Du hard rock, des femmes, des punks, des vieux de la vieille, et encore des femmes. Des chandails de Motörhead, des cheveux bleus, des cheveux blancs et de l’amour à profusion. Girlschool est en ville, ayant traversé époques et marrées, pour nous enseigner le Rock, le vrai, avec l’accent anglais et les bonnes manières. Dans le cadre du «Guilty as Sin Tour», les écolières voyagent maintenant depuis quelque temps à travers l’Amérique du Nord, accompagnées des groupes Velvet Black, Old James et Crucified Barbara. Formé il y a de cela 35 ans et issu de la «New Wave of British Heavy Metal», ayant fait rage en Angleterre durant les années 80, Girlschool a su se bâtir un public fidèle et reconnaissant composé de premiers fans et de nouveaux amateurs, prêts à recevoir ces femmes venues performer aux Katacombes ce soir-là.

La salle se remplissait timidement et le trio Velvet Black, originaire de Québec, entra en scène. Du Hard Rock à saveur blues, un son de batterie démesurément fort et une difficile cohésion sonore. Le tout semblait décousu, comme si les différentes parties instrumentales s’accordaient péniblement. Le public ne semblait pas particulièrement réceptif et, une fois la performance terminée, il vaqua à ses occupations habituelles, le temps d’une pause. Cigarettes, bières, sourires et il fut au tour du groupe torontois, Old James, de casser la baraque. Un mélange de Rush et de Pearl Jam, étonnamment, avec un chanteur à la Eddie Vedder, doté d’une incroyable ténacité vocale malgré toutes les acrobaties qu’il effectuait sur scène. Ce Hard Rock langoureux, bien ciselé et un chanteur au charisme hypnotisant vint sauver le public de son manque d’enthousiasme préalable.

L’endroit s’enflammait, et l’auditoire se préparait pour les suédoises de Crucified Barbara, au rock simple, efficace, chaleureux et sexy. Loin d’adopter un son original, on se délecte de leur présence principalement grâce à la force de leur interprétation, leur frénésie et leur enthousiasme. Leurs influences stylistiques, très marquées par le punk, le hard rock comme le grunge, résultent en un matériel musical assez commun. C’est bien dans leur capacité à incarner leur œuvre avec fermeté qui rend le spectacle si magique. Elles maitrisent la scène avec brio et, devant un public pâmé, le groupe déverse leur folle énergie de façon impitoyable. Leurs harmonies vocales quasi criardes et un son de batterie particulièrement métallique ajoutent à leur caractère.

Confiance, passion et solidité, c’est ce qui donna un souffle unique à leur spectacle. Une fois la performance achevé, essoufflé et ravi, le public se dispersa le temps d’une pause. Les cendriers se remplirent, la pluie n’épargna personne et Girlschool enflamma la salle en un clin d’oeil. Matures, habituées et polies, elles connaissent le plaisir de la scène et semblent en apprécier toutes les facettes, et ce, encore aujourd’hui. Femmes d’expérience, rockeuses professionnelles et musiciennes incroyables, elles s’ouvrent au public avec une telle grandeur d’âme qu’il est impossible de ne pas apprécier leur présence. Une batteuse réglée comme une horloge, une guitariste soliste en maîtrise totale de son instrument et des voix familières d’une aussi grande qualité nous font revivre une époque que la plupart d’entre-nous n’avons jamais vécue. Que ce soit «C’mon Let’s Go», «The Hunter» ou «Never Say Never», chaque piste fut interprétée avec amour et reconnaissance et le public comblé su leur rendre la pareille.

La longévité du groupe témoigne de leur singularité et de leur excellence en tant que rockeuses dans un univers majoritairement peuplé d’hommes. C’est ce qui rend Grilschool aussi crédible, pertinent et inspirant pour, espérons-le, une future génération de rockeuses.

Texte: Alexandra Perazzelli

 Merci à Wayne William Archibald pour la photo.

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