Rouge Pompier lançait cette semaine son nouvel opus intitulé Chevy Chase. Une soirée qui mettait en vedette la crème de Slam Disques dans un Club Soda très respectablement rempli de punkeux et de punkette… et de ma foi pas mal de vedettes… du monde qui passe à la télé vous voyez le genre… mais je n’ai pas vu ni Anne Dorval ni Chevy Chase… ni Paul le gars mort dans son automobile, des personnages pourtant si importants dans l’univers de Rouge Pompier.

Leur premier album avait tout pour plaire, juste assez brutal pour les fans de musique pesante, juste assez propre pour se retrouver à jouer devant Anne Dorval à la télé justement. Les attentes sont donc très élevées pour le duo qui chevauche la ligne étroite entre l’underground et le mainstream depuis déjà quelques années. Le travail de Jessy Fushs, l’homme derrière la nouvelle mouture de Slam Disques, en est pour beaucoup dans le succès de son groupe, et son label recense une panoplie d’artistes et de groupes francophones de grand talent. Un homme brillant qui comprend parfaitement les nouvelles réalités de la business du rock n’ roll – à voir les entrevues données à TFO pour l’émission Arrière-Scène.

Noé Talbot avait la lourde tâche d’ouvrir la soirée à une heure plutôt hâtive — cinq groupes devaient quand même pouvoir jouer entre 19 h et 23 h 30. Le jeune auteur-compositeur, qu’on a vu avec plusieurs groupes punk dans les dernières années, nous a présenté, seul avec sa guitare, des chansons pleines de profondeur et de douceur dans un style relativement pop mais en ayant toujours l’esprit punk. Dans la même vague que les Guillaume Beauregard (Vulgaires Machins), Keith Kouna (Les Goules) et Colin Moore (Road Bones) qui décident, du moins pour un moment, d’éteindre l’ampli et de sortir leur guitare acoustique, Noé Talbot possède un charisme évident et des textes accrocheurs qui a tout pour plaire. À voir au Québec  l’automne, en attendant le monsieur se produira dans l’Europe francophone tout l’été.

Le groupe punk-rock abrasif Athena devait se présenter ensuite. Le quatuor a donné une solide performance courte et intense. Les musiciens ont beaucoup de talent et clairement beaucoup d’expérience. De leur union ressort un punk-rock très agressif pas très loin d’un certain hardcore old-school dans la langue de Molière. Il faudrait par contre travailler un peu sur les interactions avec le public entre les chansons. Disons juste qu’on repassera sur la pertinence des commentaires. Un peu trop punk à mon goût.

Le groupe de Sherbrooke Les Conards à l’Orange allait suivre, un peu ska mais quand même assez punk-rock, un peu reggae, parfois même funk, avec une attitude déjantée, fêtard. Un peu comme la suite logique de Yelo Molo. Un son de qualité, des pièces bien montées, une performance divertissante et amusante, pas tout à fait dans mes cordes, mais rien à enlever à leur talent, et surtout leur humour. À écouter la pièce «Le magasin des choses utiles».

Kamakazi allait alors monter sur scène devant une horde de fans qui les attendaient avec impatience. Un groupe qui n’a de punk que le mohawk du chanteur principal et la vitesse des chansons. Sinon nous avons affaire ici à du rock propre ayant comme public cible les 12-21 ans. Un créneau qui fait souvent mauvaise presse (et j’ai 32 ans alors…) mais sans aucun doute le groupe est «rodé» et «tight» comme pas un. Les harmonies de voix sont faites avec tellement de justesse, la mise en scène est parfaite, les chansons s’enchaînent comme un film. La performance la plus professionnelle de la soirée.

Le public s’est alors amassé autour d’une petite scène montée en plein centre du Club Soda. Un plateau particulièrement original qui annonçait beaucoup et qui démontre encore une fois d’une grande créativité pour la troupe de Slam Disques. Le duo face à face – comme toujours pour Rouge Pompier — était encerclé par quelques centaines de fans en délires venus découvrir le nouvel album du groupe. J’ai beaucoup beaucoup écouté le premier album qui m’avait particulièrement plu et bercé durant toute une saison, cette fois l’impression d’un déjà vu ou d’un rendez-vous manqué m’a un peu laissé sur ma faim. En fait, ce n’est pas du tout que les chansons soient mauvaises tout au contraire, le mordant y est toujours, par contre à la première écoute, il m’a semblé entendre une certaine hésitation. Un peu de nervosité peut-être, un spectacle pas assez souvent pratiqué. La sono n’a rien fait pour aider non plus. Les musiciens ont parfois semblé déstabilisés dans la pratique de leur art par la réverbération particulière de la scène placée à un endroit inhabituel. Un test de son en journée dans une salle vide n’a plus grand-chose à avoir avec le son que l’on aura sur scène quand la salle sera pleine. Et il est dommage de dire que l’idée de génie du début de placé la scène au beau milieu de la salle s’est peut-être transformée en une pas-si-bonne-idée-que-ça. Malgré tout, nos deux Pompiers ont livré la marchandise, et sans aucun doute que je me procurerais l’album pour en faire une écoute plus attentive.

Texte: David Atman