Orphaned Land /Pain

Même si c’est deux formations qui n’ont pas grand-chose en commun musicalement, leur tournée qui a toute les airs d’un co-headline est une super bonne idée et réunis deux groupes originaux qui excellent dans leur genre respectif. C’est au Katacombes, la coop de la rue Saint-Laurent, que la troupe s’arrête ce soir. Comme quoi je ne suis pas le seul à trouver cette affiche intéressante, il y a longtemps que je n’ai pas l’endroit aussi rempli. On ne se déplace pas sur le parterre aisément et le deuxième étage est bien paqueté. Bonne chose pour les bands, même si en contrepartie la température à l’intérieur est suffocante. Il n’y a pas juste les métalleux barbus aux cheveux longs qui ont chaud, même les filles sont en sueur.

C’est dans cette chaude atmosphère que le groupe suédois Pain prend d’assaut le petit stage de la place. Comme c’est souvent le cas ici, la batterie a été placée au  deuxième étage ce qui a l’avantage de laisser un peu de place aux quatre autres musiciens de pouvoir bouger un peu. Et si ce n’est pas habituel de voir ça, ce n’est pas déstabilisant non plus tant l’on est habitué de voir le drum en hauteur. Ce qui est plaisant avec ce projet parallèle de Peter Tägtgren, aussi leader du groupe Hypocrisy, c’est qu’en plus de marier le métal avec la musique électronique il préconise les mélodies accrocheuses et facilement assimilables. Ceci a pour effet qu’il est facile d’embarquer dans le spectacle que l’on connaisse les chansons ou non. Justement, l’ambiance est à la fête et le groupe à l’air heureux d’être là et la foule le lui rend bien. Ils y vont même avec une dose d’humour comme quand il nous présente la pièce Pain In The Ass de leur dernier album Coming Home. Peter et un des guitaristes viennent même nous rejoindre sur le parterre avec leur instrument tout en continuant à jouer. J’étais justement en train de dire à ma bonne amie Mihaela qu’ils n’avaient pas beaucoup de place pour bouger quand j’ai réalisé que le chanteur était rendu à côté de moi.

Le seul moment malaisant de la soirée est quand Mr Tägtgren perd patience et réprimande notre ami Steven qui est en train de filmer le show avec sa caméra au bout d’une perche en lui demandant s’il a demandé la permission de faire ça. Ce dernier se ravise aussitôt et s’excuse auprès du chanteur. Pour quiconque connait Steven, on sait qu’il n’a pas voulu mal faire. Nous sommes habitués de le voir se promener avec sa caméra dans les évènements métal. Quoi qu’il en soit, Peter chante les dernières pièces, dont Shut Your Mouth avec un peu plus d’agressivité, ce qui n’est pas si mauvais en soi. Quand le show prend fin, la foule en redemande ce qui est un beau signe d’appréciation pour les Finlandais. Mention spéciale au jeune batteur Sebastien Tägtgren qui accompagne son père depuis l’an passé et qui a vraiment assuré ce soir.

Voilà un groupe qui ne vient pas nous rendre visite souvent. La rare présence d’Orphaned Land ici n’est sûrement pas étrangère au succès de la soirée. Comme à son habitude la formation israélienne est chaleureuse et tous les musiciens abordent un sourire, ce qui les rend à des kilomètres des stéréotypes des groupes de métal extrême au visage sombre. Il faut dire que l’idée même derrière le groupe est de réunir chrétiens, musulmans et juifs sous un message de paix avec le mélange d’un métal occidental et de musique traditionnelle orientale. Déjà avec Ocean Land (The Revelation) qui amorce le show, c’est un peu le party dans la salle avec un mélange de chant, de danse, de tapage de mains et de thrash de la part du public. Le chanteur Kobi Farhi s’efforcera de garder cette belle ambiance à la fête jusqu’à la fin. Si j’ai trouvé que le son n’était pas aussi bon en début de spectacle que les précédents, un bon travaille à la console de son a permis de régler le problème.

Les discours entre les chansons sont bien différents qu’à ceux auxquels l’on est habitué. On nous rappelle que Let The Truce Be Know a été composé pour faire référence aux trêves de Noël qu’ils avaient eu à certains endroits entre les alliés et les nazis au début de la Première Guerre mondiale. Ou qu’il y peu de différence entre certaines histoires selon les trois grandes religions comme dans celle où Abraham doit sacrifier un de ses fils à la demande de Dieu. Kobi, qui nous avoue d’être de confession juive, demande s’il y a des musulmans dans la salle pour ensuite les saluer et leur souhaiter paix et amour.

Malgré toutes ces références religieuses, c’est la musique qui reste à l’honneur et la foule ne se fait pas prier pour chanter pendent Birth of The Three ou Sapari. Confirmant mes soupçons qu’il s’agissait d’un co-headline, le show est commencé depuis à peine moins d’une heure quand ils nous annoncent que Norra el Norra sera le dernier morceau du spectacle. Il me semble que j’en aurais pris un peu plus longtemps pour une troupe qui vient nous voir aussi peu souvent. Malgré tout, nous avons passé une incroyable qui comme toujours était unique en soi. Au plaisir de ne pas avoir à attendre dix ans pour les revoir.

Texte: Sébastien Léonard