Dévoilé par le magnifique et sous-estimé « Cimetière d’avions » en 2016, suivi par le remarquable homonyme en 2019, Antoine Lachance s’est établi en solo après plusieurs années au sein de la formation On a créé un monstre. L’auteur-compositeur-interprète nous convie au « Ciné-parc fantôme », son troisième album, stylisé par une pop intelligente et texturée. Selon les dires de l’artiste, le titre réfère au ciné-parc de son enfance, lieu d’inspiration pour son projet après la découverte de ses vestiges en marchant dans le boisé derrière sa maison. Déjà, les deux extraits parus l’été dernier témoignent d’un avant-goût prometteur: Le vers d’oreille sur l’amour impossible « Belle Élodie » ou bien « La porte de l’hôpital », sombre et évocatrice sur la maladie mentale.

Ce troisième opus dresse un portrait imagé, pragmatique et sensible. Le tout conjugué à des mélodies captivantes et bien ficelées, procédés reconnus chez le Sorelois d’origine. Enregistré et mixé dans son nouveau studio, La grosse maison rose, Antoine Lachance assure lui-même la réalisation, la direction artistique, la prise de son, les arrangements, en plus de jouer plusieurs instruments (dont les guitares, pianos, claviers et synthétiseurs, harmonicas, etc.). Ce dernier s’accompagne de plusieurs musiciens dont l’apport se ressent avec « Premier juillet ». Cette chanson s’apparente à un style Rock & roll quasi Motown à saveur contemporaine, dont la sonorité et la métrique de la batterie rappellent ce style mythique. De plus, ses accords de piano et l’harmonie vocale des choristes, accolés aux synthétiseurs, appuient davantage cette comparaison. Prévoyez un petit déhanchement.

Pour « Mal d’amour », on retrouve le côté Indie toujours présent chez Lachance. L’ambiance brumeuse et passionnelle nous touche grâce aux chœurs dans les refrains et la progression de la chanson et puis par l’émotion des propos. Texte exceptionnellement signé en entier par François Larivière, un complice de longue date. Avec la pièce Dream pop « Le jusant » on profite d’une vulnérabilité brute, où la montée de l’instrumentation épurée voyage vers une finale orchestrale, gracieuseté des arrangements de trombone qui ajoute du tonus.
L’album se conclut avec la reprise « Les belles années », succès de 1990 du célèbre groupe Vilain Pingouin. Une version réinventée et planante qui suggère une lecture plus nostalgique, voire plus introspective et morose que l’originale.

Avec « Ciné-parc fantôme », Antoine Lachance continue de complaire avec ses chansons accrocheuses, émotives et lucides ; tout sauf anodines. En plus de ses contributions derrière la scène, avec notamment la réalisation du dernier album d’Anthony Roussel ou bien celui d’Andréanne A. Malette, le guitariste émérite demeure un artiste complet. Un joyau de la chanson pop québécoise actuelle, rien de moins.

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https://antoinelachance.bandcamp.com/

4.5/5