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Mon problème avec New Found Glory
Récemment, j’ai eu à écouter le dernier «opus» de New Found Glory» (qui ne sera jamais reconnu comme un pilier de la scène punk sous aucun prétexte), From the Screen to the Stereo Vol. 3, une collection des sept chansons tirées de films à succès. On y compte entre autre « cups » du film Pitch Perfect, « Let it Go » de Frozen et « The Power of Love » du film Back to the Future. Premièrement, aucune de ces chansons n’avait besoin d’une révision punk, en particulier «The Power of Love» qui est parfait dans l’état où elle était. Deuxièmement, après une écoute étonnamment attentive de l’album, j’en suis venu à me questionner sur sa raison d’être. Je m’explique: Enregistrer de la musique est un outil indispensable pour tout musicien de se faire entendre au-delà des limites du spectacle. L’acte de se procurer un album est lourd de sens autant pour l’individu que pour celui qui a enregistré la musique. D’un côté cela permet (dans le cas d’artistes locaux) de valider et d’encourager la création et la scène musicale en plus d’activement participer au développement d’une identité sociale pour l’acheteur. Et d’un autre côté, pour les artistes, c’est une validation artistique, un support financier (aussi peu soit-il) et la manière la plus efficace d’étendre son empreinte culturelle et d’agrandir son influence au-delà des limites géographiques liées à la performance.
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Connaître son public
Donc pour revenir à nos moutons, que faire avec le gros tas de covers que New Found Glory nous a laissé. NFG (pour les intimes) existe depuis 1997 et a surfé sur la vague pop-punk lancée par les Green Day et Blink 182. Avec la sortie de son deuxième album éponyme en 2000, le groupe a gagné incroyablement en popularité, non sans l’aide des films American Pie 2, American Pie 3 (American Wedding) qui ont marqué et défini l’univers des comédies grivoises du début du dernier siècle. Comme tout groupe populaire, la fibre créative et le succès varient avec le temps. L’intérêt pour le projet diminue et force le groupe à se recycler et/ou évoluer. Vient aussi un temps où la popularité stagne et le groupe doit reconnaître ses forces, ses faiblesses et surtout son public. Il fait des plus petites tournées, il joue dans des salles moins spacieuses, mais en même temps, il peut développer une relation plus intime avec son public. Dans une discussion que j’ai eue avec Anders Lee du groupe In Flames qui roule d’ailleurs sa bosse depuis le début des années 1990 et qui s’est retrouvé devant le même dilemme que NFG. Durant notre entretien, il a souligné l’importance de son public fidèle et du besoin d’être authentique dans sa production de nouvelle musique. Bien qu’il affirme ne pas nécessairement penser à son public lorsqu’il écrit de la musique, tout porte à croire que la ligne directrice du groupe et la similarité des albums produits par le groupe dans les 20 dernières années est maintenue entre autre pour ne pas aliéner le public fidèle du groupe.
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Les groupes de covers
Donc si enregistrer de la nouvelle musique sert plus à maintenir un intérêt et une présence soutenue du groupe pour son public, à quoi sert un album de reprises de films populaires pour un groupe de pop-punk dont le public doit osciller entre la mi-vingtaine et la mi-trentaine. Ceci m’emmène à parler des groupes de covers. Je ne parle pas des groupes de bars et d’événements corporatifs qui gagnent durement leur vie, mais plus des groupes qui enregistrent la musique des autres continuellement. Je vais prendre l’exemple de trois groupes différents qui se démarquent pour leur approche face aux covers: Me First and the Gimme Gimmes, NFG, Joe Cocker. Ce ne sont pas trois exemples parfaits, mais ils servent à ma cause (sentez-vous libre de vous plaindre en ligne). Donc le premier est un «Super Groupe» auquel participe Fat Mike du groupe NOFX. L’essence du groupe est celle de la fête. Il ne se prend pas au sérieux et on dénote l’humour comme sous-texte à la majorité des enregistrements. C’est un groupe qui semble s’amuser avec la musique qu’il enregistre et qui ne se soucie vraiment pas de briller par son intégrité. Le cas de Joe Cocker est différent en ce qu’il est un pur interprète et non un auteur-compositeur-interprète (un autre bon exemple serait Céline Dion, mais elle sollicite des auteurs pour lui envoyer des chansons plutôt que de jouer des covers). Suffit d’avoir un iota de culture générale et d’intérêt pour l’histoire du rock pour connaître sa version de la pièce «With a little Help From my Friends» des Beatles. Cette interprétation qui a lancé une carrière de près de trente ans est un exemple parfait du pouvoir d’un cover lorsqu’il est sert de conduit à une nouvelle manifestation. Ce n’est plus la même chanson, la même énergie et le même message, parce qu’il se l’est appropriée, c’est maintenant SA chanson. La viens le cas de NFG: pour vous épargner une écoute inutile, on ne sent jamais la même irrévérence que chez Me First and the Gimme Gimmes et surtout pas la même fibre créatrice que chez Joe Cocker. Ce que l’on entend est un assemblage disparate de pièces jouées à la punk: plus vites et plus agressives. Le groupe prend clairement le projet au sérieux et ça s’entend (et c’est justement là le problème. Il se prend trop au sérieux) pourquoi dédier trop d’énergie pour enregistrer un album sur lequel le groupe ne détient aucun droit des pièces et surtout qui ne sert à rien.
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Un album qui ne sert à rien!
L’album ne sert à rien parce que le public cible n’a rien à gagner à l’écouter et surtout je ne peux pas comprendre en quoi l’album est un bon conduit pour toucher et initier un nouveau public. Quels adolescent et jeune adulte va écouter un album de pièces de films pour jeunes joués par un groupe de gars dans leur trentaine avancée et se dire: «J’ai vraiment le goût d’aller les voir jouer en shows» ou «Je me demande comment ils sonnaient en 2000». J’ai donc pris 1000 mots pour dire que cet album ne sert à rien et ne devrait être écouté par personne! Mais je n’ai pas fini, parce que j’ai aussi écouté cette semaine le dernier album de Jimmy Eat World. Groupe punk emo qui roule sa bosse depuis la première moitié des années 1990 a surfé sur la même vague que NFG. Son succès monstre «The Middle» est un immanquable si on s’intéresse à la vague de pop-punk et skate-punk du début des années 2000. À l’instar de NFG, JEW (pas une anagramme que je vais réutiliser!) roule sa bosse depuis 25 ans et continue de jouer et d’enregistrer régulièrement. Si il a eu plus de succès que NFG, il serait difficile de trouver quelqu’un dans la rue qui pourrait nommer une autre des chansons du groupe. Par contre, où il se démarque est dans la maturité de son son et de l’évolution de la musique. Bien qu’il soit loin derrière son peak créatif, Jimmy (de son prénom) nous offre, avec Surviving, un album qui synthétise bien les forces du groupe, sans toutefois tomber dans le pastiche simple. C’est un album mature (un terme gentil pour dire PLATE mais bien fait) qui joue dans les cordes de son public, tout en étant très écoutable et jouable à la radio. Les nouvelles pièces s’introduisent facilement dans l’ensemble de l’œuvre du groupe et on reconnaît immédiatement les signes caractéristiques qui ont fait de Jimmy Eat World un des plus gros groupes de la scène pop-punk au début des années 2000.
Donc on se quitte avec une question: quand dans la vie d’un groupe devrait-on se demander si ça vaut la peine d’arrêter d’enregistrer et de se concentrer sur la route? J’ai joué 10 ans dans un groupe punk et on n’a jamais sorti un album et incidemment, je n’ai jamais eu à me poser cette question. Être en studio et enregistrer de la musique est un moment excitant et très difficile à accomplir. Par contre ce qui est certain c’est qu’on ne peut qu’être incroyablement fier lorsqu’on écoute ce qu’on vient d’enregistrer et que ça sonne comme une tonne de brique comme on dit. Je ne doute pas que les gars de NFG comme ceux de Jimmy Eat World ont ressenti la même fierté face à leur album, c’est juste désolant que l’effort de NFG semble s’être perdu dans un projet qui n’avait aucune chance de succès à la base.