Je me rends à la Vitrola au 4602 boulevard Saint-Laurent, nouvelle salle de spectacle ouverte en avril dernier. Sur la route, je croise énormément de barbu. C’est un peu chaud pour l’été, non?

Est-ce que la barbe c’est mauvais pour les allergies? Bof, Ce n’est pas vraiment important, les Fresh & Onlys sont là pour la musique. Après cinq albums, le groupe de San Francisco  semble maintenant être dans sa zone de confort, dans un registre new-garage-de-luxe-souterrain-wave, pour ceux qui aiment les néologismes de genres improbables.

Moins jeune et désinvolte que Ty Segall, moins vindicatif et incisif que les Oh Sees (leurs cousins californiens), les Fresh & Onlys évoluent. C’est leur truc. Du rock crasseux, des débuts en passant par la chanson pop-acide au virage folk presque country, jusqu’au nouveau son très pop 80, presque new-wave. Tout ça en six ans! Le groupe traine dans sa brouette des influences aussi disparates que les Smith, Telescopes et Chocolate Watchband. Étrange combinaison mais le mariage est aussi savoureux que celui du bacon et du fromage… Mais attention aux excès!

Après avoir épuisé mon budget recherche en t-shirts et en vinyles, il me reste seulement quelques grosses cennes (des 2$ pis des 1$) pour les liquides. AAh, la table des marchandises…

C’est le groupe Heat de Montréal qui ouvre plutôt bien la soirée. La formation est fortement influencée par le New-York des années 60-70, des Lou Reed, Modern Lovers et Television. Dommage que le groupe doive quitter la scène pour un problème technique. À suivre…

La prestation des F & O commence plutôt bien, avec Summer Of Love et Waterfall, deux hits du 3ième album Play It Strange. Par la suite les choses se gâtent. La bande de Tim Cohen interprète presque entièrement le 5ième disque devant un publique peu réceptif. Le spectacle ne quitte jamais le sol et le groupe ne semble pas vouloir jouer ses vieux tubes. Plusieurs spectateurs quittent avant la fin. Enfin, il faut bien roder le nouveau matériel. Par moment, c’est le brouillard niveau son. C’est comme avoir les oreilles pleines de patates pillées. Est-ce une nouvelle influence shoegazing ou tout simplement une mauvaise prise de son?

Le leader du groupe, le chanteur Tim Cohen, abuse légèrement des lamentations à la Morrissey. Le reverb est maintenant omniprésent dans la voix du grand barbu.  À la guitare, Wymond Miles (négociable à la table des marchandises) semble avoir été peigné par Katrina, l’ouragan. L’homme à la Jaguar ne prend pas de pause et démontre un savoir-faire hors-norme au doigté.

Il faut attendre la fin du spectacle et le rappel pour entendre quelques pièces plus anciennes comme Who Needs A Man. Malgré tout, le groupe reste impliqué à fond, très respectueux et généreux pour les spectateurs qui sont restés.

Dommage car le groupe possède un vaste répertoire : 5 disques et une pléthore de singles. Il faut parfois jouer les nouvelles pièces avec parcimonie et éviter de perdre le publique dans un laïus musical. Un bel exemple d’anticonformisme?

 Texte : Fred Lareau

Photo : Facebook