Blackvoid : garder la foi

Juin 2015, sur les routes que nous écumons pour prêcher le hard, les Autochtones ont pour la plupart le visage morose et les idées noires. Le nouveau Muse monopolise l’attention d’un grand public qui s’abrutit au travers d’une pomme MP3 aussi épicée que les cafés qu’ils achètent volontiers plus chers que nos billets de concert.

Comme à chaque grande sortie du genre, la presse autoproclamée spécialisée crie à l’outrage, à la mort du rock. Cela ne nous fait même plus rire, pas plus en tout cas que l’album cité précédemment dont, il faut bien le dire, on se contrefiche pas mal. Plus que la soupe de stade, ces groupes que l’on croise qui tentent d’incarner des personnages qui les dépassent tendent à donner raison aux apprentis Philippe Manœuvre.

Sur une autre route, la nôtre, celle de ceux qui jouent et partagent autre chose qu’un pseudo spectacle, on croise cette poignée d’irréductibles qui résistent encore et toujours au manque de moyens, au manque de visibilité, au manque de sommeil et au manque de reconnaissance. Ceux-là ont la fraîcheur, l’audace, le talent, parfois tout à la fois.

Keep it up

À Montréal, 4 joyeux furieux creusent ce sillon à grands coups de fuzz et de percussions muy caliente. Blackvoid prouve à ceux qui pensent le contraire que le rock existe encore, sous des formes inspirées, hybrides, mais toujours alimentées par les bollocks de ceux qui les portent – les autres.

Garder la foi, le moral, c’est le message de ce premier single «keep it up» illustré par un vidéoclip aussi fun que classique, finalement. L’énergie désinvolte du groupe s’y illustre avec efficacité et le refrain rentre avec fracas dans nos oreilles ravies.

L’extrait pose les bases de l’album à venir : du groove, de l’énergie, de la wah et l’envie de mettre à l’envers le conformisme à travers une paire de ray-ban. La production limpide et aérée donne beaucoup de clarté à la force très directe de Blackvoid.

La preuve par 4

Mi-mai, le quartet a célébré à la Vitrola la sortie de ce premier single. Devant une foule éparse, mais motivée, ils se sont montrés dignes du groove fuzzy annoncé par Keep It Up. Très en maîtrise de leur son et de leur dynamique, les quatre créent un bloc où chacun occupe avec justesse sa place, tant dans le son que la présence scénique.

Le guitariste gaucher d’au moins !  huit pieds de haut percute sa strat’ à l’ancienne pendant qu’un Mexicain sur ressort lui saute au cou en jetant ses maracas. Derrière, la section rythmique distille un groove gros comme un camion. On flirte avec un Rage Against The machine flower power qui assumerait un discours plus émotionnel qu’engagé. On vient voir Blackvoid pour sauter partout et ensemble. C’est en tout cas dans cette voix qu’il nous emmène avec facilité, non sans y laisser quelques litres d’eau.

Pour annoncer la sortie de leur premier album le 20 août à la Casa Del Popolo, ils embarquent sur un Tortuga Tour, sans se presser. Si vous les ratez, c’est simple : vous êtes un gros rabat-joie.

Texte: Marien Joly

 

Sherbrooke – Shazamfest

Chicoutimi – Le Sous-Bois – 25 juillet

Mavericks – Ottawa – 1er août

Sherbrooke – Le Bonobo – 7 août

Québec – le Sous-Sol du Cercle – 15 août

Montréal – lancement d’album – 20 août