Lundi dernier, Montréal attendait avec impatience la venue du plus grand groupe de black metal de tous les temps: Behemoth. Depuis maintenant 25 ans, Nergal et sa troupe de musiciens aguerris sèment la dévastation partout à travers le monde. Ils réussissent à charmer le public et à conquérir de nouveaux horizons à chaque prestation. Behemoth s’amène donc à Montréal avec une réputation qui lui précède. Le groupe de black metal symphonique Myrkur a la tâche ingrate de réchauffer un public venu exclusivement pour savourer la tête d’affiche.

La formation est défendue par une chanteuse charismatique et mystérieuse. Sa voix douce et son jeu de piano enveloppent le public. Trois autres musiciens, maquillés en conséquence, joignent la demoiselle sur les planches du Corona. Myrkur valse entre un black metal classique, presque vétuste par moments, et un metal symphonique maîtrisé. Le groupe fait une distinction efficace entre les deux genres grâce à ses fréquentes envolées mélodiques. La demoiselle assure à la voix, possédant aussi bien un ton clair de chant classique qu’un hurlement aigu typique du métal noir. La foule, plutôt attentive que survoltée, semble savourer la prestation impressionnante de Myrkur. La formation a sans se tromper conquis plusieurs amateurs.

Behemoth entre en scène après de longues minutes d’anticipation, attendu avec ardeur par des centaines de fans affamés. La dimension théâtrale de la prestation du groupe est absolument magnifique. Nergal, cerveau créatif derrière l’entité esthétique qu’est son groupe, a réussi à mettre sur pied un concept solide et transcendant. De la classique bannière arrière jusqu’aux projections modernes, Behemoth construit son univers sans faire de compromis.

Il enchaîne les chansons de son album «The Satanist» avec un professionnalisme sans failles, sans démordre de sa construction scénique. Nergal est sans doute le plus grand «frontman» que le black metal ait connu et ça paraît: il enveloppe le Corona de son énergie occulte et soulève les passions riff après riff. La formation ne fait qu’un avec son esthétique.

Une fois The Satanist terminé, Behemoth se fait plaisir et performe une poignée de ses plus grands classiques. La messe noire se poursuit dans la tribulation et l’allégresse. Le Corona est en amour avec ces géants du black metal. Tous s’unissent sous la même bannière et scandent le nom de leur formation favorite. Un esprit de camaraderie règne et la soirée est mémorable.

Behemoth réussi depuis un quart de centenaire à vaincre l’assaut du temps. Le groupe repousse les limites établies par une scène metal saturée et archaïque en conservant les éléments indispensables du black metal, mais en insufflant un vent de modernisme à sa livraison.

Texte: Cédric Joly