Les 4 infâmes mongols à batteries  d’Atlanta reviennent à Montréal le temps d’un spectacle. Cette fois si c’est aux Foufounes Électriques.

Mon pécule en poche, je me dirige vers les Foufounes avec mes deux potes. On est comme Don Quichotte, Sancho et Rocinante. Steve dans le rôle de Sancho, le naïf paysan, Martin dans celui de Rocinante le vieux canasson et moi-même dans le rôle de Don Quichotte, pour des raisons évidentes…

L’histoire en bref : Les Black Lips sont rapidement repéré au début des années 2000 par Greg Shaw gourou visionnaire du label Bomp! Depuis ce temps le groupe, très peu porté sur la passivité, enchaîne disques et tournées. Vaccinés contre la typhoïde et le choléra, ils sont partout en même temps, leur mini-van de tournée a sûrement une vitesse de plus que les autres!

À quoi faut-il s’attendre? Rien de bien raffiné, les Black Lips c’est comme une vieille Chevette propulsée à 200 kms heure, c’est hasardeux, bancal, pas fait pour la vitesse. Mais on y va quand même à fond la caisse. Sur scène, ils sont généralement bien imbibés, livrant une version sauvage et crue du rock garage. C’est un joyau de la scène underground américaine. Malgré un indéniable succès et une reconnaissance mondiale ils sont restés loin des grosses maisons de disques, signant plutôt sur In The Red, Vice et Bomp!

20h45, toujours labyrinthique, les immenses Foufounes se remplissent. Bonne nouvelle, le balcon est ouvert!  La climatisation laisse échapper un vent hyper froid, il faut rester en mouvement sinon c’est la mort.

À ma grande surprise les Black Lips montent sur scène à 21h30 pile poil, fin prêt à balancer leur jouissif bouzin. Après quelques élans jazz pour se réchauffer, le groupe attaque Sea Of Blasphemy. La voix de Jared Swilley est presque inaudible, perdue quelque part dans un brouillard de fuzz. Imperturbable et habitué à bien pire, le groupe poursuit en hit avec Family Tree. La balance de son est médiocre, mais où est donc le technicien? Cole, désinvolte, tente d’ajuster ses pédales en zigonnant avec les fils et les pitons, évitant habilement les divers fluides projetés vers la scène. Pendant ce temps-là, Jack Hines, le nouveau-ancien guitariste, improvise avec la complicité du très jovial Joe Bradley, à la batterie. Jared, arpente la scène à la recherche de fonds de bière de choix.

Lentement mais sûrement le son se replace. Niveau plancher, c’est compact et fébrile, par contre, au balcon il y a de l’espace. Profitant même d’un laxisme niveau sécurité, certains spectateurs entrent dans la zone VIP. Sur scène, rien de nouveau, à part un titre pas très accrocheur non identifié. Par contre, le reste n’est que pépites d’or : Drugs, Funny, Katrina version longue, Dirty Hands, Smiling, Raw Meat, Not A Problem, Boys In The Wood, Hippie Hippie Hourah de Jacques Dutronc version garage-psyché et j’en passe. Le groupe reste impliqué jusqu’à la toute fin. Au rappel ça se termine avec Wild Man une pièce des obscurs Tamrons. Affables, les garçons terribles remercient chaleureusement les spectateurs avant de quitter la scène pour de bon.

Après leurs dernières visites (Corona et au Club Soda), c’est bon de retrouver les Black Lips dans une salle plus intimiste. Ils sont visiblement plus à l’aise dans les endroits exigus.

Au retour, un embouteillage monstre nous attend, deux heures pour rejoindre la rive-sud, c’est la faute des feux d’artifices. Je suis en pétard et aussi un peu en tabarnak.

Texte: Fred Lareau