L’été s’achève alors que les festivaliers de la province se donnent un dernier rendez-vous downtown Jonquière afin de déguster un tout dernier festin à saveur de punk-rock. Le Déluge propose une programmation assez large de nouveaux et de plus anciens groupes qui défileront toute la fin de semaine dans quatre lieux différents.

VENDREDI

L’une des plus belles salles de spectacle de la province, La Place Nikitoutagan allait être le théâtre de l’art des vétérans Our Darkest Days et du quintette trash-métal de Lanaudière Reanimator. Le groupe fut comme toujours des plus divertissants avec une performance magistrale et infiniment lourde. Reanimator a atteint toute sa maturité avec les années de tournées et offre constamment des concerts d’une précision époustouflante. Xavier Caféine allait ensuite, selon ses dires, donner le meilleur concert de son année avec une formation en trio, plus sobre, avec lui-même à la basse. Nouvelle formule qui fonctionne tout à fait. Plusieurs vieux succès sont venus agrémenter la sauce alors que le public chantonnait toutes les paroles les bras en l’air. Le principal intéressé a réellement semblé y trouver son compte en affichant un sourire grand comme le ciel même si ce n’est pourtant pas très punk de sourire.

Alors que d’autres punks dehors avaient investi le parc pour enfants à proximité, les heures de performance m’auront permis d’aller capter un brin de Dance Laury Dance au Coté Cours et d’assister à l’une de ces légendaires débauches saguenéennes qui finissent toujours merveilleusement si bien. Alors que The Queers, l’une des têtes d’affiche du festival terminait la soirée sur la scène principale, les scènes secondaires allaient présenter des concerts jusqu’au last call. L’Hopera a été plein à craquer pour les concerts des Ordures Ioniques, Molly Rhythm de Philadelphie, et les courageux Cirrhose et Cendrier qui devait débuter à 2 h du matin. La soirée fut remarquablement bien arrosée tout en se terminant dans le chaos le mieux organisé qui soit avec la performance féroce et décapante des Cirrhosés.

SAMEDI

Le réveil fut abrupt pour la plupart des festivaliers, mais certains s’étaient tout de même donné rendez-vous sur la terrasse de La Voie Maltée où s’enchaîneraient à partir de l’après-midi trois artistes acoustiques, dont les fameux Matchup. La soirée s’annonçait déjà chaude alors que le centre-ville grouillait d’énergie et d’activité. Pourtant ce fut un peu long avant que La Place Nikitoutagan soit bien réchauffée pour le clou du festival; The Sainte-Catherines. Même OC45 dont on entend énormément de bien n’ont pas su souffler le public par leur performance pourtant très respectable. Lost Love a aussi réalisé le même constat devant un public un peu endormi et peu réceptif à leur pop-punk. Seul Exterio a réussi à faire sonner l’alarme, le groupe fut mémorable, Wall of death et double body-surfing en prime. Par l’expression double body-surfing je tente d’exprimer cette idée un peu folle de faire du body-surfing par-dessus quelqu’un qui fait déjà du body-surfing, dans ce cas-ci un enfant surélevé à bout de bras par un homme en body-surfing. Épique. La bande d’Hugo Mudie s’est présentée à six sur scène pour interpréter des pièces maintenant devenues des classiques du Punk-Rock québécois. Le concert en fut un d’énergique à souhait parsemé de niaiseries sur le golf et P.K. Subban. Les genoux du chanteur semblent avoir tenu le coup, lui qui s’en inquiétait, en semi-blague, sur ses réseaux sociaux. Le batteur Jonathan Bigras qui donnait son premier concert avec les Ste-4 à merveilleusement bien tiré son épingle du jeu pour son premier et probablement dernier concert avec le groupe qui nous le rappelons n’est pas montée sur scène depuis plusieurs années.

On peut peut-être se désoler un peu alors qu’on sait que le Music4Cancer avait lieu au même moment avec une programmation qui s’adresse définitivement au même public, et cela même si 500 kilomètres séparent les deux événements. Est-ce la preuve de la vitalité de notre scène, ou plutôt signe d’une certaine désorganisation? Je vous laisse en juger. Les organisateurs auront réussi malgré tout à attirer un assez grand public, fidèle et festif, pour la deuxième édition du Déluge, et nous leur en souhaitons plusieurs autres.

Texte: David Atman

Photo: Déluge Festival