Contrairement à la soirée précédente, le rideau se lève pile à l’heure et la présentation du déroulement de la soirée se fait devant une foule parsemée, mais enthousiaste. La trentaine de spectateurs aura aisément pu trouver une place assise aux tables nappées de rouge pour l’occasion. Backdoor Fairy Tales nous présente un défilé de mode aussi théâtral qu’osé. Les modèles masculins et féminins aux traits vivement soulignés par le maquillage de scène nous offrent une performance haute en émotions. Parmi les tenues et les accessoires qui nous sont présentés se trouvent chaînes, cuir, muselière et corsets. Bref, le nécessaire de base pour une soirée bien remplie dans la chambre rouge des 50 nuances de Gray.

L’utilisation du fouet sur les fesses nues d’un soumis tenu en laisse me fait m’interroger sur la suite. Ils en restent cependant aux caresses et ne s’aventurent pas dans l’explicite. La musique, qui vibre du plancher aux chaises et qui résonne dans nos organes accompagne leurs mouvements et nous plonge dans une ambiance ténébreuse.

Les présentations, souvent en anglais, manquent un peu de fluidité, mais sont assez enthousiastes pour convaincre la foule qui s’exclame et applaudit. Goddess Mai nous démontre ses talents de noueuse professionnelle alors que sa modèle captive, ondule sur la trame sonore. Ficelée comme un jambon des épaules aux mollets, elle se laisse suspendre à l’arche tandis que sa dominatrice s’amuse à faire couler de la cire chaude sur son corps, un classique. Les temps de pause entre les chansons laissent des silences qui rompent un peu l’atmosphère, mais en jetant un oeil à l’assistance, on y replonge vite: presque tout le monde s’est « habillé » en conséquence.

Un court entracte permet aux convives de se ravitailler en vin et autres élixirs. La prochaine performance s’avère être plutôt une démonstration. La musique a baissé de volume et Lew Rubens s’attaque à sa magnifique modèle aux seins nus tout en prenant soin de nous entretenir dans son micro-casque de tout ce qui lui passe par la tête. Il nous explique qu’il s’apprête à transformer la jeune femme en pantin vivant. À ce stade de la soirée, on s’est habitué à l’étrangeté de la situation et on trouve tout à fait normal de voir une femme à demi nue retenue par les mains et les jambes à l’aide d’une corde d’un rose dégradé qui la suspend à une arche à plusieurs centimètres du sol. Une fois bien attachée, elle exécute une série de figures impressionnantes dignes d’une acrobate.

Suite à cette performance alliant cirque et « bondage », nous voilà en présence de Detroit Diesel formé d’une DJ et d’un chanteur-chuchoteur qui s’efforce de faire bouger son public au moyen de gesticulations. Il se montre déçu par le manque de participation, mais ne se laisse pas abattre pour autant et poursuit sa danse d’un bout à l’autre de la scène. C’est ce qu’on appelle occuper l’espace ! Je n’attends pas la fin de la soirée pour m’en aller, celle-ci devant se prolonger jusqu’aux petites heures du matin. Espérons qu’il y ait eu quelques danseurs pour appuyer la performance.

Finalement, les amateurs de BDSM ne forment encore qu’une infime communauté dans la ville de Québec. Je croyais pourtant que le récent engouement pour cette culture aurait suffi à soulever la curiosité du public pour ce genre d’événement. Malgré le très faible taux de participation, cette soirée aura définitivement laissé une trace dans l’imaginaire des convives.

Texte et photos: Jessica Dufour