Comme dans un film noir, un authentique film policier des années 1920, le saxophone de Beto Valtierra nous introduit à «Amnotic», le premier morceau jamais entendu du groupe progressif Deep Limbic System. Il y a un peu plus d’un an, le monde de la musique nous offrait Embryo, le premier opus du quintet mexicain (origine dont on ne pourrait douter a priori tant le son est européen).

Dans l’univers de la musique progressive, les noms de Sergio Sunga et Efraín Fraire nous sont étrangers. Et pourtant le talent de ces compositeurs vaut bien celui de Mikael Akerfeldt, le leader du légendaire groupe Opeth. C’est le sort des artistes latins que d’être ignorés de la scène américaine et européenne. Et si les choses changeaient? Avec «Dysania», «Orison» et «Owls», des pièces rappelant fortement le délicieux album Pale Communion du groupe suédois, on ne peut que croire au succès probable de Deep Limbic System. J’irais même jusqu’à penser que le saxophone de Valtierra (le sixième membre du groupe) est une valeur ajoutée dont Opeth devrait éventuellement se pourvoir pour ne pas se faire éclipser par l’ombre grandissante de «esta formación mexicana ».

En fan de jazz, de progressif et de metal, beaucoup de mes désirs et plaisirs ont été comblés par ce petit album de cinq titres. Une fois encore, la pièce Orison a particulièrement retenu mon attention, entreprenant sa séduisante approche par un solo de guitare à la Gilmour pour se métamorphoser en un morceau dominé par la basse et la voix suave et très appropriée de Sergio Sunga (on remarquera d’ailleurs que beaucoup trop de groupes profitent du talent de ses musiciens et qu’on a souvent l’impression que le chanteur n’est pas celui qui convient à la tâche, mais ici, le choix est des plus justes).

Plutôt que de miser sur la publication de douze chansons de 15 minutes comme on le voit souvent dans le progressif (parfois pour notre bonheur, d’autres fois pour notre déplaisir et notre ennui), Deep Limbic System a opté pour une collection de cinq titres d’une durée très raisonnable dont la qualité et l’efficacité surpassent la quantité (personnellement, je ne trouve de longueur nulle part). La force de ce EP est que la formation a évité le « Billy Corgan syndrome » et n’a pas jugé bon d’étirer inutilement la sauce pour épater (rappelons-nous comment nous avions aimé Melon Collie And The Infinite Sadness, cet album double de Smashing Pumpkins dont seulement 10 chansons sur 28 étaient dignes d’être lancées sur le marché…). Pour le coup : chapeau ! Et puis, bien que la plupart des chansons me rappellent irrémédiablement Opeth (et cela est loin d’être un aspect négatif), DLS a toutefois su tirer son épingle du jeu avec « Amniotic » (avec son saxophone sexy et intriguant qui nous donne l’impression de déambuler dans une ruelle de Chicago ou d’Atlantic City dans les années folles), de même que « Owls » (avec ses percussions latines et sa guitare teintée du jeu typique des guitaristes argentins).

Ça, c’est pour Embryo. Or, Deep Limbic System nous a fait le cadeau d’un single au courant de l’été. Des surprises comme celles-là, emmenez-en ! Une fois encore, le son Opeth en ressort de façon très manifeste; rien d’étonnant. Le groupe de Juárez a toutefois sorti l’un de ses canons en ajoutant des pistes de piano et d’orgue à sa nouvelle publication afin d’élever son niveau de progressif d’un cran. Et cela n’est absolument pas désagréable. Les claviers de Carlos Bárcenas siéent à ravir à « A Ceiling Of Stars », la pièce éponyme de ce nouveau single. Quant à « Alicia’s Ghost », la seconde piste parue sur le même disque, il y a peu de choses originales à en dire, puisqu’elle fait prolongement aux chansons parues en 2014 sur Embryo. Je ne risquerais alors que de me répéter, bien que je n’aurais que du bon à en dire.

Morceaux mis en marché pour annoncer la sortie d’un premier LP prévue pour 2016, A Ceiling Of Stars nous met au parfum. On sait d’emblée que si Embryo nous a plus, que les derniers albums d’Opeth, d’Anekdoten ou de Pineapple Thief figurent dans notre collection de disques et que ceux-ci ne prennent pas la poussière, il n’y a pas de raison de passer à côté du prochain album de DLS. Pour ma part, je vais surveiller ça de près.

Dany Larrivée

https://deeplimbicsystem.bandcamp.com

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