Grosse soirée metal au Théâtre Corona jeudi passé avec DevilDriver, Death Angel, Winds Of Plague et un band bien de chez nous, The Agonist.
Quel plaisir de voir ce groupe qui il n’y a pas si longtemps se baladait un peu partout dans la province au Québec se retrouver sur une grosse tournée comme celle-là. La salle était encore peu remplie quand les 5 musiciens ont fait leur apparition sur scène suivis de la chanteuse. Le son est bon, le groupe en donne peut être un petit peu plus du fait qu’ils jouent à domicile et que dire Vicky? Si ce n’est qu’elle a pris sa place et a une belle présence sur scène. Bonne prestation et bonne mise en bouche pour la suite.

Après nos chouchous québécois, c’était au tour du premier des trois groupes californiens de la soirée de se présenter sur stage. Si la salle est toujours loin d’être pleine, il y a un peu plus de monde pour accueillir Winds Of Plague. Qu’importe la grosseur de la foule, les cinq gars sont là pour se donner à fond. Le chanteur Johnny Plague ne manquera pas de s’adresser à nous à mainte reprise pour nous remercier et essayer de mettre le plus d’ambiance possible. N’ayant pas de nouveau matériel à nous présenter, car ils n’ont rien sorti de nouveau depuis 2013, ils pigeront dans leurs quatre albums pour nous faire, en un peu plus d’une demi-heure, une rétrospective de ce qu’ils savent faire. Que l’on aime ou l’on n’aime pas, on ne peut pas dire qu’ils n’ont pas leur style propre à eux, car rares sont les groupes de deathcore qui incorporent des passages symphoniques à leur musique. Si le son est généralement bon, le choix d’avoir des séquences à la place d’une vraie claviériste comme sur disque est quelques fois discutable, car il y a quelques ratés. Rien pour nous empêcher d’apprécier la prestation qui fût au final fort bonne. La soirée à bien montée d’un cran, mais le meilleur est à venir!

Même si ce n’est pas officiel, ce spectacle à des allures de co-headline tant Death Angel est apprécié ici. Je sais que plusieurs personnes se sont principalement déplacées pour eux. Ça tombe bien, car l’histoire d’amour est réciproque pour le band. Même si je savais le chanteur Mark Osegueda très volubile, je ne me souviens pas de l’avoir vu déclarer son amour pour Montréal autant de fois pendant un si court show. C’est parfait, car la foule est aux anges devant une prestation aussi énergique que la leur. Les instruments sonnent comme une tonne de briques et ça brasse sur le parterre. Dommage que dans ce rouleau compresseur de thrash métal, la voix du chanteur est un peu perdue. Si ça s’améliore un peu vers la fin, ça ne sera jamais à la hauteur. Pour avoir vu Mark chanter des chansons de beaucoup d’artistes au Metal Allegiance à Anaheim il y a quelques semaines, je sais qu’il possède un registre varié que l’on aurait mérité d’entendre mieux. Les fans de la première heure auront pu être déçus de n’avoir que Evil Priest à se mettre sous la dent comme digne représentante de la première période de vie du groupe (1982-1991), mais ceux qui savent apprécier l’excellent renouveau de la formation depuis 2004 en ont eu pour leurs argents. Juste avant de conclure avec The Moth de leur dernier album, Osegueda lance une petite craque à Metallica en nous annonçant la première et vraie «moth-song» en référence à Moth Into Flame sortie sur Hardwired.. To Self Destruct, le plus récent disque de ces derniers.

Après une aussi intense prestation, c’est tout un défi pour DevilDriver de monter sur scène. Dez Fafara et sa bande sont reconnus pour être des bêtes de scène et ils n’attendent pas à nous décevoir. Pour être sûrs d’y arriver, ils commencent fort avec End Of The Line qui est à mon humble avis une de leurs meilleures pièces. Le jeu de lumière, sans être mémorable, est de loin le meilleur de cette soirée. Si le son est encore bon, j’ai clairement l’impression que c’est l’inverse de ce qui est arrivé à ceux qui les ont précédés. Les instruments manquent un peu de punch tandis que la voix de Dez est audible et puissante. Qu’importe, les fans ne semblent pas s’en plaindre et l’énergie est palpable sur le parterre avec un «mosh pit» que ne dérougira pas du show. I Could Care Less reste une des préférés, autant du band que de l’assistance. Ils en profitent avant Clouds Over Caifornia pour nous demander qui a déjà visité leur État natal, la Californie (Yes I Do!). Fait inusité, Dez arrête la toune Ruthless après quelques secondes pour prendre le temps de nous dire à quel point il aime le Canada malgré qu’il affirme qu’un employé de chez Tim Hortons a refusé de les servir, car ils sont Américains. Dur à croire, mais si c’est vrai, l’incompréhension et la haine de l’autre a atteint un nouveau sommet. Nous nous croyions parties sur une lancée qui n’était pas encore près de finir quand, à la fin de Meet The Wretche, les lumières s’allument brusquement et de l’électro-rap se met à jouer dans le théâtre. Sans aucun rappel, les musiciens quittent la scène et nous laissent. Même si en général ce fut une belle soirée pour les quelques centaines de personnes qui se sont déplacées, rarement je n’ai vu un show qui se finit aussi brusquement. Et à voir les faces ahuries un peu partout dans le public, je ne suis pas le seul.

Texte: Sébastien Léonard

Photos: Sébastien Tacheron