Si ce n’est pas une soirée féminine comme l’était le show d’Halestorm il y a quelques jours, les chanteuses sont encore à l’honneur ce soir avec entre autres Epica et c’est une bonne chose pour un évènement métal où d’habitude il n’y a que de la grosse testostérone sur scène. Encore mieux, c’est un groupe bien de chez nous qui ouvre les hostilités. La salle de la rue Notre-Dame est bien remplie pour les accueillir et si je me fie à ce que je vais voir plus tard, presque tous les spectateurs sont déjà arrivés. C’est une très bonne nouvelle pour The Agonist, d’autant plus que la foule est très réceptive à leur arrivée. Première constatation, la chanteuse Vicky Psarakis a vraiment pris en maturité scénique. Si elle a sans contredit la voix pour chanter les chansons de sa prédecesseure, j’avais l’impression qu’elle en mettait trop dans son attitude sur scène, comme si elle avait conscience qu’elle avait de gros souliers à chausser. Ce soir elle semblait elle-même et en pleine possession de ses moyens, mais sans essayer de prendre toute la place. Si nous sentions déjà une tendance lourde à laisser moins de place aux pièces de l’ère Alissa White-Gluz lors de la dernière tournée, ils enfoncent le clou en ne jouant que «Thank You, Pain» de cette période. Les fans n’ont pas eu l’air de leur en tenir rigueur et ils ont parût avoir autant de plaisir que les musiciens devant eux. Ils finissent sur une bonne note avec «Gates of Horn and Ivory» qui est le moment fort de leur prestation. La seule ombre au tableau est le son, qui sans être complètement mauvais, n’atteint pas les meilleurs standards que j’ai pu entendre au Théâtre Corona.

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L’intensité devrait monter d’un cran avec le groupe de death metal symphonique italien Fleshgod Apocalypse. Comme pour éviter les problèmes techniques d’hier à Québec, les techniciens s’activent longuement sur scène au point de retarder de plusieurs minutes l’horaire prévu ce soir. Malheureusement, cela ne semble pas avoir été assez pour tout régler. N’allez pas penser que leur performance ne fût pas réussie, loin de là. Ils ont le sens du spectacle et ça se voit. C’est un véritable plaisir de voir Cristiano, Paolo et Tommaso bouger au son de leur musique et s’amuser avec la foule. Et que dire de voir un joueur de piano vêtu d’un véritable habit à queue se démener sur le côté de la scène au son d’un métal aussi agressif que le leur! Ils ont aussi d’excellentes compositions. On n’a qu’à écouter leurs albums King et Labyrinth pour s’en convaincre. La foule devient folle quand ils interprètent «The Fool». Où est le problème alors? Le son, encore le son! Pour quiconque qui ne les connait pas, il est ardu d’entendre les subtilités de ce qui se passe devant eux tant le tout ressemble plus à un mur de son qu’à un bon death metal complexe et original. Et à quoi bon avoir une chanteuse d’opéra comme choriste quand il nous est presque impossible de l’entendre? Elle qui donne tellement une plus-value à un titre comme «Cold as Perfection». Heureusement, la salle est remplie de vrais fans qui sont là pour les voir et l’ambiance rend l’évènement mémorable. Vivement de les voir revenir ici en headline pour que l’on puisse avoir un show à la hauteur de leur talent.

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Si nous avons eu droit à d’excellents groupes jusqu’ici, il ne faut pas oublier que la foule est là pour voir Epica. Toujours aussi populaire au Québec (leur dernier passage à Montréal date de 2015), c’est à cause d’eux que la salle affiche complet ce soir. J’ai même entendu plusieurs personnes dire qu’ils étaient aussi à Québec hier. Dès que l’intro «Eidola» résonne dans les haut-parleurs, c’est l’euphorie. Autant le groupe réussit à produire des albums denses et d’une grande complexité, autant ils réussissent le tour de force d’en reproduire l’essence en live et ce n’est sûrement pas étranger à leur continuelle popularité. Même si le guitariste et chanteur Mark Jansen reste le leader et le principal compositeur de la formation, ils nous démontrent à chaque représentation qu’ils sont un groupe uni où chacun a sa place. Il est sûr que la chanteuse Simone Simons est magnifique autant en voix qu’en prestance, mais elle dégage une simplicité et une aura de gentillesse qui est toute à son honneur et qui n’empiète pas sur ses collègues. Si elle est l’auteure de plusieurs interventions qui nous est adressée, Mark et le claviériste Coen Janssen ne se gênent pas pour nous adresser la parole. Parlant de ce denier, rarement j’ai vu un clavier déposé sur des roulettes qui permet à celui qui en joue de se déplacer chaque côté du drummer. Sans compter qu’il interprète quelques pièces munies d’un petit keyboards incurvé accroché à son cou, ce qui lui permet de venir nous voir de plus près. Ils ont un nouveau disque à venir nous présenter et ils sont résolument un groupe axé vers le futur, car celui-ci occupera la moitié du setlist. Il reste bien peu de place pour leurs six autres disques et étant un fan de la première heure j’aurai aimé plus de variété. Mais à voir les réactions dans la foule et un nombre impressionnant de personnes chanter en chœur, la grande majorité semble heureuse de la décision du band. De toute façon, c’est là mon seul reproche, aussi personnel soit-il. Même le son est miraculeusement bien meilleur que ce à quoi l’on avait eu le droit jusqu’ici. Je n’ai même rien à redire sur la longueur du show. Il était près de 23 h 30 quand le tout finit et l’on en a vraiment eu pour notre argent. Une grande performance pour un grand groupe. Compté sur moi pour être là lors de leur prochain passage et, à voir tous les sourires à la sortie de la salle, je ne serai pas le seul.

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Texte: Sébastien Léonard

Photos: Helene Dickey
Liste des chansons:
of the Blade
A Phantasmic Parade
Sensorium
Universal Death Squad
Divide and Conquer
The Obsessive Devotion
Ascension – Dream State Armageddon
Dancing in a Hurricane
Quietus
Unchain Utopia
Design Your Universe
Encore:
Sancta Terra
Beyond the Matrix
Consign to Oblivion