dig my Own, Hole to Frustration, my Quest in Vain for all Control»
Le reste de la pièce suit les mêmes lignes en soulignant l’hypocrisie et la futilité de l’illusion de contrôle et surtout du contrôle que notre système de croyances opère sur nous.
La deuxième pièce de l’album: «Warpigs», suit les mêmes lignes en critiquant l’hypocrisie encore du système de guerre qui se cache derrière un idéologisme glorieux désuet et qui n’est en fait qu’un outil d’assujettissement des masses au profit des milliardaires qui ne cherchent qu’à récolter les ressources pour lesquelles des milliers de personnes sont mortes.
L’album au complet suit ces lignes directrices et le fait majoritairement très bien. Il n’y a vraiment qu’une pièce qui ne réussit à créer le même type d’image que le reste de l’album réussit à faire et c’est «Beloved Pet». Bien que l’allusion entre l’animal de compagnie et la population qui ne survie qu’au sein de l’élite est assez simple à comprendre, on dirait que la plume de Plüss a manqué d’inspiration. Le refrain n’est pas aussi accrocheur et lorsqu’il scande «By the Hand that Feeds», quatre fois de suite avant le premier refrain, on sent qu’il cherche à mitrailler un message qui n’est pas si difficile à comprendre. La 12e pièce de l’album, «In the Name(s) of God(s)» qui s’attaque elle au dogme religieux, s’embourbe un peu aussi dans les répétitions excessives durant le refrain, mais ce n’est vraiment qu’un détail qui n’affecte aucunement le plaisir de l’écoute.
Maintenant pour une analyse musicale plus concrète, l’album bénéficie d’une excellente production, gracieuseté de Chris Matthey, l’ancien guitariste du groupe. Démontrant une maîtrise technique de leurs instruments et sans tomber dans les pièges de la virtuosité excessive, chaque pièce de l’album se retrouve à être aussi puissante que la dernière. La précision du jeu et des interactions entre la batterie et les instruments fait que l’album, malgré le fait qu’il compte 14 chansons, reste très dynamique. Je souligne la qualité de «System of Beliefs», «Warpigs» et de «Divine Comedy» au niveau instrumental en particulier, ce sont ces pièces, qui après quelques écoutes successives en viennent à mieux définir la couleur de l’album.
Il faut comprendre par contre qu’un album de 14 pièces est un gros morceau à attaquer. Avec la qualité des paroles et de la musique, ce ne serait pas lui rendre justice de le faire jouer en musique de fond. C’est un album qui mérite d’être écouté! C’est là toutefois son plus gros bémol; une écoute prolongée de l’album laisse paraître ses quelques lacunes. La première est le son de la batterie, qui bien que super efficace et puissant en tant que tel, fini par sonner trop large (ou muddy en anglais). Je m’explique: on entend beaucoup de travail de production sur le son de la batterie qui lui donne beaucoup de corps. Par contre, il a le même son tout au long de l’album, ce qui cause une petite redondance et surtout il englobe parfois le jeu de guitare et de basse. Dans certains moments parlés, on perd même la clarté de la voix au profit de la batterie. Un autre problème à soulever est ce que l’on appelle en anglais le pacing. Si l’on tente d’écouter attentivement l’album d’un bout à l’autre, on ressent qu’il commence à s’essouffler en deuxième moitié. Si on veut éviter la redondance, il vaut mieux écouter les 5 premières chansons (la 5e est une petite pièce instrumentale qui sépare bien l’album en deux) et de considérer les 9 pistes suivantes comme un second bloc à consommer. Cela nous permet de mieux apprécier la qualité de la musique.
Donc ce que l’on aime:
- La qualité des textes et de la musique
- Le travail de production
- Les influences stylistiques uniques qui donnent une couleur intéressante à l’album
Ce que l’on aime moins
- Le pacing
- Les analogies parfois forcées
- La longueur de l’album
À défaut de donner une note à l’album, je le suggère à tous les amateurs qui recherchent un peu de substance à leur musique et qui préfèrent une écoute active qu’à une écoute passive.
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