En cette St-Valentin 2023 avait lieu la première représentation de la pièce « Les danseurs étoiles parasitent ton ciel » d’après le roman du même nom de Jolène Ruest. Le Daily Rock sort un peu de son cadre habituel en vous parlant de théâtre, mais au final, cette pièce est punk dans sa mise en scène, son décor, sa structure, ses thèmes, et tout ce qui s’en suit. On y fait allusion à The Who, aux Sex Pistols et on y entend même la musique de Fuck Toute.

L’histoire se déroule dans le quartier populaire, et gentrifié, de Hochelaga-Maisonneuve et y raconte les tribulations de jeune femme de Prunelle Gagnon, récemment diplômée de l’École de Ballet. Cette dernière, aux prises avec un problème de punaises de lit, fait la rencontre de Javel l’exterminateur qui l’accompagnera tout au long du récit sans être ni son chum, ni même son ami. La talentueuse, passionnée, et sérieuse Prunelle, jeune adulte, qu’on observera, durant l’heure et demie de la représentation, prendre conscience de l’inadéquation de ses rêves artistiques et de sa réalité. Ultimement, elle ne sait pas sur quel pied danser. Son job au Dairy Queen sur Sainte-Catherine Est, n’a rien à voir avec la vie de ses grandes danseuses de l’Histoire qui la captivent tant. Les dichotomies passion/responsabilité sociale, art/réalité, l’obsession de la réussite et l’art de ne rien faire, soutiennent la trame narrative absurde (dans le sens beckettien du terme) qui volontairement utilise les codes de plusieurs styles pour arriver à ses fins.

La pièce est construite sous forme de courts tableaux, se succédant rapidement et créant ainsi une forme de canevas hallucinatoire, plutôt anxiogène -malgré l’humour-, dont la cohérence est brillamment maintenue par le jeu précis et sportif des acteurs-danseurs. La mise en scène est parfaitement brut, parfois chaotique et parfois d’une grande douceur. C’est par le simple déplacement dans l’espace d’éléments du décor que l’on amène le spectateur à s’imaginer un nouveau lieu en passant du Bar Chez Françoise au Dairy Queen, jusqu’à la chambre-studio de Prunelle et autres lieux sous les étoiles. En résumé, la pièce s’inscrit dans un courant postmoderniste où la transfiguration des valeurs modifie l’essence du développement narratif. Alors que dans le théâtre classique ce sont les ambitions des personnages qui font évoluer le récit, ici, le récit s’écrit par la peur de ne pas avoir le courage de ses ambitions.

Très réussi.

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