Le Daily-Rock Québec était de passage au Heavy Montréal les 28 et 29 juillet et nous en avons profité pour nous entretenir avec Sébastien Croteau, de la formation Necrotic Mutation. Il nous parle de la réunion de son groupe, de la sortie d’un prochain disque, de l’inclusion d’une catégorie métal à l’ADISQ, ainsi que de documentaires à venir.

Daily-Rock: Merci d’accorder une entrevue au Daily-Rock, ça fait très plaisir.

Sébastien: Ça me fait plaisir aussi.

 

Daily-Rock: La première chose que j’ai remarquée en me levant ce matin c’est que Necrotic Mutation était dans Le Devoir et on y parlait de votre retour. J’ai aussi beaucoup entendu parler de toi cette année dans les médias, tu as participé à la pièce Jean Dit d’Olivier Choinière, et de ce que j’ai lu, c’est ce qui a provoqué la réunion de Necrotic Mutation. Je sais que vous allez jouer avec les deux line-up que vous avez eus dans le passé. Parle-moi un peu du retour, comment est-ce que ça s’est fait?

Sébastien: Quand j’ai été contacté pour faire la pièce de théâtre, je savais que j’allais devoir faire une remise en forme quand même intense, parce que même si je fais des voix de monstres dans les jeux vidéo, ça n’est pas aussi demandant que de faire de la scène. C’est lorsqu’on a commencé à pratiquer avec le groupe qui a été mis en place pour la pièce que ça m’a vraiment redonné le goût de faire du death métal. Puis, je me suis dit que nos vieux albums, nos vieux démos, avec la technologie qu’on a aujourd’hui, on serait capable de les dépoussiérer un peu puis de faire en sorte que ça sonne mieux. L’importance du retour pour moi c’est un devoir de mémoire; de m’assurer que les gens n’oublient pas ce qui s’est fait, pas juste pour Necrotic, mais aussi pour les vieux groupes de musique métal et death métal au Québec. Je parle de la fin des années 80 et les années 90. Moi j’ai été chanceux, j’ai pu garder toutes nos archives ou presque, c’est pour ça que le travail a quand même été facile, celui de retrouver toutes les bandes sonores, les faire remastériser et de retrouver les affiches de spectacle.

 

Daily-Rock: Tu avais tout gardé ça chez toi?

Sébastien: Oui exactement, donc ça a été tout un travail d’archivage. Puis j’ai été faire le dépôt des affiches à la Bibliothèque et Archives Nationale, afin que si quelqu’un s’intéresse au death métal dans 50 ou 75 ans, il puisse avoir des archives qui ont de l’allure. Donc c’est ça, tout est parti de la pièce. À force de pratiquer, je me suis qu’on allait refaire l’album, et après ça quelqu’un m’a approché et ma dit «hey, les vinyles, ça marche asteure», parce que dans les années 1990, ce n’était pas la grosse affaire pour le métal. J’ai donc dit okay, on va faire des vinyles. Ensuite, ça a été le travail du site internet et des chandails. Après, ça a été de convaincre les musiciens. Pour ceux avec qui j’ai fait le spectacle pour les 25 ans du métal au Québec en 2007, c’est des gens qui sont restés actifs; Éric Jarrin dans Despised Icon, René Lacharité qui joue dans Heaven’s Cry, Steeve Poirier avec son groupe de musique à Châteauguay. Pour l’autre génération d’avant, ça a été plus complexe, parce qu’on parle de personnes que ça fait 20-21 ans qui n’ont pas joué du death métal… et ce n’est pas de la petite musique pop, une petite partie de plaisir. C’est quand même assez intense musicalement. Je pense que ce qui les a convaincus, c’est quand le CD est sorti. Quand ils ont vu tout le travail qui avait été fait, je pense que c’est là qu’ils ont repris le goût à tout ça et qu’on a recommencé à jouer. Ça fait six mois qu’on pratique pour le spectacle du Heavy Montréal.

 

Daily-Rock: Donc ça l’a été d’abord Jean Dit, ensuite la compilation, et ensuite tu as convaincu les gens de performer à nouveau?

Sébastien: Oui, et c’est vraiment venue dans cet ordre-là en fait parce que le CD est sorti au mois de février, et je pense que les pourparlers pour le Heavy Montréal ont eu lieu en mars, quelque chose comme ça. Moi j’essayais de pousser, parce que Éric de Despised Icon connaît beaucoup de gens… j’en avais parlé après le lancement, et c’est lui qui a approché les gens d’Evenko. Mais après ça, il a fallu que je parle à tous les membres pour leur dire regarder, on aurait cette occasion de spectacle là. Et il ne s’agissait pas de revenir jouer [dans les bars], j’adore le bar Piranha ou d’autres bars comme ça, c’est excellent, mais je voulais qu’on revienne avec un bang, et le fait de pouvoir jouer au Heavy Montréal c’est revenir avec un bang. Toute l’organisation, la publicité, les moyens sonores…

 

Daily-Rock: C’est le plus gros festival métal qu’on a au Québec, donc c’est revenir avec un bang, certainement!

Sébastien: Donc il s’agissait de revenir comme ça. On parle de jouer des chansons qui ont 20 ans, 26 ans, mais c’est ce qui est drôle, parce qu’en les jouant je n’ai pas l’impression que ça fait aussi longtemps. On dirait que le temps s’est arrêté; même si on a vieilli, la musique nous rappelle ce que c’était, et l’espèce de camaraderie qu’il y avait est revenue comme ça. Le défi, c’est que j’avais deux époques qui ne s’étaient jamais rencontrées.

Daily-Rock: Ah non?
Sébastien: Non. Parce qu’après que certains musiciens soient partis, j’ai continué Necrotic avec d’autres musiciens, et à l’époque il n’y avait pas les médias sociaux et tout le kit.

 

Daily-Rock: Ça semble une éternité, mais c’était il y a quand même pas si longtemps.

Sébastien: Exactement. Donc j’étais un peu stressé. J’avais l’impression comme d’être un fils qui invite ses parents divorcés à se rencontrer, puis tu espères que ça va bien aller. Et ce qui est le fun, c’est qu’il y a une belle complicité qui s’est bâtie entre les anciens membres et les nouveaux. On a été capable de prendre une photo de toutes les époques, je trouve ça extraordinaire! Cette photo-là, après le Heavy Montréal, je vais la faire sortir et la faire laminer, parce que ça représente un mariage d’époques différentes. Le plaisir, c’est que je passe l’un des plus beaux étés de ma vie présentement, à pratiquer et à revoir des amis que ça longtemps que je n’ai pas vue. Le spectacle de demain c’est la même chose, il y a plein de monde que ça fait des années qu’on n’a pas vue.

 

Daily-Rock: C’est vraiment une réunion.

Sébastien: Exactement. Puis on a travaillé fort, ce n’est pas comme si on s’était dit qu’on allait jouer les chansons à peu près. Non. Les souvenirs dans la tête des gens c’est comme le vin, c’est-à-dire que ça vieillit et ça s’améliore avec le temps. Quand on parle de Necrotic, on entend souvent «ah c’est une légende du death métal»… bon, je trouve ça un peu fort comme mot, mais les gens qui ont des souvenirs de l’époque, de ce qu’on faisait, c’est ça qu’ils ont à l’esprit. Quand tu reviens comme ça tu n’as pas le choix d’être meilleur, parce que si tu es en dessous de ce qu’ils se rappellent, là tu viens de fucker les 26 dernières années dans leur tête (rires). Donc il y a quand même une certaine pression qui vient avec le fait de faire le spectacle. On a été capable de le faire, mais on a eu aussi du plaisir à le faire. Même si j’ai arrêté de faire du métal pendant des années, je n’ai jamais arrêté d’en écouter, je n’ai jamais arrêté d’aimer ça. J’ai trouvé d’autres façons, avec les voix de monstres dans les jeux vidéo et tout ça, d’utiliser ma voix.

 

Daily-Rock: C’est relié, c’est sûr!

Sébastien: Exactement. Je n’ai pas arrêté, mais avec le retour du groupe j’ai vraiment repris la piqûre de faire des shows, de me détacher les cheveux, de faire des faces qui font peur au monde, de me brasser la tête, et d’être avec la famille métal.

 

Daily-Rock: Vous vous êtes préparé pendant six mois pour le spectacle qui inclue les deux line-ups qui vont jouer au Heavy Montréal demain (dimanche). What’s next?

Sébastien: En fait il y a un spectacle qui est déjà annoncé en décembre pour le lancement de B.A.R.F. On va jouer avec B.A.R.F., Cryptopsy et Insurrection le 15 décembre au National. On a d’autres dates qu’on va dévoiler dans les deux ou trois prochaines semaines. On va faire quelques dates en région, par exemple. On vient de Rimouski, ça serait dommage de ne pas emmener ce merveilleux line-up qui a vu toutes les années 90 à Rimouski. On a encore un paquet d’amis là-bas, donc c’est clair qu’on va avoir une date là-bas. Et puis, il y a un paquet de vieux enregistrements de Necrotic qui n’a jamais été sortie… On s’est occupé des années 1992-1997 avec le CD compilation, mais reste les années 1997-2000.

 

Daily-Rock: Du matériel que vous aviez produit, mais pas publié?

Sébastien: Qu’on avait publié, mais en fait il y a un paquet d’autres chansons qu’on a enregistrées, mais qui ne sont pas sorties! Donc je dirais qu’on va voir ou le vent nous mène. Il y a beaucoup de choses qu’on va annoncer dans les prochains mois. Par exemple, il y a un disque qui va sortir en novembre, pas pour Necrotic Mutation, mais qui relié à l’histoire du death métal de Rimouski. On est aussi en train de travailler sur un documentaire sur le métal dans le Bas-Saint-Laurent dans les années 1990. Un paquet de trucs comme ça. Cette année a été occupée pour moi avec Jean Dit, les jeux vidéo et le retour de Necrotic, et je pense que je vais être aussi occupé l’année prochaine.

 

Daily-Rock: C’est une bonne vague! Si tu le permets, j’aimerais qu’on revienne un peu plus à toi. Tu t’es fait un peu le porte-étendard du métal québécois avec ta lettre ouverte pour l’inclusion du métal au Gala de l’ADISQ. Je trouve que c’est louable, c’est quelque chose que j’aimerais aussi. On a une grosse scène métal au Québec, il faudrait que ça soit reconnu, qu’on sache qu’il y a une culture métal québécoise puis que la scène culturelle du Québec le reconnaisse, simplement. Donc avec ta lettre ouverte tu deviens un peu un symbole d’ouverture à ce niveau. Est-ce qu’il y aurait une prochaine étape selon toi par rapport à ça?

bastien: En fait, juste pour revenir à une partie de ta question, en 1995 Necrotic Mutation a passé à l’émission L’Enfer c’est nous autres, à Radio Canada, avec Julie Schnyder. On avait fait une chanson de Ginette Reno Je ne suis qu’une chanson, moi je ne chantais pas, c’est Julie Schnyder qui chantait à ma place, mais c’était quand même Necrotic. On a eu accès à une vitrine quand même importante à l’époque, on est le premier groupe de death métal à passer à la télévision nationale. Il y a beaucoup de gens dans le milieu qui ont la crainte que ça va dénaturer le métal si on lui donne une vitrine importante, sauf que moi je regarde ce qu’on a fait à l’époque, on a joué au Pollywog avec plein d’autres styles de musique. On a eu des vitrines quand même assez importantes. Je veux dire, ça fait 26 ans de ça et je joue encore du death métal. Ça n’a pas dénaturé ce que j’ai fait, je n’ai pas fait de compromis musicaux par rapport à ça. C’est pour ça que quand je regarde ce qui se fait ailleurs, aux États-Unis depuis 1989 il y a une catégorie métal au Grammy, au niveau canadien les Juno Awards ont une catégorie métal.

Il y a plein d’autres galas qui ont des catégories métal dans le monde. Le Québec est un endroit qui a des ambassadeurs extraordinaires du métal, pas juste ici, mais à travers le monde. Je suis sûr qu’il y a des artistes québécois qui rêveraient d’avoir des carrières aussi prolifiques que certains des groupes métal d’ici. Je pense par exemple à Despised Icon, qui fait des tournées en Australie, partout dans un paquet de pays. Il y a des artistes québécois ici qui n’arrivent même pas à faire ça, pourtant on en attend parler tous les jours à la radio. Il y a un problème, on se dit qu’il y a une surreprésentation de la culture populaire et une sous-représentation de ce qui est beaucoup plus connu. Si on regarde le Heavy Montréal, c’est 300 000 spectateurs en 10 ans. C’est énorme! C’est produit par Evenko. Est-ce que le métal a perdu son âme parce que c’est un producteur important? Non! Si on regarde les groupes qui vont jouer, on a Napalm Death et un paquet d’autres. On a souvent tendance à s’auto-exclure puis à se dire qu’il faut rester dans l’underground, qu’il faut rester pure. Mais pour moi aujourd’hui l’underground ne se définit plus de la même façon que dans les années 90.

 

Daily-Rock: Comment le définirais-tu?

Sébastien: Pour moi, ça revient à deux choses: la liberté artistique et l’indépendance. Les groupes ont accès à YouTube, Spotify, aux mêmes moyens qu’un paquet d’autres styles de musique dans l’industrie. Admettons qu’on a une catégorie métal à l’ADISQ, est-ce qu’on conserve notre liberté artistique? Oui. Est-ce qu’on conserve notre indépendance par rapport à l’industrie établie? Oui, parce qu’on est capable de tout faire par nous-mêmes maintenant. Donc si on ne perd pas notre indépendance, si on ne perd pas notre liberté artistique, qu’est-ce qu’on a à perdre? Absolument rien! C’est une vitrine pour se faire voir et se faire connaître. Ça fait longtemps que je pousse là-dessus. Avec le spectacle Jean Dit, on a joué devant des gens qui n’avaient jamais entendu de métal, puis sérieusement les gens venaient nous voir et la majorité des commentaires étaient très positifs. «Je n’aime pas le métal, mais ce que vous faites j’ai aimé ça et c’était le fun.» Et c’est là qu’on voit que ce n’est pas n’importe quoi, c’est de la musique technique. C’était drôle parce qu’à la fin, les acteurs étaient rendus à expliquer aux gens presque mieux que moi quand ils venaient leur poser des questions sur ce que je faisais. Donc je pense qu’il faut faire cet effort-là de démocratiser un peu le métal et de lui donner la visibilité qu’il mérite. Ça fait très longtemps qu’on fait ça, et que d’autres le font aussi.

Puis je me dis, l’ADISQ c’est la prochaine étape. On a une rencontre avec eux au mois de novembre, justement pour qu’il y ait enfin une catégorie métal. Je trouve ça drôle qu’on ait eu à le demander. Parce que ça fait 36 ans qu’on a du métal au Québec. Ça part de Voivod (on célébrait les 25 ans en 2007). Donc après 36 ans, il me semble qu’on est rendu ailleurs que de jouer dans les sous-sols d’églises ou dans une salle communautaire comme je faisais dans les années 1990. Maintenant, on a accès à de grosses salles de spectacles, à des festivals et tout ça, donc ça n’est plus la même chose du tout. On a des moyens qu’on n’avait pas avant. On n’avait pas internet, donc tout se faisait autrement. On écrivait nos entrevues à la main, on recevait des lettres de Russie et ça prenait trois mois avant que ça se rende en bateau. On répondait à l’entrevue puis six mois plus tard l’entrevue sortait dans un fanzine que le gars nous envoyait, et ça prenait un autre deux mois avant d’arriver ici. C’est pour ça que je dis l’underground tel qui était à l’époque. Il y avait un phénomène de rareté qui faisait en sorte que les choses étaient peut-être plus précieuses qu’aujourd’hui.

 

Daily-Rock: Et ça n’est plus le cas aujourd’hui, tout est si accessible.  

Sébastien: C’est ça. Donc le manque d’accessibilité apporte une certaine nostalgie de l’époque parce qu’on faisait les choses différemment. Mais je suis content de voir aussi aujourd’hui que les groupes ont les moyens de se faire connaître, de se diffuser et de se produire, et que dans beaucoup de cas, ils puissent jouer sur un même pied d’égalité en termes de diffusion qu’avec un paquet d’autres styles de musique. Il y a d’autres projets aussi, comme le documentaire sur les voix de monstres. Je suis tellement fière qu’on soit des chanteurs et des chanteuses de death métal à faire ça. Depuis 2005, si on compte tous les jeux qu’on a faits ensemble, c’est 75 millions de personnes à travers le monde qui ont entendu des voix death métal québécoises, sans vraiment savoir que c’est des voix death métal québécoises parce qu’on nous voit pas, on n’entend que les bruits, mais quand même. Corinne Cardinal, Jeff Mott, Marie-Hélène Landry, tous les autres chanteurs et chanteuses, ça me rend tellement fier parce qu’on a trouvé une façon d’intégrer ce qu’on fait à quelque chose d’excessivement actuel; les jeux vidéo. On n’a pas eu à dénaturer notre art, on n’a pas commencé à faire des voix de Donald Duck. On reste des voix death métal, des voix extrêmes, mais complètement dans un autre format.

 

Daily-Rock: C’est un peu à l’image de Jean Death dans Jean Dit, qui est une application du death métal dans un autre média.

Sébastien: Exactement.

 

Daily-Rock: Est-ce que tu sais déjà le nom du documentaire? Quand est-ce qu’il va sortir?    

Sébastien: En fait, c’est prévu pour l’été 2019, parce que je suis encore présentement en train d’écrire le synopsis avec les personnes avec qui je vais travailler là-dessus, et on en fait aussi un sur le métal du bas Saint-Laurent. On en fait un avec sur le métier, parce qu’après le reportage de Vice sur les voix de monstres dans les jeux vidéo, on s’est dit que ça serait peut-être intéressant d’avoir quelque chose de plus complet, pour voir vraiment comment tout se passe en studio, comment on choisit les personnages. C’est ce que je fais aussi avec la compagnie SP Signal dans le Vieux-Montréal. Je ne fais plus juste des voix, je fais aussi du casting puis de la direction de session, c’est-à-dire que c’est moi qui dirige les acteurs, et j’en fais de plus en plus. J’ai commencé à être engagé par d’autres compagnies pour faire ça. Donc on est en train de travailler là-dessus et à l’été 2019, il va y avoir le documentaire de voix de monstres qui va sortir en plus de celui sur le métal du Bas-Saint-Laurent. Comme je disais, c’est tellement important de se rappeler de cette époque-là, parce que ce qui fait qu’on a une scène métal riche aujourd’hui au Québec, c’est tous ces groupes-là qui ont défrichés, qui ont joués dans des trous de bouettes, qui ont joués devant 9-10 personnes et qui ont été chercher leur fans un à un. On n’avait pas internet pour faire de la promotion avant. Des shows avec B.A.R.F. j’en ai fait et parfois il y avait 15 personnes dans la salle. Aujourd’hui on se dit voyons, pour un show de B.A.R.F. ça ne se peut pas, mais à l’époque il y en avait de ça. Donc tous ces groupes-là qui ont travaillé à défricher les quatre coins du Québec et bien je pense que c’est important de leur rendre hommage et de s’en souvenir. Et le retour de Necrotic Mutation ça fait partie de ça.

 

Daily-Rock: Je suis bien d’accord. Je voudrais revenir un peu en arrière, tu parlais d’une rencontre en novembre, et tu disais «on» va rencontrer les gens de l’ADISQ. Qui est le «on»?

Sébastien: Quand la lettre à sortie, il y a énormément de groupes qui l’ont partagé, comme Anonymous, B.A.R.F., Beyond Creation, etc. Je ne veux pas y aller seul, parce que même si c’est moi qui ai pris la plume, je ne suis pas seul là-dedans. Je ne me suis pas encore attardé à ça parce qu’il y a eu les préparatifs pour le Heavy Montréal, mais dans mon idée on va y aller en délégation de représentant de la communauté métal pour les rencontrer, pour qu’ils puissent voir. Dans leur réponse, ils (l’ADISQ) me disait qu’ils étaient surpris, parce qu’il ne savait pas qu’il y avait un intérêt. Dans ma tête, je me demande plutôt pourquoi vous seriez surpris? Pourquoi faudrait-il le demander? L’ADISQ a une catégorie d’album de reprise. Est-ce que les gens qui fait des albums de reprises l’ont demandé? Il y a une cinquantaine de catégories; est-ce que chaque personne a dû demander sa catégorie? Je ne pense pas. Je vois ça un peu comme un manque de considération de ce qu’est le métal. Je pense aussi que, justement pour combattre les préjuger et défaire un paquet de clichés qu’on a, il faut s’intégrer. On a un effort d’intégration à faire de notre côté, mais eux aussi, et dans leur cas c’est de nous donner accès à des vitrines comme Solid Rock à l’époque. Solid Rock, quand ça passait à Musique Plus, ça n’a pas fait en sorte que le métal est devenu commercial, ça l’a donné une vitrine aux groupes métal d’un peu partout, tout simplement.

Pour moi l’ADISQ c’est ça, c’est une vitrine de plus. L’article dans Le Devoir, et bien on ne s’attend pas à voir du death métal dans Le Devoir. Mais pourquoi pas? Pourquoi pas du death métal au théâtre? On l’a fait, et ça a été hyper positif. Pourquoi pas des voix death métal dans les jeux vidéo? Pour moi «sky is the limit»! Tant qu’on reste vrai, qu’on ne dénature pas ce qu’on fait seulement pour plaire… parce qu’il y a toujours ce risque-là et c’est correct. Des groupes qui décident de faire autre chose, c’est leur liberté artistique de le faire aussi. Il y a des gens qui voient ça comme des sell-out, mais tu as le choix de faire ce que tu veux dans la vie, puis la vie est trop courte pour se faire suer avec des considérations comme ça. Moi si demain matin je veux me faire un groupe pop, avec une chanteuse japonaise, que je me mets une jupe puis que je mets à chanter death métal pendant deux ou trois minutes dans le vidéoclip, pourquoi pas? Je pense que c’est ce qui fait la beauté de la musique, c’est que ce n’est pas quelque chose qui est fermé, étanche, c’est plutôt des vases communicants qui s’influencent les uns les autres. Je pense que c’est comme ça qu’il faut voir la musique. Donc, en novembre il y aura une délégation métal. Je ne sais pas encore laquelle, mais on va s’en occuper après le Heavy Montréal. Je vais regarder ça comme il faut.

 

Daily-Rock: Tout ça, c’est super positif! Je trouve que c’est important de créer ces balises-là pour la communauté métal au Québec, mais au Canada aussi, et je suis très contente que tu aies fait ce premier pas-là pour l’ADISQ. Merci d’avoir pris de ton temps pour nous parler.

Sébastien: Ça m’a fait plaisir, merci à toi c’est très apprécier.

Daily-Rock: Bon show demain, je vais y être c’est sûr!

Entrevue effectué par Isabelle Sullivan dans le cadre du Heavy Montréal, le 28 juillet 2018.

Photos: Renaud Sake

 

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