Duchess SaysRien ne laissait présager un tel enchantement! D’abord la pluie glaciale de novembre comme compagne pendant l’attente de l’ouverture des portes prévue à 21 h, mais qui a tardé de longues minutes. Ensuite une salle bondée pour ne pas dire saturée de rockeurs déjà irrités par une trop grande proximité et par le fait que, mis à part à l’avant de la salle ou juchés sur les bancs longeant les murs, on n’y voyait RIEN! Enfin, l’attente, bien trop grande entre les prestations. En effet, les changements ont duré ce qui nous est apparu comme une éternité, que ce soit pour les Duchess Says ou We are Wolves. Difficile de voir ce qui s’y passait réellement, mais semble que le son ce soir là (à  moins que ce ne soit le gars du son, allez savoir!) ait fait son farouche.

Le show ouvrait avec Solids, groupe rock alternatif qui n’est pas sans rappeler les meilleures années SupPop. Malheureusement, comme je suis arrivée pendant leur prestation et que j’étais concentrée à me créer un espace vital, je n’ai pu leur offrir toute l’attention qu’ils méritaient. Je vous invite donc à visiter leur site bandcamp solids.bandcamp.com.

Il devait être autour de 23 h 30 quand Duchess Says a enfin foulé la scène. L’attente en aura toutefois valu la peine. Première manifestation de la magie du rock and roll; A-Claude était survoltée! Une énergie qui rappelle une certaine Kathleen Hanna (Julie Ruin, Bikini Kills, Le Tigre) ou même une Peaches au sommet de sa forme; elle gueule, danse, grimace, elle est possédée et contagieuse! On en redemandait! Elle a perdu son verre de contact, l’a remis, a surfé la foule… Jamais au détriment de la prestation, au contraire, il se dégageait une grande aisance de ce groupe qui fête ses 10 ans cette année. Les pièces enlevantes se sont succédées et ont transporté un public conquis dans ce que devrait toujours être une expérience punk rock réussie! Volume, transe, défoulement, sueur… Tout y était!

Parfaite mise en bouche pour ce qui allait être le clou de la soirée, la cerise sur le sundae, l’apogée, le summum. We are Wolves est entré sur une scène déficiente en son et en éclairage; Vincent plongé dans la pénombre, le micro coupé et des micros de guitares et de basse branchés on ne sait où. Qu’à cela ne tienne, rien pour arrêter les Loups qui n’ont jamais failli à la tâche! Chaque rencontre avec le groupe est un happening. Rapidement, on ne peut plus faire la distinction entre l’énergie qui appartient au trio et celle des agneaux. Les battements de cœurs, les cris, voix, les corps se mêlent à la musique, on danse, on saute, on se perd, en proie à l’excitation causée par la force primitive du groupe. Aucune chanson ne nous laisse tomber, c’est une décharge totale du corps et de l’esprit. We are Wolves nous a encore une fois servi sur un plateau d’argent trash quelques-unes de leurs meilleures créations du dernier album, mais aussi des précédents : Walk away walk, Paloma, Fight and kiss, As the moon sets (ze hit!) et autres Coconut night ce sont enchainées. Pendant plus d’une heure, Alexander Ortiz nous a livré chaque mot avec l’intensité et l’énergie punk et brute qu’on lui connait. Il nous aurait été impossible de réprimer l’envie, si ce n’est le besoin viscéral de se laisser mouvoir par les battements de mesures de ces artistes multidisciplinaires pour qui la musique n’est qu’une autre manière irrépressible de s’exprimer.  À la fin du concert soudainement (à moins que ce ne soit encore la magie), Vincent a retrouvé la voix pour notre plus grand plaisir! Court rappel, on nous a laissés sur une adaptation de Paranoid de Black Sabbath. Évidemment efficace!

C’est les tempes battantes, le sourire aux lèvres et le cœur ravi par un trio de canidés que nous avons repris la route.

« Si c’est magique, c’est que c’est sûrement des magiciens. »

Texte : ZsaZsa d’Abord