Comme un gros buffet ‘All you can eat ‘

20 juin

Quel week-end en perspective ! On annonçait une température estivale, une orgie de groupes musicaux tous styles confondus, des reformations, plein de gens à rencontrer et un week-end loin des tracas de la vie quotidienne et des obligations familiales. Personnellement, j’étais dans un esprit assez « easygoing » pour cette édition 2014 de l’Amnesia Rockfest à Montebello.

Après avoir vaincu le trafic à l’approche du village de Montebello (plus de 2 h 45 à franchir 2,5 km), installé mon campement et récupéré mes accréditations, j’arrive enfin sur le site. Première constatation, il semble y avoir beaucoup d’amélioration. Les aires de circulation pour la foule sont grandement améliorées, il y a des endroits distincts pour les entrées et sorties des festivaliers. Les aires de restauration sont également placées à des endroits plus stratégiques. La logistique des scènes semble bonne (le site est diffèrent de l’an passé, les trois scènes principales forme un genre de gros demi-cercle, ma petite crainte par contre sera de voir s’il n’y aura pas de conflit de son. Pour les deux scènes secondaires, il y a eu certains concerts ou il a été plus difficile de se rapprocher. Finalement, pour le pipi du peuple, il y a des toilettes en quantité suffisante cette année ;). Pour notre part, en tant que média nous avons été bien accueillis et bien traités durant tout le week-end en ayant droit à un accès privilégié aux installations et aux spectacles, ce qui a beaucoup amélioré notre séjour.

Passons maintenant aux choses sérieuses, car nous sommes ici pour la musique!!! Le spectacle de Dance Laury Dance me sert de hors-d’œuvre. Le son est très fort et le groupe se donne à fond, il s’en dégage une grande énergie. Le chanteur Max Lemire est en pleine forme et réussi aisément à faire lever la foule. Dance Laury Dance vient de partir mon festival.

C’est maintenant l’heure de Cannibal Corspe, ce groupe de death metal américain dirigé par son leader Georges « Corpsegrinder » Fisher à la voix gutturale et au cou large comme un pneu. À chaque occasion que je vois le groupe en spectacle, je suis toujours épaté de la qualité d’exécution de leur musique. Ça fait drôle de voir un groupe de death jouer sans vraiment d’éclairage et ce, à la lumière du jour. Par contre, ça nous permet de voir la violence d’un moshpit des Cannibales 😉

Une foule nombreuse attend avec impatience NOFX. N’étant pas un fan du groupe, j’en profite pour aller au campement (soit environ 15 minutes de marche) histoire de me ravitailler et de m’abreuver. Il est plaisant de marcher sur la rue principale, voir cette faune colorée de joyeux festivaliers qui envahissent ce petit village de 900 âmes.

Je reviens juste à temps pour le début de Five Finger Death Punch, groupe de la génération des nouveaux groupes métal des années 2000 que j’apprends à apprécier… FFDP nous ont « groové » leur métal d’une manière agressive, le chanteur Ivan L. Moody a réussi à bien animer la foule. Le groupe s’est permis une belle reprise du groupe américain Bad Compagny… On s’apprête à avoir une belle soirée.

Un groupe que j’avais hâte de voir en spectacle était le groupe québécois Despised Icon. Une grande rentrée après plus de quatre ans d’absence et ils ne l’ont pas manqués. Le groupe nous assomme avec leur deathcore au son décapant, les jeux des guitares d’Éric Jarrin et de Ben Landreville sont très efficaces. On ressent les grosses caisses (ou bassdrums) vibrer dans nos tripes. Les musiciens de Despised Icon sont rapides et précis. Les voix des deux chanteurs viennent compléter le groupe à merveille. Une foule nombreuse s’en donne à cœur joie dans le moshpit, qui a été actif durant tout le set. Un de mes coups de cœur du weekend!!!

Megadeth sont maintenant les prochains à se produire sur scène. Leur prestation au Rockfest m’a laissé un peu sur mon appétit. Côté musique, je n’ai rien à dire, Dave Mustaine et ses comparses sont d’excellents musiciens. Les chansons et les solos sont joués d’une manière précise. Il n’y a pas eu de grandes fausses notes durant l’exécution. Mais on dirait que le concert semble être sans émotion, c’est froid et sans plaisir. C’est seulement à la 4e chanson que le bassiste Dave Ellefson s’adresse à la foule. Il y a très peu d’interaction et les chansons sont jouées très rapidement. J’ai même eu, quelques fois, de la difficulté à reconnaître le début de certaines chansons… peut-être l’endroit ou j’étais situé ? C’est en dépassant leur temps que le groupe s’est fait couper le son dans les derniers instants de leur rappel. Le groupe Reset (groupe emo) avait déjà débuté son spectacle sur la scène à côté.

J’ai écouté le spectacle de Weezer tout en jasant musique avec certains collègues alors que j’attendais à la scène ou allait se produire Mononc’Serge et Anonymus. Eux qui, la veille, avaient joué aux Francopholies de Montréal. J’avais vraiment hâte de les revoir en spectacle. J’ai toujours aimé voir l’énergie de ces deux groupes réunis. Petite confusion… le groupe doit arrêter son spectacle afin que Weezer puisse faire son rappel ce qui leur coupe un peu l’élan!!! Par contre, Mononc’ Serge et Anonymus sont revenus d’attaque en nous matraquant de leur métal décapant ; bien de chez nous.

Comme un soldat qui s’avoue vaincu, je quitte le festival jour 1 au son de Blink-182, n’étant pas assez fan pour rester. Il est temps d’aller prendre des forces pour le jour 2 qui s’annonce fort occupé !!!!

 

21 juin

Dur réveil, la nuit a été courte et pas très réparatrice. Ma première mission de la journée est d’aller me chercher un café histoire de me ramener sur terre ;). Un des plaisirs du Rockfest c’est aussi tous les petits à côté au-delà des spectacles : fraterniser avec tes voisins de campement, jaser avec les gens de Montebello, qui, profitant du week-end du festival, érigent de petits kiosques sur leur terrain pour vendre plein de trucs à manger et boire pour les festivaliers. Il y a vraiment une ambiance festive dans les rues de village. C’est également l’opportunité de côtoyer mes amis de Daily-Rock Québec durant le week-end. On a aussi la chance de fraterniser avec nos collègues des autres médias, il se crée de belles amitiés et de belles discussions. C’est un peu tout ça un weekend au Rockfest

Maintenant place à la musique de la deuxième journée. C‘est le groupe montréalais Heaven’s Cry qui a la charge ardue de rallumer les amplis pour cette deuxième journée. Pierre St-Jean et sa bande nous ont livré une belle performance de par leur métal progressif. Jouant leurs chansons complexes aux multiples changements de tempo, Heaven’s Cry  a réussi à mettre ma journée en marche. Le groupe a joué devant peu de monde compte tenu de l’heure; il est à peine midi et bon nombre de personnes sont encore sous les tentes, mais au fil de la prestation et attiré par le son,  la foule c’est mise à grossir peu à peu.

Faire le compte rendu d’un festival est un véritable marathon, car les horaires sont chargés, et quelques fois les groupes qu’on a envie de voir jouent à la même heure sur des scènes différentes. L’adage de Felix Leclerc s’applique alors très bien ici « Moi mes souliers ont beaucoup voyagés» !

Je suis allé voir le début du groupe de metal-hardcore Obey The Brave, j’ai malheureusement eu le temps que pour deux chansons puisqu’une autre scène m’attend, mais une chose que je retiens, ils sont très percutants sur scène. À revoir. Cette scène qui m’intéresse c’est celle d’Henry Rollins, ex-chanteur de Black Flag et Rollins Band, que je ne veux vraiment pas manquer. C’est sans instrument qu’il fera son entrée devant nous.  Depuis quelque temps déjà, Henry fait dans la création orale au lieu de spectacle musical, il raconte ainsi des parcelles de sa vie. C’est donc à un monologue qu’on a eu droit. Nous sommes tous là, sans bruit,  à écouter celui qui nous remémore, entre autres, sa première rencontre avec Ozzy et bien d’autres anecdotes, un beau moment du Rockfest.

Lorsque j’entends les premières notes de Cypress Hill, le fond de musique hip-hop me dit qu’il est temps de sortir du site pour aller manger. Je n’ai rien contre le groupe, mais je suis totalement incompatible avec tout ce qui a une résonnance rap, ce doit être mon âge 😉

Le groupe Primus, mené par son leader bassiste, le virtuose Les Claypool prend d’assaut la scène. Le groupe nous a offert ce qu’il fait de mieux en jouant une musique excentrique, des riffs de basse très funky parfois à tendance jazz et mixés avec un fond alternatif métal;  ça donne tout un mélange. J’ai trouvé que le spectacle de Primus était dans une classe à part. J’espère vraiment voir ce groupe en salle. Les Claypool s’est même permis de reprendre quelques minutes de la chanson 2112 du groupe canadien Rush.

On se dépêche pour se rendre au spectacle de Joan Jett & The Blackhearts, un authentique groupe rock & roll.  Joan Jett, cette ex-membre des Runaways nous a offert une prestation véridique et sincère. Les versions de Bad Reputation ,  Cherry Bomb  (reprise des Runaways) sont dignes de mention. Notons que parfois le poids de l’âge se fait sentir, mais malgré ce détail, l’énergie et surtout les sourires sur les visages des musiciens sont bien présents, un vrai plaisir à voir et entendre.

Le temps file, j’embraye mes chaussures et quitte Joan avant la fin de son spectacle pour aller voir un bout du spectacle d’Anonymus avec Marco Calliari. J’ai eu à peine le temps de voir la fin du spectacle, mais c’est fort ! (Carlos Araya nous avait confié que le son serait très fort, il avait raison). Ça me ramène quelques années en arrière. C’est bien plaisant de revoir Marco jouer avec son groupe de l’époque et la foule est très intense et participative.

Dans cette édition du Rockfest il y a un groupe que j’attendais avec impatience, soit les pionniers du black metal : le groupe légendaire Venom. Ce sont eux qui nous ont donné les fondations et tracé le chemin pour plusieurs groupes de black metal et de death metal. Je n’avais jamais eu la chance de les voir en spectacle et je n’ai pas été déçu. Jouant surtout ses classiques, tels que Black Metal, Welcome To Hell, Antechrist ; le groupe Venom nous a joué sa musique avec véracité et virilité. Le chanteur Cronos, semble très content d’être parmi nous nous le rappelant et nous remerciant à plusieurs reprises d’être présents. J’ai eu la chance d’échanger dans la journée quelques mots avec Cronos, il avait l’air beaucoup plus méchant sur ses photos d’albums dans les années 80 😉

Alice In Chains a livré une des bonnes performances du week-end. C’est un groupe que j’ai appris à connaître que dans les dernières années. Groupe culte du mouvement grunge des années 90 qui dès les premières notes, attire une immense foule, le son est vraiment excellent ainsi que le choix des pièces. Un de mes bons spectacles du week-end !

J’avais pourtant aimé la prestation de Glen Danzig,  ancien leader des Misfits , l’an passé au Heavy MTL, mais cette fois-ci, son spectacle ne m’a pas plus, j’avais de la difficulté à bien entendre sa voix. La pièce Last Caress  fut une des plus appréciées de la foule ainsi que le moment où Doyle est monté sur scène afin d’interpréter quelques titres avec le groupe. À noter que Glen a piqué une grosse colère au début, les photographes présents dans la foule se sont fait dégager par un membre de son équipe. Visiblement le monsieur n’aime pas se faire prendre en photos.

J’ai eu la chance de voir l’arrivée de Mötley Crüe au moment où ils s’apprêtaient à accéder à la scène, ça reste toujours un grand moment pour moi ! À voir l’état de Mick Mars à sa sortie de la voiture, il semble vraiment être souffrant. Il doit être aidé pour sortir de la voiture et pour gravir les escaliers menant à la scène, il a également besoin du soutien de deux personnes. Il faut se rappeler que Mick Mars a une maladie dégénérative des os.

Chaque membre du groupe arrive dans un véhicule séparé, Vince Neill est arrivé environ 30 minutes avant le spectacle tandis que les autres sont arrivés 5 minutes avant de monter sur scène. Personnellement, pour avoir vu le groupe à plusieurs reprises le spectacle que j’ai vu au Rockfest ressemblait plus à une répétition générale qu’à un spectacle !!! D’ailleurs Nikki Sixx a écrit sur son fil Twitter « le spectacle d’hier soir ne faisait pas partie de la tournée estivale, c’est un off festival concert» : est-ce pourquoi on a eu un spectacle sans grande passion sans grande communication? J’irai surement les voir plus tard cet été dans leur vraie tournée.  Disons que je suis resté sur ma faim.

L’édition 2014  du Rockfest se termine et j’en garde de très bons souvenirs. Les petites insatisfactions ou les critiques ont été largement dépassées par les plaisirs et les surprises durant ce week-end que déjà je commence à penser à la prochaine édition.

Texte : Nicholas Dumont