La Sala Rossa accueillait mardi dernier une soirée haute en couleur mettant en vedette Rangers, Feels Like Home, Wage War, Oceans Ate Alaska et Chelsea Grin. Ces derniers venaient performer leur album fétiche «Desolation Of Eden» dans son intégralité pour les fans endurcis de la métropole. Le groupe s’est taillé une place parmi les plus lourds et les plus populaires de la dernière décennie.

Avant que Chelsea Grin ne brûle les planches, Rangers ont la tâche de lancer les hostilités. Groupe avec lequel j’ai déjà performé, je sais qu’ils sont capables de livrer la marchandise. Les gars présentent d’ailleurs un nouveau membre du groupe, œuvrant derrière un ordinateur, assurant multiples samples et appuyant Édouard le chanteur avec la voix claire. Je découvre avec stupeur que la scène est saturée par une énorme quantité d’équipement. Les Rangers, relativement stoïques dû à l’espace limité sur scène, livrent une performance honnête et solide, toutefois alourdie par une foule amorphe. Néanmoins, une belle énergie les allume et ils n’ont pas fini de faire parler d’eux, travaillant en ce moment sur leur nouvel album.

Feels Like Home est vraisemblablement très attendu, attirant une horde de fans vers l’avant de la scène. Formation originaire de la ville de Québec avec qui j’ai eu la chance de partager la scène à plusieurs reprises, je suis toujours ravi de les voir performer. Encore une fois, ils sont fidèles à eux-­mêmes avec leur metalcore se rapprochant de groupes comme August Burns Red, Texas In July, etc. La foule s’active enfin sous le son habile des guitaristes et le jeu précis du batteur. Les musiciens ne peuvent cependant pas bouger comme ils le désireraient à cause de l’espace qui leur est disponible. Malgré tout, Feels Like Home quitte la métropole avec de multiples nouveaux fans et le sentiment du devoir accompli.

Wage War succède ensuite aux Québécois après une longue période d’installation. Sans compromis et sans pitié, la formation américaine lève le ton d’un cran et amène une fantastique intensité à la soirée. Leurs lourds breakdowns et refrains titanesques soulèvent la foule, désormais beaucoup plus dense. Les musiciens sont talentueux et affichent une bonne dose de confiance pour leur seconde apparition en sol montréalais. Le chanteur du groupe a une voix robuste et partage facilement son énergie palpable avec le public. La prestation de Wage War est toutefois courte, laissant rapidement la place à Oceans Ate Alaska, quintet provenant du Royaume­-Uni.

La performance des Anglais est très attendue par la horde de fans présents ce soir. La technicité et la justesse des musiciens du groupe m’impressionnent: Oceans Ate Alaska est en pleine possession de leurs moyens, alignant rythmes syncopés chirurgicaux et envolées mélodiques envoûtantes. Le chanteur, n’ayant l’air de rien, explose et livre des cris aigus impeccables. Il maîtrise aussi le growl et le chant clair, affichant une belle polyvalence sans pour autant négliger la qualité de chacun de ses talents. La formation est rodée au quart de tour et fait un effet bœuf. Chelsea Grin est désormais prêt à performer devant une foule déchaînée.

Les Américains entrent en trombe et déferlent sur la Sala Rossa avec leur deathcore old school comme une vague impitoyable engloutissant tout sur son passage. Alex Koehler, chanteur célèbre pour son scream poisseux et macabre, massacre la foule avec ses cris stridents. Autrefois garants de trois guitaristes, Chelsea Grin me prouve qu’ils peuvent être aussi brutaux avec seulement deux d’entre eux. Les chansons classiques de Desolation Of Eden ravissent le public et me rappellent d’excellents souvenirs de mes premiers jours d’amateur de deathcore. La formation de Koehler recrée à la perfection l’ambiance houleuse de leur album phare et embrument la Sala Rossa avec leur son monstrueux. Les fans de musique brute sont comblés, encore une fois grâce aux services d’Extensive Enterprise.

Texte et photos: Cédric Joly