À peine deux semaines se sont écoulées depuis la fin des Francofolies que le quartier des spectacles a revêtu de nouveau son habit de lumière. Des dizaines de stands et de scènes remplissent les rues, un nombre incalculable d’artistes et de groupes sont venus du monde entier et les Montréalais, eux, n’ont qu’à se laisser bercer par les douces notes de jazz qui vibrent au cœur de la ville. C’est parti pour un tour d’horizon, aux côtés de Daily-Rock.

Le Festival International de Jazz a mis les petits plats dans les grands pour sa 37e édition et cette année encore, de grands artistes sont venus animer les rues du centre-ville. Rufus Wainwright, Jamie Cullum, Lauryn Hill, Peter Bjorn & John, Kool & The Gang, Noel Gallagher, pour ne citer que les plus connus. La renommée du festival tient de par sa grandeur, mais aussi de par sa diversité culturelle et musicale.

29.06.2016
Début des festivités et quoi de mieux pour une mise en bouche que Cat Power – solo – au Métropolis? De quoi ravir les fans de la toute première heure. De son vrai nom Charlyn Marie Marshall, Cat Power c’est un petit bout de femme originaire du sud des États-Unis qui possède un solide bagage musical. Seule sur scène et parfois maladroite dans ses gestes et dans ses transitions entre chaque morceau, elle se rattrape alors très vite lorsqu’elle laisse sa voix nous envoûter et nous envelopper d’une chaleur dont elle seule a le secret. Malgré sa timidité, on sent que Cat Power est très reconnaissante de l’accueil des Montréalais et ne cache pas sa joie d’être avec nous ce soir-là. Plus la soirée avance, plus on se rend compte qu’être aussi agile sur les touches d’un piano qu’avec les cordes d’une guitare et emmener son public dans un autre monde seulement avec le son de sa voix, ce n’est pas donné à chaque artiste, et c’est ce qui rend Cat Power si unique. Le Métropolis semble être rempli de fins connaisseurs de la chanteuse et c’est religieusement que la foule l’écoute délivrer ses titres bruts les uns après les autres, notamment la mélodique Framboisier, je t’aime, une magnifique reprise de The Cure, Just Like Heaven ou encore I Don’t Blame You et Names. Premier gros nom du Jazz Fest et une soirée réussie pour une artiste de talent. Pendant ce temps-là, Sharon Jones se produisait sur la grande scène TD, place des Festivals. Difficile de faire un choix pour cette soirée d’ouverture.

01.07.2016
John Jacob Magistery au Savoy, c’était comme écouter sa bande de potes jouer des morceaux dans un garage: une ambiance détendue et bon enfant, de la bonne humeur et quelques bières. Un début de soirée idéal en somme. Originaire de Montréal, le groupe folk nous aura offert une musique relax, mais cependant bien servie, avec un style plutôt éclectique, tant avec la voix du chanteur que sur les instruments utilisés ; on notera le violon, intelligemment ajouté sur le titre Captain Of The Sea. Jouant dans une petite salle, John Jacob Magistery se sert de ce sentiment d’intimité pour aller interpréter deux titres parmi le public, qui appréciera ce moment de générosité et de partage à sa juste valeur. Une belle découverte.
On passe du coq à l’âne ensuite avec un groupe venu tout droit des États-Unis: Mariachi Flor de Toloache. Changement de décor et de style musical. Ce sont quatre superbes femmes de caractère, bourrées de talent, qui font leur apparition sur la scène Hyundai. Une musique chaleureuse aux couleurs mexicaines, leurs voix transperçantes et leur énergie débordante auront eu raison du mauvais temps qu’il faisait ce soir-là à Montréal. Si vous n’avez pas dansé ou senti votre corps bouger au son de leurs voix, vous avez loupé quelque chose.

02.07.2016
Une journée plus que chargée nous attend, surtout lorsqu’on connaît d’avance le programme musical de M. Rufus Wainwright. Mais avant de passer aux choses sérieuses, Ian Kelly – originaire de Montréal – nous donnait rendez-vous au Club Soda pour son spectacle baptisé Superfolk. Homme à tout faire, Ian Kelly jongle avec ses instruments comme personne: son harmonica, sa guitare et son drum bass. Et bien sûr, sa voix. C’est sur deux morceaux que le chanteur nous explique que des invités-surprises doivent venir chanter avec lui. On verra alors Paul Rossy (qui n’est autre que le pédiatre de son enfant) arriver sur scène afin d’interpréter deux morceaux avec lui puis Rob Lutes avec qui il jouera Take Me Home et Constancy (extrait de la discographie de ce dernier). De beaux duos pour une soirée placée sous le signe de la générosité. Pas question de quitter le Club Soda sans avoir entendu son très célèbre titre Montréal, applaudi par le public. Mention très bien pour Ian Kelly!

Vient ensuite un premier moment-clé du Festival International de Jazz: le retour de M. Rufus Wainwright « à la maison ». Une prestation plus que louable à la salle Wilfrid-Pelletier pour celui qui a toujours voulu présenter son opéra Prima Donna à Montréal. C’est maintenant chose faite. Rufus Wainwright, c’est une drôle de créature, dans le bon sens du terme. Curieux, éclectique, passionné et entier: c’est avec les mêmes termes que l’on pourrait qualifier sa brillante prestation. C’est donc avec son opéra que s’ouvre la soirée: l’opéra, de par sa complexité, n’est pas un spectacle à la portée de tous. Kathryn Guthrie, Lyne Fortin et Antonio Figueroa partageront la scène avec l’orchestre symphonique afin d’interpréter tour à tour leur composition vocale, accompagnée de visuels diffusés sur un écran juste derrière eux. Une mise en scène de 60 minutes bien pensée et remarquablement interprétée qui laisse maintenant place à Rufus Wainwright. Élégamment vêtu d’un ensemble signé Zaldi Goco, l’artiste aime parler avec son public, raconter des anecdotes, en bref, partager sa passion. Des titres, on en aura eu des bons ce soir, comme Little Sister, Vibrate ou encore une reprise en compagnie de sa sœur Martha, The Last Rose Of Summer. La reprise de Hallelujah par le clan Wainwright sonnera la fin d’une prestation sans aucune fausse note. Un retour aux sources couvert de succès pour cet amoureux de la langue française.

Le même soir se produisait également la talentueuse chanteuse mexicaine, Lila Downs, au Métropolis. Pleine d’énergie, c’est une des artistes fières de ses origines et de son pays qui veut à tout prix transmettre son amour et sa passion pour ses racines ; ce qui est tout à son honneur. Une artiste authentique, vivante et généreuse (la générosité est le mot d’ordre du Jazz Fest) qui aura su faire basculer les têtes et trembler les corps.

Jours pluvieux ne signifie pas jours malheureux. Bien que le temps ait été maussade pendant une bonne partie du festival, les artistes se sont relayés sur les différentes scènes de la Place des festivals afin d’apporter un rayon de soleil à leur façon, regroupant les Montréalais autour de la musique, comme l’a fait par exemple Jamie Callum sur la grande scène. Un concert gratuit et en plein air que la foule a su apprécier à sa juste valeur.

Au vu de la popularité des groupes présents les derniers jours du Jazz Fest, Daily-Rock n’a par exemple pas pu assister au concert de Ms. Lauryn Hill. Nul doute cependant que cette dernière a rejoué ses plus grands classiques de l’époque The Fugees, avec Killing Me Softly ou encore Ready Or Not. Enfin, un artiste – et pas des moindres – vient clôturer ce merveilleux festival et l’honneur revient à Noel Gallagher’s High Flying Birds. Ce nom doit vous parler. Qui n’a pas écouté Oasis dans sa jeunesse? Oui oui, c’est bien le Noel Gallagher d’Oasis qui donne une représentation à la salle Wilfrid-Pelletier, avec de nouveaux titres, mais aussi les anciens, comme Don’t Look Back In Anger ou encore Champagne Supernova. Certainement un beau moment pour les plus nostalgiques d’entre nous.

Le Festival de Jazz, c’est un peu comme les Francofolies. C’est une pléiade d’artistes venus du monde entier qui, malgré leurs différences musicales et culturelles, partagent les différentes scènes et apprennent les uns des autres. Pour la diversité, on pensera notamment à Makaya, originaire de Québec/Haïti, The Campbell Brothers des USA, Krar Collective (Éthiopie), Ginkgoa (USA/France), Sattas de Turquie ou encore Helsinki-Cotonou, un savoureux mélange entre la Finlande et le Bénin. Sans compter les dizaines d’autres artistes qui ont répondu présent afin de rendre cette 37e édition du festival inoubliable. À l’année prochaine pour encore, on l’espère, de belles surprises….

Texte: Marine Lardennois

En plus de prendre des photos, Manon nous livre aussi ses impressions accompagnée de celle d’Erik.

John Németh

C’est avec beaucoup d’enthousiasme que les fans de blues on accueillit John Németh sur la scène Bell au festival International de Jazz. Accompagné de quatre musiciens, dont un jeune guitariste très prometteur, Monsieur Németh s’en est donné à cœur joie en nous offrant ses airs de blues et des solos d’harmonica. Depuis ses débuts en 2004, il a produit plus de 8 album dont Name the day, Magic touch et Come & get it. Il a aussi reçu 5 nominations Blues Music Awards en 2013. Un spectacle haut en couleur qui a ravi la foule. MT

The Eagle Rock Gospel

Des expériences troublantes nous forcent parfois à revoir notre vie. C’est exactement après une dure rupture, une dissolution du groupe houleux et un voyage d’avion qualifié de terrifiant que Will Wadsworth recherche un moyen de refaire vivre sa passion pour la musique. Avec son colocataire Jeremy Horton ils invitent alors des amis à chanter des chansons gospel. Grâce à cette formule, un noyau finira par émerger pour finalement permettre la naissance d’une possible formation capable de se produire dans les clubs de Los Angeles. Avec seulement 5 personnes sur scène cette formation très minimaliste sonne comme un groupe beaucoup plus grand grâce à des voix très précises et des arrangements de guitares recherchées. Fan de Gospel ou pas, ce spectacle très bien rodé musicalement, énergique en vaut la peine. ES

Busty And The Bass

Formé à l’université McGill Busty and the Bass est un collectif elektrosoul/hip-hop qui combine le talent de 9 jeunes musiciens talentueux. Ce groupe a délivré une performance solide sur la scène TD du festival. De la musique très rythmée accompagnée de cuivres dignes des Earth Wind and Fire et de performances instrumentales sur des chansons rythmées dance, soul et à la fois hip-hop. Juste de la bonne musique pour un moment super agréable. Leur nouveau mini album lift est maintenant disponible. ES

They Call Me Rico

Québécois, mais maintenant habitant de Lyon Frédéric Pellerin alias They call me Rico était de passage vendredi le 01 juillet sur la scène Bell du festival international de Jazz. Même si ce dernier se spécialise dans le format « Homme-Orchestre » son approche n’est pourtant pas minimaliste. Sur une musique très rythmée et très énergique ce dernier nous offre une musique Blues très proche du rock autant dans sa structure que dans le son grâce entre autres à sa voix. Il le compare lui-même à des images comme vintage rock ou bande sonore de  » Road Movie ». Fort de 150 spectacles durant les 4 dernières années en France seulement, il est certain que ce dernier maitrise son art. Pour ce spectacle il a été accompagné de musiciens qui ont participé à l’enregistrement de son dernier album composé de 10 chansons originales. ES

Texte: Erik Simard, Manon Tremblay

Photos : Manon Tremblay