Dans les coins les plus sombres de la ville et en marge de la plupart des courants le Shoegazing refait surface. Derrière d’épaisses couches de distorsion l’enfant bâtard de la musique mélange surf musique, rock 60 et punk nihiliste. Le tout dans un emballage pop pour faire un peu joyeux quand même (mais pas trop!).
Même si tout le monde connait Jesus & Mary Chain et Bloody Valentine le terme Shogazing n’est pas très courant. Il signifie « regarde tes souliers en jouant de ton instrument favori en ayant l’air triste ».
C’est à Painted Palms, groupe de San Francisco, que revient la tâche ingrate de réchauffer la salle. Est-ce que ça vaut vraiment la peine de faire de la musique si c’est pour sonner exactement comme un band de cover de faces B de MGMT? Le groupe propose une forme de musique psychédélique bonbon rose qui colle, trop gentil et trop racoleur. Au moins le groupe à la qualité de ne pas copier Thee Oh Sees, Ty Segall et d’autres bands de la côte ouest. Après quelques clins d’œil foireux aux Beatles le groupe se perd en contemplation et passe près du cabotinage. Il faut changer de drogue les gars!
Après une balance de son rapide, les gars de Crystal Stilts montent sur scène. En live le groupe est d’une puissance surprenante, le batteur Keegan Cooke, cogne comme un sourd et le clavier de Kile Forester sonne comme un vieux Farfisa. Quand le reste de la bande se met en marche, c’est très envoutant! Le grand Brad Hargett (pété grave!) au micro, rappel Andrew Eldritch des Sisters Of Mercy, chantant du fond d’une caverne. La voix est monotone, détachée et volontairement blasée, mais il n’est pas là pour livrer une performance vocale. J.B. Townsend à la guitare (une superbe Vox Teardrop) est une inépuisable source de mélodie. À la basse le discret Andy Adler est coincé au milieu, mais son jeu ne semble pas trop en souffrir. Débutent ensuite les projections, inspirés du Exploding Plastic Inevitable, grand bordel multimédia d’Andy Warhol. Le décor est en place pour une soirée shoegaze!
Pendant 1h15 la bande arrive à extraire le meilleur de ses trois albums avec fluidité.
C’est de la très bonne pop bien montée. Le groupe ressemble à une version masculine des Vivians Girls, qui viennent elles aussi de Brooklyn. Avant le rappel le groupe doit attendre le grand Brad parti d’urgence aux toilettes (la faute au Roi Du Tacos?). Seul le Il Motore permet une telle proximité scène-toilettes.
Texte : Fred Lareau
Photos : Alexander Gaipo