Le monument national, une autre salle majestueuse que Montréal a à nous offrir. Ayant passé la journée debout je fus très heureux de me souvenir que je serai assis pour ce concert qui promet d’être très explosif et riche musicalement. Mike Stern, aux côtés de ses comparses Randy Brecker (trompette), Dennis Chambers (batterie) et Tom Kennedy (basse), nous promet une soirée des plus électrisantes. Ces virtuoses n’ont plus rien à prouver à quiconque. Nous avons droit à une équipe de stars du jazz fusion.

Mais avant tout, un duo montréalais avait la lourde tâche de divertir nos sens et de nous préparer au meilleur à venir. Ce duo constitué de Jérôme Beaulieu (piano) hummm, il me dit quelque chose! Mais oui, il était du quartet de Hichem Khalfa avant-hier (!!!), et de son comparse François Jalbert à la guitare acoustique, nous propose un jazz très visuel, très communicatif et poétique.

Ils nous livrent plusieurs pièces de leur album «This is a real place» à l’exception de sleeping buffalo, composée par François Jalbert lors de sa résidence à Banff voilà quelques années.

On ne fait pas connaissance avec eux que par leur musique, mais aussi en partageant quelque peu des bribes de leurs vies et de leur humour taquin léger. De sympathiques gaillards.

François Jalbert a un style quelque peu «manouche» ou «gypsy», Jérôme fait défiler les notes aisément et avec assurance. Le duo est limpide et très divertissant. Que ce soit de la pièce «Muffin», qui relate un matin ensoleiller où l’on peut presque humer le café ou de l’inquiétante «Le brouillard», d’un titre comme «Le dépanneur» inspiré d’un bistro dans le Mile-End où ils ont tourné un clip, on aime se laisser entraîner dans leurs compositions grandioses en toute simplicité sans être toutefois lourd ou académique. Une excellente prestation fût offerte et beaucoup de gens se demandaient pourquoi ils ne les connaissaient pas avant ce soir lors de l’entracte. J’en profitai pour mettre la main sur leur album! Je retourne à mon siège analyser et lire la pochette de ce nouveau cd.

Un homme frêle, cheveux dans le visage et guitare à la main arrive sur scène. Je ne le reconnais pas instantanément, mais aussitôt que son sourire radieux et contagieux se projette sur l’audience, je le reconnais aussitôt! Ce cher Mike! Arrivent ensuite un par un ses congénères sous une foule enjouée et excitée de les voir partager cette scène.

Avec une performance de près de 1 h 30, nous avons eu droit à des classiques comme «Chromazone», «Red house», «out of the blue» pour n’en nommer quelques-uns.

Randy Brecker nous parla un peu de Trump avant de nous jouer sa chanson «dipshit» au grand plaisir de ces fans. Le jeu de Tom Kennedy était exceptionnel, si naturel et semblait si facile, du vrai art sous la clef de Fa. Dennis Chambers, nous émerveilla à plusieurs reprises lors de passages très groovy et énergiques, mordant et qui punchent à souhait. J’avais pour ma part une certaine appréhension de ce qu’allait donner cette brochette de virtuoses, mais somme toute mes craintes se sont dissipées dès la fin de leur première chanson.

Un autre concert mémorable digne de ces maîtres du genre. Les attentes furent comblées et le public en redemandait! Mr Stern, Montréal vous remercie! Revenez et nous y serons! Merci!

Texte: Martin Desbois