Après une pause l’an dernier, il faisait bon de retrouver notre plus gros festival métal au Québec. C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons observé le site de l’édition 2018 du Heavy Montréal bondé de festivaliers. En raison des travaux au parc Jean-Drapeau, le Heavy Montréal s’est installé temporairement sur l’île Notre-Dame. Le festival est revenu au format de quatre scènes, leurs dispositions étaient adaptées à cet environnement temporaire et s’étirait sur la longueur du site, ce qui occasionnait une bonne dose de marche pour aller d’un bout à l’autre du site. Ça rappel le site d’origine du Heavy Montréal, donc rien de choquant, mais la proximité était un avantage appréciable du site d’il y a deux ans. Il y avait de beaux ajouts cette année, comme les boutiques de vinyles, et je dois faire une mention spéciale à l’organisation pour avoir installé une Zone enfant, avec de l’herbe, des chaises, des tables et des toilettes réservées à l’usage exclusif des familles. C’est quelque chose qu’on souhaite revoir dans les prochaines éditions. Plusieurs activités étaient également disponibles en plus des performances des artistes; les combats de lutte du Heavy Mania étaient encore au rendez-vous cette année.

SAMEDI 28 JUILLET 201

BURNING THE OPPRESSOR (Isabelle)

C’est une bonne foule qui s’est présenté à la performance des gagnants du En route vers Heavy Montréal, qui avait eu l’honneur d’ouvrir les festivités à la Scène du Jardin. En ce très chaud début d’après-midi, la formation nous a servi un bon groove pesant et énergique et qui a su parfaitement nous mettre dans l’ambiance pour la journée. Kevin Bordello, qui était visiblement heureux d’être là, a même lancé des t-shirts et des CDs dans la foule durant le spectacle pour le plus grand plaisir des gens qui y étaient. Une belle découverte d’ici. 

THE BLACK DAHLIA MURDER (Isabelle)

Le Heavy c’est le temps d’être curieux et d’explorer, littéralement. Après Burning the Oppressor, j’en ai profité pour visiter le nouveau site qui s’est avéré été très grand, et je suis arrivé à temps pour voir The Black Dahlia Murder. Quand je dis voir, c’est relatif, puisqu’il y a vraiment une foule monstre pour le groupe originaire du Michigan, et j’étais un peu limité à devoir seulement apprécier le son et le mouvement de foule du haut de mon 5 pi2. Néanmoins, bien que je ne connaissais pas vraiment le groupe, j’ai trouvé que leur musique est remplie d’une belle agressivité qui avait de quoi mettre de bonne humeur.

ALESTORM (Isabelle)

Un band de fanfaron pirate avec des kilts tartan, c’est l’image d’Alestorm sur scène. Afin d’illustrer le côté ludique de leur formation, un immense canard gonflable trônait au milieu de leur scène. La foule était vraiment intense, l’énergie dégagée par la musique aidant, et à un certain moment une partie de la foule s’est assise et s’est mise à ramer.  Le côté humoristique du groupe est impossible à manquer, et sur scène la présentation des chansons était aussi comique que les chansons elles-mêmes. La formation écossaise me rappelle un peu LesTrois Accord, mais en métal à thématique pirate. Alestorm a offert de la musique d’une belle légèreté avant d’attaquer quelque chose de plus brutal.

NAPALM DEATH (Isabelle)

La formation anglaise Napalm Death était sans contredit l’une des formations les plus intenses de la fin de semaine, et ils nous ont servi plusieurs chansons de leur plus récente compilation Coded Smears and More Uncommon Slurs. Le groupe roule sa bosse depuis plus de quarante ans, donc les musiciens ne se font plus jeunes, mais le chanteur Mark Greenway était fidèle à lui-même et se remuait abondamment sur scène. Le reste de la troupe était plus figé, mais créait un mouvement de pesanteur bienvenue qui contrastait vivement avec le groupe précédent.

MARILYN MANSON (Isabelle)

Après l’annulation de dernière minute pour sa performance à Toronto, il y avait du suspense dans l’air à savoir si Marilyn Manson se produirait samedi soir ou non. Il a fait durer le doute en commençant son spectacle avec dix minutes en retard, mais son entrée sur scène a permis de clouer les mauvaises langues une fois pour toutes. La star controversée a fait le tour de ses meilleures chansons a commencé avec deux chansons telles que Tourniquet, The Beaufiful People et This is the new shit et Mobscène. Il s’est vraiment donné pendant sa performance, se tortillant par terre, c’était vraiment plaisant à voir! Il avait un petit côté diva qu’on a pu voir avec l’assistance qu’il avait pour ses changements de costumes, mais à mon avis il nous a donné un bon spectacle… jusqu’à ce que l’Apocalypse éclate dans le ciel et nous tombe sur la tête!

EMPEROR (Isabelle)

La pluie particulièrement violente qui s’est abattue sur Montréal a duré environ 25 minutes. Ce qui a coupé court à la performance de Manson et qui a malheureusement retardé de 15 minutes le début du spectacle de Emperor, que j’attendais avec beaucoup d’impatience. Cependant, la pluie a permis la création d’une atmosphère un peu glauque et particulièrement appropriée pour les légendes que sont Emperor. « Coincidence?» souligna Ihsahn, «I think not ».  S’il était connu que le groupe performerait leur album Anthems to the Welkin at Dusk, force était de constater qu’ils nous réservaient tout une expérience sur scène. Le son était excellent, la technique des musiciens parfaite, et combinée avec les conditions humides et pluvieuses, je crois, bien avoir assisté à l’une des performances les plus envoûtantes que je n’ai jamais vues. L’interprétation de The Wanderer en était selon moi le moment le plus intense, c’était si incroyablement beau! Emperor était tout ce qu’on pouvait souhaiter et plus encore. À mon avis, ils nous ont offert le meilleur show de la fin de semaine, et un des meilleurs de l’année.

UNDEROATH (Stéphanie)

Le groupe américain Underoath était de la partie samedi, après plusieurs années d’absence au Canada. C’est pour leur tournée Erase me (nommé après leur dernier album, huit ans après Disambiguation) qu’on a l’opportunité de les avoirs à Montréal. Ceux-ci se sont présentés sur scène avec des instruments assortis au vert d’Erase me.

Underoath a su mettre de l’ambiance, malgré la foule plus ou moins réceptive. Le chanteur était infatigable, tentant de son mieux de faire bouger les gens à l’arrière qui demeuraient plus stagnants. Le style différent des anciens albums comparativement au dernier se mariait bien, leurs nouvelles pièces ayant une ambiance plutôt industrielle avec beaucoup de synthétiseurs. Le chanteur gardait contact avec la foule, en s’ouvrant sur ses difficultés concernant l’anxiété, la dépression et le suicide, qui sont des thèmes abordés dans son nouvel album Erase me. Les fans ont aussi eu droit a des pièces de leurs anciens albums, dont plusieurs de They’re only chasing safety (2004) qui est personnellement mon préféré. Les plus vieilles pièces étaient bien accueillies par les plus vieux fans, qui chantaient à l’unisson. Bref, Underoath a su se renouveler après plusieurs années d’absence, tout en gardant contact avec leurs racines. Un groupe à (re) découvrir.

ROB ZOMBIE (Stéphanie)

C’est avec chance et soulagement que la pluie torrentielle qui a coupé court la prestation de Marilyn Manson a cessé et les spectacles reprirent, afin de nous permettre de voir le maître de l’horreur Rob Zombie. Le groupe était de passage à Montréal pour leur seconde tournée Twins of evil (conjointement avec Manson). Zombie est reconnu pour ses prestations théâtrales et il ne nous a pas déçus! Le groupe a joué ses classiques, sur un fond d’images de films d’horreur, de vidéos de musique et de films. Le visuel était hallucinant, avec des démons de 10 pieds de haut et une estrade en os vers la fin d’où le chanteur est perché pour chanter, enrobé d’un drapeau québécois. Nous avons également pu assister à un solo du légendaire guitariste John 5, comme est la coutume. Rob a agacé la foule, en débutant la reprise de Sweet dreams (qu’il avait joué l’avant veille à Toronto pour satisfaire les fans de l’absence de Marilyn Manson qui était malade). Pour ensuite couper court, en nous disant que nous n’avions qu’à y être! Le tout sous les huées de la foule! Il a tout de même interprété la reprise de Helter Skelter avec Marilyn Manson à ses côtés, sur un fond d’images de la Manson Family ainsi que de photos/vidéos de Charles Manson. Il a clôturé la première journée du Heavy MTL avec la chanson Dragula, qui est probablement une de ses plus populaires, sans rappel, à la déception des fans qui en réclamaient davantage. Rob Zombie est sans contredit un maître du spectacle et de la mise en scène. À voir!

DIMANCHE 29 JUILLET 2018 

ULTRA VOMIT (Isabelle)

Ma journée du dimanche a commencé un peu en retard, mais très en humour avec Ultra Vomit avec son métal parodique. Je ne les connaissais pas vraiment, cependant beaucoup de gens m’avaient vanté le groupe comme étant un incontournable, j’étais donc assez curieuse de les voir sur scène. Il n’y a pas à dire; ils ont un son accrocheur et l’interaction des membres avec la foule était absolument hilarante. J’ai craqué pour les parodies de chansons connues, en particulier Kaamthaar, qui parodie Rammstein. Un peu comme pour Alestorm la veille, j’ai trouvé la plage horaire absolument parfaite pour le type de musique, le ton léger et humoristique donnait le goût lâcher son fou.

THE AGONIST (Isabelle)

Je suis partie rapidement de Ultra Vomit pour assister au spectacle de The Agonist, et sans doute par naïveté, j’ai été surprise par l’ampleur de la foule présente, qui remplissait amplement l’espace disponible à la Scène du Jardin. J’ai donc un peu souffert de ma petitesse et j’ai seulement pu apprécier leur musique de très loin, en plus d’avoir l’occasion d’entendre l’audience chanter les refrains. On peut voir que la fanbase du groupe a grossi, et The Agonist aurait certainement pu profiter d’une plus grosse scène.

KHEMMIS (Isabelle)

Khemmis est un groupe que j’ai découvert cette année et pour lequel j’avais eu un coup de cœur alors qu’ils assuraient la première partie de Enslaved en février dernier. Leur son doom combiné à du clean vocal est à la fois lourd et rafraîchissant, et j’anticipais beaucoup leur performance qui Heavy Montréal. Ils nous ont offert une performance sobre et bien exécutée, dans laquelle il était facile de s’oublier et qui m’a semblé avoir passé à toute vitesse.

NECROTIC MUTATION (Isabelle)

Necrotic Mutation est tombé sur mon radar musical d’une façon plutôt inusité, puisque c’est après avoir vu la pièce de théâtre Jean Dit l’hiver dernier que j’ai découvert Sébastien Croteau et sa musique. La réunion du groupe au Heavy Montréal après un hiatus de plusieurs années était donc un spectacle intéressant à ne pas manquer. J’ai beaucoup aimé l’ouverture du spectacle, le chanteur Sébastien est arrivé sur scène en camisole de force, dont il s’est progressivement défait, et ça contrastait de façon intéressante avec l’immense sourire qui n’a jamais quitté les lèvres du chanteur. Le groupe nous a offert du death métal dans une bonne humeur qui était largement partagé par l’audience, et on s’entait bien le lien de proximité qui unissait le groupe à la foule. Il s’agit d’un retour très réussi pour Necrotic Mutation.

GOJIRA (Isabelle)

Un des groupes pour lequel j’étais très enthousiaste est Gojira. Je voue un véritable culte à leur dernier album Magma et j’espérais fort que le groupe français donnerait prépondérance aux chansons de cet album durant leur spectacle. Je n’ai pas été déçu! En plus de nous avoir jouer quelques-unes des meilleures pièces de leur dernier opus, dont Stranded, the Cell et The Shooting Star, ils nous ont offert une belle variété de morceaux provenant de tous leurs albums. C’était la première fois que je les voyais sur scène, et après les avoir vu performer il m’est désormais facile de comprendre leur ascension dans le mode de la musique. Comme pour Emperor la veille, le son de la Scène Apocalypse était excellent et a permis la création d’une atmosphère absolument géniale.

ASKING ALEXANDRIA (Stéphanie)

La formation anglaise Asking Alexandria était parmi nous au Heavy MTL en cette deuxième journée. La foule était monstre pour le spectacle, probablement compte tenu du retour du chanteur fondateur Danny Worsnop, après deux ans d’absence. Malgré qu’ils n’ont pas de nouvelles pièces depuis 2017, la setlist était intéressante, ceux-ci jouant des morceaux des albums précédents. Une prestation bien faite, mais sans éclat ni surprise.

HOLLYWOOD UNDEAD (Stéphanie)

Le groupe Hollywood undead a repris la scène principale, se présentant d’abord tout masqué. Le spectacle que la formation américaine offre est intéressant, car les différents membres s’échangent d’instruments dépendant des chansons jouées. Malgré le départ du batteur Da Kurlzz, le son reste inchangé et tout sonne juste. C’est un style particulier qui ne plaît pas à tous, mais même dans un festival métal, la formation sait prendre sa place et attire beaucoup de monde. Les membres dégagent une belle énergie sur scène et malgré qu’ils soient tout de même nombreux à se partager le stage, on y sent une bonne cohésion. HU fait plusieurs chansons de leur plus récent album Five (qui est le cinquième!), ainsi que plusieurs des albums précédents, donc la chanson Undead qui a contribué à leur grande popularité. Ceux-ci gâtent la foule avec des reprises de Metallica (Enter sandman) et Rammstein (Du hast), style complètement différent, mais qui fait tout de même monter d’un cran l’excitation de la foule. Un des moments forts du spectacle est lorsque Johnny 3 tears demande à un fan de monter sur scène et lui met une guitare entre les mains. Même les membres du groupe sont impressionnés lorsqu’il commence à jouer une de leur chanson, et ceux-ci lui demandent de jouer avec eux la chanson en entier!

LIMP BIZKIT (Stéphanie)

Le groupe rap-rock Limp Bizkit, remplaçant d’Avenged sevenfold termine le festival en beauté. C’est un Fred Durst vêtu de pantalons fleuris et d’un étrange chapeau de pêche qui prend place sur scène, accompagné de ses musiciens, sous les acclamations du public. Ceux-ci nous ramènent dans le temps avec leurs pièces clefs (Rollin’, My way, Nookie, Break stuff, Behind blue eyes…). Ils font également un hommage à Avenged sevenfold en performant une de leur chanson tout en souhaitant la santé à M. Shadow. Au milieu du spectacle, le groupe fait un mashup de reprises de chansons mélangées (7 nation army, Killing in the name...) ainsi qu’un solo de DJ Lethal qui joue avec ses platines. Malgré la nostalgie qui accompagne ce genre de spectacle, il y a des longueurs. Fred Durst arrête souvent ses chansons pour s’adresser à la foule, et ce, un peu trop souvent à mon goût, ce qui brise le momentum. Pour la pièce Eat you alive, le chanteur fait semblable à HU et fait monter un fan sur la scène pour chanter avec lui. Au final, c’est cet homme qui performe la pièce, Fred jouant les caméramans avec le cellulaire du fan, afin d’immortaliser ce moment exceptionnel. Somme toute, ce fût un spectacle mémorable et nous sommes chanceux de pouvoir revivre en live ces chansons qui nous ont marqués dans le passé, Limp Bizkit ayant été un groupe d’envergure en leur temps.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Heavy Montréal est revenu en force pour l’édition 2018. Nous avions droit à beaucoup de diversité cette année, et malgré l’annulation de dernière minute de la tête d’affiche Avenged Sevenfold, Evenko a su maintenir l’intérêt des festivaliers avec la formation remplaçante Limp Bizkit. Même son de cloche par rapport à l’emplacement temporaire; Evenko a su rendre le tout user et family friendly. Il y eut quelques ratés, par exemple la Zone Gold pour laquelle il n’y avait pas de kiosque de nourriture exclusif tel qu’annoncé, ou encore la musique rap entre les performances à certaines scènes. Il est également venu à nos oreilles que des groupes devaient effectuer leur soundcheck eux-mêmes à la Scène du Jardin, faisant perdre un temps précieux aux artistes. Malgré ses quelques bémols, l’édition 2018 du Heavy Montréal fût à notre avis un véritable succès, et nous espérons de tout cœur son retour en 2019 avec une édition aussi prometteuse que cette année!

Texte: Isabelle Sullivan & Stéphanie Huot