Deux grosses pointures

Deux gros groupes de heavy/Rock américains ont associé leur force en ce début d’année pour venir faire un tour de ce côté-ci de la frontière. C’est sûrement une bonne idée, car le Mtelus affiche complet pour ce co-headline. Ce sont les Californiens de In This Moment qui débutent ce duo de têtes d’affiche et l’on sent l’électricité dans la salle. Il faut dire que le groupe a le sens du spectacle autant dans les décors, les costumes, que dans la mise en scène. Si chaque musicien aborde un look apocalyptique avec du maquillage ou des masques, la reine de la soirée est sans contredit Maria Brink. Principalement habillée d’un bodysuit très moulant qui met ses courbes en valeur, elle changera de robe tout au long de la soirée selon l’atmosphère de chaque chanson et plusieurs accessoires viendront compléter son look.

Elle entonnera Blood, la première chanson de la soirée, vêtue d’une grande robe noire et l’on voit déjà que la dame en impose sur un stage. Tellement qu’on a parfois l’impression que le reste du groupe n’est que des musiciens de soutiens. Il n’y a pas à dire, elle sait bouger et être sexy tout en gardant un look thrash qui va très bien avec l’électro gothique qu’elle propose. Justement, fidèle à leur nouvelle direction pris en 2012, le metalcore de leur début n’est plus qu’un lointain souvenir et seulement leurs trois derniers albums seront représentés avec en tête Blood et leur petit dernier Ritual. Si cela peut décevoir les fans de la première heure, ceci à l’avantage de garder une certaine cohésion et plaire à la grande majorité qui ne les connait que de cette façon. Si Adrenalize et Sick Like Me sont dans les préférés du public, la finale avec Whore que Maria chantera assise sur le haut d’une petite échelle et vêtue de même costume que dans le vidéoclip reste le moment fort de leur prestation.

Rien n’est parfait

Aussi théâtral que le show puisse l’être, cela amène quelques petits défauts. Les changements d’habits continuels de la chanteuse ont la fâcheuse habitude de créer des temps morts entre les morceaux et l’obligation d’une trop grande quantité de musique d’introduction. Sans compter que les guitares manquent de mordant et que la belle semble souvent à bout de souffle. Il lui arrive trop souvent de devoir prendre des bouffées d’air avant d’avoir fini de chanter ses phrases complètes. Aussi beau le visuel soit-il, celui-ci nuirait-il à la performance musicale. Poser la question c’est un peu y répondre!

L’attente a été longue

Dire que Montréal a attendu longtemps le retour de Stone Sour est un euphémisme. Ils n’ont pas mis les pieds ici depuis 2007. Et quand on nous rappelle que c’était au Centre Bell en première partie d’Evanescence, on se dit que c’était à une autre époque. Sans rien enlever au succès du groupe précédant, cette attente interminable est sûrement un des facteurs pour lequel l’endroit est sold-out ce soir. Pour être allé les voir déjà deux fois en dehors du Québec pour la présente tournée, je sais déjà que le monde va en avoir pour leur argent. Il fait dire que le chanteur de Sliptknot est un frontman exemplaire. S’il excelle dans son rôle de chanteur masqué de métal violent, il semble avoir encore plus de plaisir à s’époumoner sur du hard rock/métal aux refrains plus accrocheurs. Car s’ils savent des fois être agressif, ils n’ont jamais peur du rock fm d’aréna et des slows qu’aucun groupe glam rock des années» 80 n’aurait renié. Il est clair que Corey Taylor a grandi avec ce métal grand public et qu’il y est toujours attaché et c’est ici qu’il peut laisser aller sa passion.

Un chanteur avec une voix rassembleuse.

Beaucoup moins visuel que leur co-headliner, même si les murs de lumière à l’arrière de la scène peuvent être souvent aveuglants, ils prouvent qu’il ne faut que de bonnes chansons et une communication avec la foule pour faire un très bon show. Avec cette façon de nous appeler «My friends» et «My family», Corey sait nous rassembler. Et quelle voix! Qu’elle soit claire ou criée, jamais elle ne montre de signes de fatigue et est toujours juste. Un des grands chanteurs de sa génération, il n’y a pas à redire.

Sur les ballades Hesitate, Do Me A Favor et l’incontournable Through Glas, jamais la foule ne boude son plaisir et elle chante en chœur les refrains. On se demande seulement où sont les briquets. Les chansons «Heavy» ne sont pas en reste avec l’excellente Made Of Scares et 30/30-150. S’ils ne veulent pas faire de rappel proprement dit, ils ont quand même gardé deux gros canons pour la fin. Absolute Zero permet a Corey de faire un concours de chant entre la gauche et la droite de la salle, mais c’est le single Fabuless qui clôt en beauté avec ses confettis et ses personnages gonflés. Le partage de l’affiche avec beaucoup d’autres groupes, dont une autre tête d’affiche, a réduit considérablement le temps de jeux, mais l’attente en valait la chandelle. Il fait juste espérer ne pas avoir à attendre onze ans pour les revoir.

 

Texte: Sébastien Léonard

Liste des chansons:

Taipei Person / Allah Tea

Knievel Has Landed

Made of Scars

Say You’ll Haunt Me

30/30-150

Hesitate

Tired

Rose Red Violent Blue (This Song Is Dumb & So Am I)

Do Me a Favor

Song #3

Through Glass

Absolute Zero

Fabuless