Les amateurs de décibels élevés avaient rendez-vous le jeudi 21 avril à la Place Bell pour assister au premier concert d’une tournée comprenant deux têtes-d’affiche soit Opeth et Mastodon. Les deux groupes sont d’ailleurs fréquemment de passage au Québec depuis de nombreuses années, une trentaine pour Opeth.

Depuis des lunes qu’Opeth n’insiste plus sur l’aspect métal de leurs créations, toutefois, les fans, eux, n’oublient pas qu’Opeth fut autrefois un groupe lourd. Les attentes étaient élevées et les fans misaient gros. Ils prenaient le risque d’être déçus par une performance propre et lyrique. Mais, il n’en fut rien.

Débutons par le spectacle de Mastodon qui semble à plusieurs moments surhumainement stable et précis. L‘énergie du quatuor d’Atlanta hypnotise l’auditeur dans une confusion rythmique rude et écervelée. Certaines pièces du nouvel album tombe un peu à plat, mais la tension reprend vie dès que le groupe entonne de plus anciens morceaux, comme ma préférée; The Czar. Les chansons du spectacle d’une heure et quart étaient parfois plus progressives que psychédéliques, parfois le parfait contraire, mais elles sont toujours interprétées avec intensité et une maîtrise époustouflantes.

Seul anicroche, à mon sens, et bien personnel, les projections gigantesques furent une source constante de détournement de l’attention. Les projections plus abstraites m’ont semblé très réussies alors que d’autres chansons furent imagées par des personnages en dessin-animé frôlant parfois le risible. Dans tous les cas, qu’on ait apprécié la qualité du visuel ou non, les projections étaient constantes, immenses et dérangeantes. On ne peut qu’espérer que l’avenir des spectacles d’aréna ne résident pas dans l’ajout de plus en plus d’écrans pour garder l’attention du public bien par en avant. Le résultat n’est pas celui escompté. L’art musical n’a pas besoin d’écran.

Le dernier concert d’Opeth dans la métropole auquel j’ai assisté en 2014 m’avait plutôt laissé froid. Cette fois, il n’en fut rien alors que le groupe a intégré plusieurs morceaux légendaires à leur performance afin d’offrir un spectacle bien diversifié aux nombreux fans présents. Des pièces de l’album Blackwater Park, de Delivrance et même l’une de leur plus intense Sorceress, sur l’album du même titre, furent des moments forts. Alors que plusieurs craignaient une performance fade se limitant au Rock-Progressif, la bande de Mikael Akerfeldt a quand même interprété plusieurs morceaux intenses faisant bouger le parterre et amenant son lot de body-surfing. Sa voix, toujours magnifique, a tout de même semblé fragile et limitée lors des morceaux qui nécessite plus de criage et de puissance, mais les vrais fans n’y ont vu que du feu.

Photos: Patrick Savard