Au printemps 2017, Julien Sagot nous a présenté l’excellent album « Bleu Jane », le troisième de sa carrière solo. Quatre ans plus tard, l’ex-percussionniste de Karkwa nous offre de son cru la suite, ce quatrième opus intitulé simplement « Sagot », paru en mars 2021. Une sortie musicale qui mérite d’être soulignée.

Pour ce disque éponyme, on retrouve l’univers singulier et cinématographique de Julien Sagot. Au travers « Sagot » se déploie une ambiance planante et suave, appuyée par la voix grave et posée de l’artiste, qui se manifeste par des arrangements vaporeux et une poésie maîtrisée, voire plus pragmatique et sérieuse que les précédents albums. On constate ces procédés avec l’érotisme feutré de « Sexe au zeppelin », les arrangements jazzy et électriques de « Morte alitée » et « Toc toc » (où le texte, étrangement prémonitoire et sombre, illustre un peu la réalité urbaine de l’actuelle pandémie). On peut y entendre des échos de Serge Gainsbourg et même de Leonard Cohen.

Jouant presque l’entièreté des instruments, Sagot nous dévoile une œuvre cohérente et fidèle à sa personnalité artistique où chacune des huit pièces de l’album représente la somme d’une recherche sonore laborieuse, où rock, et jazz se côtoient. Mention spéciale au réputé saxophoniste de jazz François d’Amours qui a conçu les arrangements de saxophone baryton, ténor et soprano.
Ainsi, Sagot signe ici une autre œuvre définie qui gagne en valeur à chaque écoute ; un album qui s’agence bien aux charmes de la pénombre des fins de soirée.

4.5/5