Froid sale et humide, la température idéale pour un programme tout texan avec rien de moins que Roky Ericksson, membre fondateur des 13Th Floor Elevators, en première partie des hypnotiques The Black Angels. Ça fait beaucoup de barbes et en général les barbus aiment la bière c’est donc une bonne affaire pour le Corona

Roky fait son apparition sur scène, l’air un peu confus comme s’il venait de s‘échapper du monde des frères Grimms. Il faut comprendre que le bonhomme est un rescapé du système psychiatrique expérimental des années 60-70, cocktail de thorazine et d’électrochocs. Il y avait été interné pour possession de drogues!! Erickson est surprenant, bonne élocution, voix puissante il est accompagné d’un groupe qui assure, mais reste dans l’ombre. Après avoir interprété plusieurs pièces de son répertoire solo portant presque exclusivement sur les créatures maléfiques qui l’entoure, Two headed dog, Night of the Vampire, I Walked With a Zombie (il serait peut-être temps de changer de quartier), Roky s’arrête. Il est chaleureusement applaudi et visiblement touché, c’est un homme très sensible.

Avant de quitter la scène le joufflu rockeur électrifie littéralement le Corona avec la pièce « Youre Gonna Miss Me » des 13th Floor Elevators un morceau de pavé en plein dans la gueule!! Il manquait juste Tommy Hall et sa cruche électrique.

Pour ceux qui ne connaissent pas le bonhomme il faut s’y mettre immédiatement avec au moins « The Psychedelic Sound of 13th Floor Elevator » 1er album du groupe le séminal du rock sale et crasseux.

Les Blacks Angels arrivent sur scène, projections psychédéliques à la V.U. en toile de fond, le groupe d’Austin ne tarde pas à rugir. Leur rock est un mélange cosmique entre Spacemen 3 et les Seeds de Sky Saxon ils sont associés à la scène néo psychedelia, mais on s’en branle, ils sont tout simplement magistraux. Alex Maas avec son timbre de voix au débit lent et inquiétant rappel étrangement Grace Slick des Jefferson Airplane avec un peu plus de pilosité faciale.

Un son puissant envahi le Corona, un opaque mur de décibel façon shogazing, le public est médusé, dans un état cathartique, bouge peu. Le groupe interprète les succès de Passover, Young man dead, First Vietnamese War, et autres Bad Vibrations, River of Blood de l’album Phosphene Dream. Peu d’extrait de Direction to See a Ghost au programme. Les pièces du dernier album Indigo Meadows passe moins bien le test du live, peut-être que l’attachement aux autres albums est trop fort, et moi je suis un cœur tendre.

Le groupe assure une présence scénique sobre et charismatique sans tomber dans un délire de galipettes inutiles

Seul bémol: le trop long moment de sitar en fin de spectacle, j’ai abandonné mon Perrier et mes petites limettes sur le comptoir pour aller chercher mon manteau. C’est à moitié sourd que je suis retourné dans la froide réalité de l’hiver. Flûte de tab….!

Texte : Fred Lareau

Photo : Facebook