Le retour de Mathieu Bérubé survient juste à temps cet automne, comme une chaude brise soufflant la venue de « Coucou », son troisième album. Se dévoilant plus léché et sensuel que jamais, on saisit que l’époque folk brumeuse « Saudade », son premier sorti en 2016, semble bien derrière lui. Toutefois, sa personnalité artistique s’aiguise sur ce nouveau disque, elle se distancie peu à peu du chansonnier à la guitare acoustique. Les extraits « Minute » et « Fettuccine », lancés l’été dernier, témoignent curieusement de cette différente avenue empruntée par l’auteur-compositeur-interprète.
Dès les premières minutes, la table est mise et voilà, on se laisse emporter par les rythmes séduisants de « Coucou ». Habillées de sons légèrement plus électros et d’arrangements plus sobres, moins orchestraux que « Roman-savon », son précédent opus de 2019, les chansons s’ornent d’une poésie toujours aussi littéraire. Bérubé maîtrise le lexique de ses thématiques pour y broder allitérations et rimes de façon astucieuse. De même, ce dernier touche à plusieurs instruments, tels que le piano, les synthétiseurs et la guitare classique. L’Eustachois d’origine partage la réalisation avec Jesse Mac Cormack et confie le mixage au réputé Philippe Brault. On sent des inspirations de Serge Gainsbourg et de Jean-Pierre Ferland, entre autres. Il suffit d’entendre la pièce-titre pour y déceler la comparaison, notamment par son allure suave.
Dès que nous atterrissons à « Moscou », il va s’en dire qu’on assiste au moment le plus expérimental de l’œuvre, le meilleur même. La basse prononcée et les diverses percussions mises de l’avant, puis par l’envolée de l’orgue lors du pont musical, offrent un tempo assez tribal, presque psychédélique. Suivi par « Joséphine », l’ambiance de celle-ci se caractérise au style Chanson française, mais qui portée par la rythmique de la guitare électrique, ajoute un soupçon de Funk. On se délecte de l’exquis solo de trompette, teinte jazzée qui s’agence parfaitement à cette piste.
Doté d’une voix au timbre à la fois triste et cajoleur, parfois nasillard, il y a un certain aspect crooner chez Bérubé qui séduit, perceptible avec la langoureuse « Tennis ». On y entend des échos de Rufus Wainwright. Les arrangements de cuivre (trompette, cor et trombone), confectionnés et interprétés par Jérôme Dupuis-Cloutier, accentuent la morosité des paroles et du chant. Une chanson apportant la touche sensible et orchestrale, idéal pour clore ces trente-cinq minutes de musique.
L’expérience envoûtante de « Coucou » peut allumer une lascivité désarmante à qui s’y prête l’oreille. Un nouveau chapitre discographique ravissant qui s’harmonise aux nuits particulièrement trop courtes.
4/5