Le Mtelus était tout souriant en ce 8 septembre 2022. Les « gawa » avaient sorti leur plus bel accoutrement pour célébrer cette fin de saison et l’avant dernière date de tournée des célèbres Quebec Redneck Bluegrass Project avant leur spectacle complet à Joliette du 24 septembre. L’été fut dur à battre pour le groupe mais aussi pour l’ensemble de la communauté qui fut encabané deux ans et plus par la santé publique. Tsé, quand ça va ben!

L’affiche proposait déjà en soit un trio digne d’un match des étoiles; bien trop fort pour la ligue. Ça allait sans aucun doute attirer un vaste auditoire de fêtards dévergondés qui se sont d’ailleurs probablement tous croisés quelque part sur les routes de la Côte-Nord ou de la Gaspésie il y a à peine quelques semaines. Il ne suffisait que d’une étincelle pour faire imploser l’énergie, finalement la torche aura été allumée toute la veillée.

Zébulon assis sur des tabourets avec une guitare acoustique et un kit de percussions sans cymbale n’ont pas eu à se démener bien longtemps pour captiver le parterre déjà complet. La profondeur des compositions -les accords jazz, les rythmiques peu conventionnelles et décomplexées- et des textes prouvent dès les premières mesures que ce spectacle présentera trois têtes d’affiches d’une complémentarité déconcertante. La troupe de Marc Déry interpréta une heure de succès comme si de rien était. Alors que l’ambiance était déjà bien survoltée, le groupe termina sa performance par « Adrénaline » et « Marie-Louise » ce qui quintupla d’un trait l’euphorie générale présente à l’intérieur de la salle de concert.

Les Hôtesses d’Hilaire allait prendre le relais avec, une fois de plus, une performance disjonctée rappelant la belle époque du psychédélisme et du Rock-Progressif. Le quintette Acadien a d’ailleurs pu bénéficier de la meilleure qualité sonore de la soirée. Même si la popularité du groupe envers le grand public reste encore à faire, une belle grande horde de fans fidèles s’entassait sur le parterre du Mtelus encore bien plein, il va sans dire. Les Hôtesses d’Hilaire laisse parfois dubitatif le mélomane non averti. Le groupe ne plaît pas à tous et ne tente pas de plaire à tous non plus. J’avais en 2017 qualifié leur opéra-rock Viens avec moi « d’album parfait rempli de défauts. Nos défauts. » et en 2015 j’avais comparé leur album Touche-moi pas là à un parfait trip psychédélique dans la pure veine de Jim Morrison, mais le dernier album m’a un peu moins marqué. Va savoir pourquoi puisqu’il est tout de même absolument succulent. Le groupe donna une merveilleuse performance de Rock ‘N Roll avec beaucoup d’énergie et une grande maîtrise du sens du spectacle. Malgré tout, certains morceaux tombent un peu à plat principalement lorsque Brideau se laisse aller avec un ton plus déclamatif (spoken-word). Les spectateurs perdent vite le fil de l’histoire qui leur est racontée et se laisse aisément distraire. Ces pièces ont peut-être plus de résonance sur album que dans un spectacle Rock bruyant et festif. Avant de conclure leur spectacle avec Regarde-moi, une grande grande chanson, les Hôtesses d’Hilaire ont transformé le Mtelus en un plancher de danse de 1992 en interprétant un medley des plus surprenants digne d’un « Dance Mix ». Voir des punks et des hippies danser leur vie comme si c’était la dernière soirée du monde sur « Whoop, there it is » et autres classiques depuis longtemps oubliés fut une expérience déconcertante et amusante.

QRBP n’a plus de besoin de présentation depuis que la pièce Chu ben plus cool su’a brosse s’est imposée comme nouvel hymne national de toute une génération en 2010. Avant même les premières notes du spectacle, la motoneige qui sert de décor aura reçu une chaude pluie d’applaudissement. Comme symbole, avec le Ski-Doo, on ne fait pas plus Québécois que ça. Dès l’arrivée sur scène des quatre musiciens, le bodysurfing a débuté. La foule s’est enflammée du début à la fin du spectacle, sans temps mort, alors que le groupe semblait absolument enjoué d’être présent. Le public connaît les paroles par coeur, et comme les Beatles en 66, le volume de la foule supplante parfois le son de la scène. Nous sommes dans une escalade de décibels qui ne cessera jamais tant que les maîtres d’orchestre n’en auront pas décidé autrement. Seule anicroche, le son général un peu décevant, mais aussi que ma pièce préférée West Bengal n’aura été interprété qu’en partie. Le public s’est fait promettre un retour l’an prochain, gageons que peu oublieront.