L’onirisme.

Le groupe de Québec Our Home in Space lance un premier album éponyme qui était, ma foi, déjà très attendu par les amateurs et connaisseurs locaux. La terminologie Post-Rock définit bien l’ambiance globale de la production dans le cas où celle-ci soit exprimée dans son sens élargi. Outre la première pièce instrumentale qui est pour sa part dans la pure tradition Post-Rock, les autres compositions amènent l’auditeur dans un univers Pop-Dreamy à cheval sur du Shoegaze très orchestral et évanescent. Bien ancré dans les années 90 et le début de l’Indie-Rock des années 2000, on croirait par moments y reconnaître une trame de l’époque; la finale de la pièce I am ressemble à s’y méprendre à du Radiohead alors que la pièce Electric field annonce presque Nothing else matter. Le groupe présente un album raffiné et franchement très bien produit, mais les compositions ne prennent peut-être pas assez leur distance par rapport à leurs influences.

Le pudique se dévoile.

Our Home in Space est très pudique, toujours en douceur et finesse, et malgré la tendance au minimalisme de certains morceaux, le groupe propose un son relativement saturé où plusieurs éléments s’entrecroisent, se soutiennent, où parfois se retrouvent dans un univers conflictuel. Les mélodies restent généralement assez dépouillées et épurées alors que l’orchestration souvent très élaborée et puissante ajoute en couches de profondeur.

La voix du chanteur Joe Fortier est touchante et sincère même si une couverture épaisse d’effets numériques la tapisse. Toutes ces métamorphoses sonores nous font parfois perdre les mots, mais elles servent également à camoufler l’accent d’un francophone qui joue à Shakespeare. Pas que ce soit si dérangeant dans le cas qui nous concerne, mais certaines envolées lyriques peuvent parfois légèrement détoner. Les textes anglophones sentent aussi le français, comme une traduction plutôt qu’une réelle création. On ressent un certain filtre entre l’émotion qu’on tente de véhiculer et le rendu sur papier par l’auteur. Outre ces quelques anicroches attribuables à un premier effort, l’album est plutôt réussi et devrait plaire autant à un public large qu’aux amateurs plus pointus. Comparable au Québec à ce qui se fait ou a pu se faire par des groupes comme October Sky ou Plajia. L’album de Our Home in Space véhicule quelques clichés du style, mais saura assurément dénicher son public et par le fait même l’envoûter.

Pour les fans de

— Elbow

— Spiritualized

— Karkwa

À voir

7 décembre à La Source de la Martinière à Québec avec Thisquitearmy

8 décembre au Zénob à Trois-Rivières avec Long Gone Billy

9 décembre au Verre Bouteille à Montréal avec MOSI