En ce vendredi merveilleux, c’est comme juillet en septembre. Est-ce l’été indien? Je ne sais pas trop. Je ne connais pas les règlements. Les oiseaux et les clodos planent, le jour passe, l’obscurité ramène la fange. Le vent transporte des odeurs de frites et de cigarette. Un homme qui hurle nous annonce le retour de Jésus, rien de moins. Avec mes potes, je me dirige lentement vers le Club Soda.

Ce soir, les Black Lips nous rendent visite, pour une 2ième fois cette année. Suite au départ du guitariste Ian Saint-Pé, parti repeupler la Géorgie, le groupe retrouve un ancien membre, Jack Hines. Le musicien est de retour avec l’infâme bande d’Atlanta après quelques années passées entre les K-Holes et X-Ray Eyeballs.

King Khan & BBQ Show

En 1er partie, le toujours flamboyant duo King Khan & BBQ Show, laisse toute forme de dignité loin derrière… Toujours à moitié à poils sur scène, les ex-Spaceshits se donnent à fond. Après une brève intro, des hurlements de la mort et quelques gracieux pas de danse, les dodus musiker lancent Fish Fight. Le hit du 1er album explose dans la gueule et sème la frénésie. Une bonne quinzaine de pièces seront joués dans la joie, dont les classiques Waddin Around, Zombies, Lonely Boy et une nouveauté, We Are The Champions. Les spectateurs sont heureux de retrouver les deux montréalais, expatriés en Allemagne. Leur recette parfaite de rock primitif disjoncté ne laisse personne sur les lignes de côté. Brillante démonstration de savoir faire et d’originalité, un parfait métissage des genres (punk, soul, doo-wop, garage.) Dans le métier depuis presque 20 ans les vétérans maitrisent leurs instruments. Dans un style qui peut parfois sembler brouillon, la synchronisation est parfaite, des vrais frères siamois!

Les Black Lips, quoi? Encore eux!

Constamment en tournée, ils sont partout, ont-ils des clones? Du ciment dans le ventre? Prennent-ils des vitamines Pierrafeux? Serait-ce des robots? Personne n’a de réponse. Pas même la science… En tout cas les gars sont visiblement en meilleure forme et plus impliqués que la dernière fois. Un show moyen en plein lundi de Pâques. C’était probablement juste un mauvais soir, ce qui est très rare de la part du groupe réputé pour être le hardest working band.

Fidèle à ses habitudes le quartette ouvre la soirée avec Sea Of Blasphemy, hymne au désordre du 3ième album, Let It Bloom. Suivent Family Tree, Funny, Smiling, Short Fuse. Même de très vieux glaviots, comme Ain’t No Deal, Can’t Dance et Dirty Hands sont joués. La soirée décolle encore plus avec les très festives O Katrina, Cold Hands (celle-là je l’adore!) et Bad Kids, habituelle invitation à foutre le bordel. Suit l’inquiétante Boys In The Woods, agrémenté de projections, le hitze du dernier rejeton cartonne à fond. Aussi, leur hommage à Jacques Dutronc, Hippie Hippie Hoorah en faux français. Et j’en passe…C’est joué n’importe comment mais avec beaucoup de cœur. C’est comme ça les Black Lips, de la musique d’attardés jouée par des gars brillants. Pendant le spectacle, Cole se fait piquer sa petite tuque grise par un spectateur hystérique monté sur scène. Fâché, il s’accroche au voleur et plonge dans la foule sans lâcher sa guitare… Un moment spectaculaire!

Au rappel, c’est évidemment les Almigthy Defenders qui montent sur scène. Super-groupe constitué des Black Lips et du King Khan & BBQ Show, formé en 2009, lors d’une visite des Black Lips chez leurs potes à Berlin. Selon la légende, l’album à été enregistré en cinq jours. Le résultat est un amalgame de soul-punk-gospel… Étrange mélange non? Mais c’est joyeux et ça termine très bien la soirée.

Tout le monde est content. Le Club Soda se vide. En avant, près du stage, il y a des sacoches, des téléphones et un peu de vomi… Comme d’habitude!

Remarqués à la table des marchandises : t-shirts et affiches des Black Lips, avec une version noire de Beavis et Butthead, illustrations de Luc Paradis, un artiste montréalais originaire de la Colombie Britannique.

Texte : Fred Lareau