14h, j’attends Roy à l’extérieur de la station Vendôme. Un soleil de plomb brûle la peau. En face de moi, un itinérant tire sur sa clope entre deux gorgés de Carnaval limette. 14h05, la bête se pointe, cheveux long, casquette de baseball, tatouages de vilain. C’est bien le gars que j’ai vu brutaliser une Strat noire dans de nombreuses vidéos dont celle de PYPY, Pagan’s Day live à l’Esco.

Prolifique comme une épidémie de variole, hyperactif comme Speedy Gonzales, membre d’un nombre record de groupes, étonnant que Roy Vucino (aussi connu sous les pseudos The Warden et Choyce) trouve le temps de donner des entrevues. Rencontre avec un guitar hero montréalais.

Est-ce que tu peux nommer tous les groupes avec lesquels tu as joué?

Je vais essayer : The Irritations, Lyle Sheraton & The Daylight Lovers, Del-Gators, Les Sexareenos avec Mark Sultan, j’ai aussi joué sur ses albums solo, les Enfants Sauvages, Honey & Lies, Luxury Rides, Birds Of Paradise, Vomit Squad, PYPY, Cheating Hearts, Red Mass, CPC Gangbangs, un projet death metal Bestalita, Brakhage, Ice Dream Cone, Night Seeker qui est un genre de Spinal Tap avec Paul Spence, en personnage de Deaner des films Fubar… C’est à peu près ça!

Est-ce que tu joues dans Fubar?

Non, mais je fais la musique du 2ième film. On tourne encore avec les Night Seeker, surtout dans l’ouest du Canada. Encore aujourd’hui après les shows, ça arrive que les gens pensent que Deaner n’est pas un personnage, ils pensent que c’est vrai! Ça ajoute une dimension surréelle!

Jack White a parlé en bien d’un de tes groupes…

Il venait voir les spectacles des Sexareenos à l’époque. Il aimait bien le band. C’est pour ça qu’il a parlé de nous quand il est venu à Montréal.

Comment as-tu commencé à jouer de la musique?

Quand j’étais jeune, il y avait un piano à la maison. J’ai commencé avec ça. Ensuite, j’ai eu des cours de  xylophone et j’ai appris à lire la musique. Plus tard, mon père m’a initié à la guitare. J’ai pris des cours classiques pour améliorer mon doigté. Quand j’ai commencé dans le punk, j’ai laissé la guitare de côté pour jouer de la basse, avec The Irritations entre autres. Quand on a formé Les Sexareenos avec Mark Sultan (BBQ) et Danny Marks (Colonel Lingus), deux anciens Spaceshits, on a changé d’instruments et je suis retourné à la guitare. Annie Laurin s’est ajoutée au Farfisa. Pour la musique de Fubar, j’ai renoué avec mes racines métal.

Comment c’est arrivé avec PYPY?

À l’époque des CPC Gangbangs, on partageait un local de pratique avec les Duchess Says. PYPY, c’est le fruit des jams entre les deux groupes. Il y avait aussi des trucs montés avec Simon et Philippe des Duchess pour la trame sonore de Fubar II, des idées pour le film qui n’ont  pas passées la cut, on les a récupérées. Ensuite, avec Annie-Claude, qui chante sur l’album et qui est aussi la voix des Duchess, on a fait le montage. C’est un side-project qui a pris beaucoup d’ampleur. Au départ, on improvisait, on voulait surtout jammer pour le fun et ensuite retourner à nos projets respectifs (Red Mass dans mon cas).

Et pour le disque?
On a voulu archiver notre travail sur disque, pour l’enregistrement, c’est une coproduction des labels Slovenly et Black Gladiators. On a enregistré live en studio pour avoir une approche plus spontanée, en une ou deux prises pour chaque pièce. Le premier mix était un peu trop psychédélique alors on a coupé certains passages pour arriver au résultat final. On voulait quelque chose de plus cru, à la Stooges. L’album a été enregistré par Jean-Michel Coutu (Il Danse Avec Les Genoux).

Le disque connait un bon succès?
Oui. En plus la réaction de la presse est bonne, même avec  Pitchfork et le NME. La première édition est sold out. La pièce Molly passe à CHOM.

Ton historique musical?

Les premiers disques que j’ai écoutés sont ceux de mon père. Du classique rock comme Led Zeppelin et Janis Joplin. Il écoutait aussi beaucoup de vieux soul : James Brown, Sam & Dave, Otis Redding, qui est de tous les temps mon chanteur préféré. C’est la musique qui jouait à la maison. Les premiers albums que j’ai achetés avec mon argent sont les Velvet Underground, Joy Division, Dead Kennedy’s et les Sex Pistols, en cassettes! Ensuite, le grand frère d’une amie m’a initié aux trucs plus métal comme D.R.I. Le gars le plus cool au monde pour moi à cette époque! J’ai aussi découvert beaucoup de groupes en écoutant des émissions de radio comme Brave New-Waves. J’étais fan! J’enregistrais les émissions pour trouver les noms de groupes. Grâce à la radio, je me suis aussi intéressé à l’avant-garde New-Yorkais comme John Zorn, Zeena Parkins…Des trucs un peu étranges pour un ado de Chateauguay.

Il t’arrive de te transformer en torche humaine…

Oui, par contre il faut le faire en fin de show car la transpiration aide à ne pas trop brûler. Je dois acheter un veston qui ne va pas bruler trop rapidement et du combustible à fondue liquide. Une fois en tournée, Paul Spence a décidé d’essayer à son tour. On était pas mal petés. Il portait une petite chemise en polyester. Il a commencé à brûler, la chemise commençait à lui coller sur la peau et on n’arrivait pas à l’éteindre. Il se roulait par terre en panique. Je me suis dit « shit!, mon ami est en train de brûler ». On a fini par l’éteindre avec de la bière et de l’eau que les spectateurs lui lançaient. Je le fais encore des fois mais c’est plus rare!

Entrevue : Fred Lareau