C’est par un petit samedi Saint assez venteux merci que je me suis déplacée au Métropolis pour aller célébrer la résurrection de Jésus avec Bad Religion. Après avoir attrapé mon billet accrédité et m’être obstinée avec le portier que mon appareil photo n’en était pas un professionnel, je suis enfin entrée avec dix petites minutes de retard et je me suis dirigée au deuxième étage, rejoindre les amis qui regardaient Polar Bear Club en première partie.

Donc, parlons-en. Polar Bear Club est un band qui s’est formé en 2005 entre Rochester et Syracuse. Une formation de New York finalement qui se donne dans un post hardcore et qui offre une sonorité, selon moi, semblable à celle de Hot Water Music et Against Me!. Malgré une foule qui se soit clairement réunie pour Bad Religion, nous ne pouvons pas dire que le groupe ne dégageait pas l’énergie nécessaire pour la faire lever. Le chanteur, Jimmy Stadt, entre autres, qui se plie littéralement en deux, dégage un charisme et un enthousiasme contagieux, qui malheureusement n’a pas eu l’effet escompté auprès des fans de Bad. Ceci dit, n’allez pas croire que la prestation était mauvaise, mais le public était bien au ralenti et laissait au par terre, un petit “pit” bien timide. Les amateurs de la formation, par contre, s’en donnaient à cœur joie sur le “dance floor” et avaient amplement l’espace suffisant pour vaquer à leur occupation. En considérant tout cela, je me questionne à savoir si Polar Bear Club était un choix judicieux pour accompagner Bad Religion en tournée? À vous d’en juger, mais je ne crois cependant pas que le band, hormis une solide performance, ait réussi à acquérir de nouveaux fans parmi la horde de gens qui était maintenant prête à accueillir la deuxième partie.

D’ailleurs, c’est en mangeant au Chuch Bistro, rue St-Denis, avant le spectacle, que mes comparses et moi avons appris, gracieuseté des internet et à notre grand étonnement, que The Bronx, remplaçait Against Me!, devant se désister pour des raisons personnelles. Alors, nous avons enfilé notre repas de tapas rapidement et nous nous sommes empressés de bouger nos corps lourdement remplis vers le Métropolis question de ne rien manquer. Aussitôt dit, aussitôt fait, avec quelques minutes de retard et après une première partie qui a tout juste fait de réchauffer la sauce, la formation de Los Angeles a mis la salle en totale ébullition et laissez-moi vous dire que la sauce est montée sur tout un temps. Effectivement, le groupe arrive sur scène avec une attitude “coup de poing” et ils savent très bien frapper au bon endroit pour gagner une foule qui, au départ, semblait incertaine. L’arrière-scène est d’ailleurs tapissée d’un énorme gorille aux yeux qui flashent rouges et qui porte “The Beat that Kills” comme slogan. C’est déchirant, c’est énergique, ça troue des culs un max. Matt Caughthran, entre deux gorgées de lait, s’évertue à nous baragouiner quelques mots en français et nous lance en pleine figure des “YEAH MOTHER FUCKERS” avant de se lancer lui-même dans la foule pendant la totalité de Heart Attack American, premier titre de leur premier LP. À ce moment, le public était complètement hypnotisé, totalement sous le charme et conquis. L’explosion attendue a bel et bien eu lieu et ça volait de tous bords, tous côtés. Un magnifique moment, de l’énergie à l’état brut. Il faut dire que Matt est quand même tout un numéro avec son style californien hardcore et doit être un des chanteurs les plus dynamiques que j’aille vus en spectacle de toute ma vie. Une belle réussite et fort est à gager que, contrairement à Polar Bear Club, The Bronx a réussi à se créer un nouveau noyau de fans.

The Bronx venait à peine de terminer leur essoufflante prestation que déjà la foule se massait fébrilement près de la scène en attendant l‘attraction principale. Comme à l’accoutumée, les éternels gros bras du Métropolis, figés derrière la clôture de sécurité se préparaient nerveusement pour une bonne heure et demie de “mosh pit” et de “bodysurfing” parce que oui, comme à chaque fois, Montréal sait recevoir ses convives de la façon qu’il se doit, c’est-à-dire avec entrain, déchéance et frénésie.

Les lumières se ferment, la foule se resserre et Brian Baker, un des deux guitaristes du groupe, se présente sur les planches en entamant les premières notes de The Past is Dead, deuxième titre de leur dernier opus True North. Les cris du public devant l’apparition du quintette enterrent maintenant pratiquement l’instrument de M. Baker qui est derechef rejoint par le chant de celui qui n’a plus besoin de présentation soit, Greg Graffin, leader de la formation. Un cours silence puis c’est parti pour un spectacle de Bad Religion comme je n’avais pas vu depuis for longtemps.
Tout y était. Malgré leur âge relativement avancé et leur immobilité presque absolue, l’énergie des membres était tout de même bien ressentie, mais c’est surtout leur plaisir de jouer que nous pouvions palper. Je crois qu’avec toute la fougue qui est déployée sur le nouvel album, les gars de BR ont retrouvé le petit quelque chose qui faisait d’eux les légendes que l’on connait. Leur prestation était digne de l’époque de Stranger Than Fiction, voire même du temps de la “Holy Trilogy“. De plus, leur “set list” était aussi remarquable, du grand art presque mathématique!

Bien entendu, succès commercial oblige, BR se devait de jouer leurs différents hits radio tels qu’American Jesus, Infected et Sorrow. Ces titres sont tous d’excellentes chansons, mais je préfère de loin entendre certaines pièces moins connues et à mon grand bonheur, ce fut le cas ce soir.

Nous avons eu droit à une délicieuse brochette de vieux classiques entrecoupée de nouveau matériel, au travers de laquelle plus ou moins sept titres du dernier album nous ont été livrés avec conviction. Je crois que même les plus fervents amateurs du groupe ont été rassasiés. En effet une bonne rétrospective de leur discographie nous a été proposée et des pièces comme We’re Only Gonna Die, Fuck Armageddon…This is Hell, Suffer, You, Sanity, Anastasia, Generator, Recipe for Hate et j’en passe ont été jouées avec toute la passion nécessaire.

La belle proximité des membres a aussi laissé place à quelques petites plaisanteries à propos du lapin de Pâques qui était en ville pour le weekend. Toutefois, on peut dire que l’interaction avec les spectateurs fût reléguée au second plan cette fois-ci et au-delà des quelques « Merci beaucoup » et « Bonjour Montréal « dans la langue de Molière, le groupe ne s’est pas étalé en de longs discours. De toute façon c’est bel et bien la musique de BR qui se voulait être l’invité d’honneur pour cette soirée qui restera dans les anales des bons shows punk rock de Montréal.

Texte : Val « Mam’zelle Bourasse » Longpré en collaboration avec Max « Coeur Noir » Laroche

Photo : Insolite Photographie