C’est chaud, c’est grunge, ça vient de Genève et il y a une femme dedans. Cette chronique n’a pas encore débuté que DISAGONY m’interdit d’office trois sujets : les impôts, l’emmenthal et Courtney Love. En 2014, nous nous heurtons à un amas d’enjeux philosophico-éthico-sexiste, il faudra s’y faire.

Comment alors écrire sur un groupe de rock alternatif mené par une femme sans tomber dans le cliché Courtney Jett ou Joan Love? Laissons la trivialité aux mosh-pits où l’équation guitare/nichons pousse systématiquement quelques poilus bordés dans leur t-shirt Iron Maiden Tour 1983 délavé à lâcher de lapidaires « à poils » sur un ton malicieux et contournons les obstacles en parlant musique, quitte à choquer. En 2014, on provoque, on dénonce, on laisse libre cour à notre fantaisie.

Écouter Venom Dish, c’est finir une bouteille de scotch dans une danse lascive sur une compilation Lollapalooza, seul dans son salon enfumé. On y trouve des réminiscences d’à la fois tout et rien de cette époque de chômage, de distorsion et de drogues de synthèse.

Familières sans l’être, les pièces de ce premier album font office de parfaite bande-sonore pour les derniers résistants de la génération Y. Un état de fait visiblement assumé dès le deuxième titre Wild Generation Y.

Douze morceaux durant, les guitares très noise se jouent de la très efficace section rythmique. Ça groove, ça frappe, ça fuzze sans jamais perdre un pouvoir mélodique incontestable. La première écoute donnerait trop vite envie de reprocher une certaine facilité à l’ensemble. Erreur! Une belle quantité de trouvailles dans les arrangements plutôt subtils –relativement, ça reste du hard- causera un effet boomerang pan-dans-les-dents au critique peu attentif. Une seconde écoute du premier simple Stop Rewind éclairera sa lanterne.

Les morceaux sont efficaces, joués à la fois avec fougue et je-m’en-foutisme. Un état d’esprit très incarné dans la voix de Lynn, entre la rage sarcastique et le punk désabusé « Je sais bien que No Future, mais je m’en fous. »

C’est probablement ça qui donne sa fraîcheur à Venom Dish. Les influences multiples de deux décennies d’alternatif semblent pas mal digérées et mises bout à bout sans douleur, sans questionnement, sans peur du cliché.

Et comme il fallait tout de même finr par le dire : qu’on le veuille ou non, une voix de femme apporte toujours un peu de subtilité dans ce monde de brutes, laissant couler de source aussi bien une respiration bien sentie comme Spirit Mechanism qu’un rouleau compresseur comme  No Gold But Your Eyes. Fromagefiscchocolathorlogerie. Ouf.   

Texte : Marien Joly

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