Un groupe qui fête ses 50 ans d’existence n’est pas chose commune quand on pense que seulement 4 groupes peuvent s’en vanter. Qui sont ces groupes? Évidemment les Rolling Stone, ensuite les Who, les Beach Boys et pour terminer, Scorpions. Ça vous surprend un peu d’apprendre ça?
Et bien, sachez que le groupe célébrera ses 50 ans en lançant un nouveau disque le 11 septembre, et sera en tournée nord-américaine cet automne. Cette tournée s’arrêtera bien sûr à Montréal le 19 septembre (billets sur evenko).

J’ai eu le bonheur et le plaisir d’interviewer Matthias Jabs des Scorpions la semaine dernière, où il me parle de l’histoire de Scorpions, le nouvel album, l’évolution de la musique à travers le temps, et bien sûr de la nouvelle tournée qui arrive vite.

Voici donc cette entrevue.

En collaboration avec www.rock-fm.ca, l’entrevue sera diffusée au complet durant mon émission de radio «Thorn of rock» le 9 septembre entre 20 heures et minuit.

Matthias Jabs:
Hello!!!!!!!

Daily-Rock Québec:
Hello Matthias comment vas-tu?

MJ:
Très bien merci et toi?

DRQ:
Comment est la température en Allemagne aujourd’hui?

MJ:
C’est l’été aujourd’hui…. il fait beau… il fait chaud….. c’est magnifique!

DRQ:
L’été est partout n’est-ce pas?

MJ:
Où es-tu exactement?

DRQ:
Je suis à Montréal, au Québec.

MJ:
Montréal….OK…. super!

DRQ:
Tu viens d’ailleurs nous visiter très bientôt…..

MJ:
Je sais, je sais…..

DRQ:
Montréal a toujours été une bonne ville pour Scorpions n’est-ce pas?

MJ:
Absolument! Des fans fantastiques là-bas, nous avons toujours été très bien accueillis. C’est une magnifique ville pour tout dire. Une belle ville francophone. Je parle un peu français moi-même. Mais les Canadiens l’ont changé un peu au cours des années…. et ça me prend quelques jours là-bas pour vous comprendre.

DRQ:
Québec est une parcelle d’Europe en Amérique du Nord n’est-ce pas?

MJ:
Oui… absolument. Vous avez toujours été fantastiques avec nous. Montréal….. la ville de Québec, toujours aussi fantastique d’y revenir. Et j’ai entendu du promoteur que certaines sections du Centre Bell seront ajoutées, car la demande pour les billets est excellente.

DRQ:
WOW! Super…. car après tant d’années ensemble, c’est bien de savoir que les spectateurs sont encore là. 50 ans de carrière…. il n’y a seulement que trois autres groupes qui sont encore ensemble après 50 ans…..Les Rolling Stones, Les Who, Les Beach Boys et vous.

MJ:
Exact….. les Beach Boys (rires)

DRQ:
Comment tu te sens d’être parmi ces trois groupes?

MJ:
C’est vraiment incroyable. Tu sais, Rudolf Schenker a formé le groupe en 1965 quand il était à l’école. Klaus se joint à lui en 1970…. et moi en 1978. Donc pour moi, je suis présent seulement depuis quelques trente années…..

DRQ:
Oui c’est ça……SEULEMENT trente quelques années…. (rires)

MJ:
Oui….. seulement…. (rires)…..C’est vraiment fantastique, tu sais. Non seulement nous sommes encore beaucoup trop jeunes pour arrêter….. nous avons décider de retourner sur la route, de sortir un nouvel album (Return to forever), mais nous avons tellement de plaisir, encore après toutes ces années. Et il me semble que depuis une dizaine d’années, notre audience se rajeunit constamment, peut-être à cause du phénomène YouTube, Facebook, etc. Donc nous adorons ce que nous faisons, et il est encore beaucoup trop tôt pour s’arrêter. Même si ça fait 50 ans maintenant que nous sommes là.

DRQ:
Et c’est vrai que vous êtes quand même très jeunes pour un groupe de 50 ans. Vous pouvez facilement en faire une dizaine de plus non?

MJ:
C’est sûr que nous pourrions…. je ne sais pas si nous allons le faire et fêter notre soixantième…. mais nous pourrions facilement le faire. Au début de notre carrière, on se faisait demander pendant combien d’années ferions-nous de la musique. Nous répondions, tant que les Stones le feront, nous serons là….. et bien les Stones y sont encore….. nous le sommes également. Ils sont encore là, et ils n’arrêteront sûrement pas tant que la santé sera au rendez-vous. Tu sais, faire des disques, faire des tournées, c’est notre vie. Ce n’est pas comme un travail où tu te dis qu’à telles ou telles dates tu prendras ta retraite. C’est ta vie, et voilà pourquoi ces groupes-là ne peuvent et ne veulent pas vraiment arrêter.

DRQ:
La différence par contre entre Scorpions et les Stones, est que les Stones, depuis de nombreuses années, ne sortent plus de nouveau matériel. Vous, vous le faites encore. Comme en septembre, avec «Return to forever». Peux-tu nous parler du nouveau disque, de ce qui vous allume encore pour vouloir sortir du nouveau matériel?

MJ:
Ça a commencé en nous faisant demander de sortir nos anciennes chansons. Des chansons qui n’avaient jamais été sorties. Ou des chansons non terminées des années 80. Nous avons aussi trouvé des chansons non terminées du début des années 1990. Nous sommes donc allés en studio avec ce matériel, et nous avons réenregistré ces chansons-là. Donc tout est neuf…. et nous avions tellement de plaisir à être en studio, nous avons décidé d’écrire de nouvelles chansons également. Donc 19 chansons ont été enregistrées, toutes flambant neuves et fraiches. Je dirais que 50 % du disque sont des réenregistrements, et l’autre 50 % sont de chansons totalement nouvelles.

DRQ:
Et qu’est-ce qui est différent entre enregistrer il y a 35 ans, et enregistrer maintenant?

MJ:
Il y a une grosse différence. Il y a 35 ans, c’était beaucoup plus compliqué. Tout était analogique, avec des rubans, etc… Nous devions enregistrer des parties d’instruments des dizaines de fois. Ça prenait un temps fou. Maintenant…. hum hum…. nous avons de l’expérience, tout va beaucoup plus vite. Il y a 35 ans, nous étions jeunes, nous enregistrions toute la nuit… maintenant nous n’enregistrons plus la nuit (rires). D’ailleurs, en réécoutant ce que nous enregistrions pendant la nuit, quand tu réécoutes le lendemain, la plupart du temps, c’était totalement nul. (rires) On ne pouvait pas utiliser ces «tracks» là. C’était à chier. Come on! Tu penses en le faisant que c’était bon…. mais non…. (rires)

DRQ:
C’est toujours le lendemain matin que tu te rends compte de la nullité de la chose…. (rires)

MJ:
(rires) exactement….Maintenant nous sommes plus expérimentés, et nous sommes beaucoup plus minutieux à trouver les bons arrangements, les bonnes pistes, etc.
Au début nous étions alimentés par notre énergie et notre jeunesse. Nous étions excités avec nos nouvelles chansons et nos nouvelles idées. Maintenant, c’est plus difficile, car tout a été fait…. tout a été joué. Même pour mes parties de guitares. C’est plus difficile de trouver quelque chose de neuf. C’est très difficile de s’exciter… car tout a été fait… nous devons trouver les moments magiques maintenant.

DRQ:
L’industrie de la musique aussi a énormément changé depuis 35 ans non? Comment tu fais pour vivre avec ça?

MJ:
Bien sûr…… il n’y a rien a faire. Je trouvais tellement l’industrie plus excitante il y a 35 ans. Pas seulement pour la musique, mais pour toute l’industrie en général. La musique dans ce temps-là avait un différent «standing» que présentement. Maintenant, la musique est une chose parmi tant d’autres. Les jeux vidéos, les films, les DVD, les tablettes, les téléphones intelligents…. il y a de la musique partout… mais on dirait que la musique est un à-côté. Pas la chose principale tu comprends? Quand j’étais jeune, il y avait deux choses qui importaient. Le sport, et la musique. Mais tu sais, la vie change… les choses changent… et on doit prendre ça comme ça vient, je crois. On ne peut rien y faire.

DRQ:
Comment vois-tu l’industrie de la musique dans dix ans?

MJ:
Je me demande vraiment où tout cela va mener. Quand on parle des chansons des années 80 que l’on a découvertes…. bien sûr qu’il y en a beaucoup…Car nous avions tellement de chansons à mettre sur un disque…. mais nous ne pouvions pas les mettre toutes. Nous étions obligés d’en mettre un maximum de 8 ou 9, dû au fait qu’un 33 tour durait 39 minutes. Donc il y avait beaucoup de chansons oubliées…. maintenant, nous pouvons en mettre une vingtaine sur un disque…. et mettre 10 000 chansons sur mon iPod. Le développement technique a totalement changé l’industrie de la musique.
Comme les copies de chansons. Nous copiions les chansons, mais elles n’étaient pas aussi bonnes que l’originale… mais maintenant, c’est exactement la même chose… même en la copiant une centaine de fois.
Ça diminue en fait la valeur de la musique, et la valeur à posséder un disque, ou une cassette. Une chose physique.
Les jeunes ne connaissent pas ça maintenant. Ils ne savent même pas à quoi ressemble une table tournante.
Mais c’est tellement pratique d’avoir un iPod, et d’avoir accès à la musique par «Spotify» par exemple. Tu as accès à tout…. c’est un énorme avantage également. Ce n’est pas tout mauvais.

DRQ:
Car vous avez vendu 100 millions d’albums depuis 50 ans…. ce qui est totalement incroyable.

MJ:
Incroyable….. ça l’est en effet….

DRQ:
Vous ne pourrez plus jamais vendre autant de disques maintenant…. peut être 50 000…. 100 000? C’est difficile de vendre non? Dans les années 80…. tout le monde faisait la file pour acheter le disque la journée de sa sortie.

MJ:
Exactement. Les chiffres de ces années-là ne seront plus jamais reproduits. Peu importe le succès du groupe. Tu as tout à fait raison.
Dans ces années-là, un groupe partait en tournée pour promouvoir un album. Maintenant, c’est un peu le contraire. Les groupes font un disque pour trouver une raison d’aller en tournée.

DRQ:
Et certains groupes ne se donnent même pas cette peine….

MJ:
Exactement…. ils ne se donnent même plus la peine… (rires)

DRQ:
Et pour votre prochaine tournée qui s’en vient. À quoi peut-on s’attendre? Un spectacle avec les meilleurs succès? Ou il y aura de également nouvelles chansons?

MJ:
Nous avons 4 à 5 chansons de «Return to forever» sur la set list du spectacle…. mais évidemment les «hits» y seront. Nos spectacles sont toujours basés sur nos plus grands succès. Donc….. des hits, de nouvelles chansons, mais nous aurons également un superbe medley de 5 chansons des années 70. Donc avant mon temps avec Scorpions. Car avec le 50e anniversaire, nous nous devons d’y inclure des chansons du tout début du groupe. Nous avons également un medley acoustique de quelques chansons où nous jouons de vieilles et de nouvelles chansons. Comme «Eye of the storm» du nouvel album y est inclus. Nous avons également un nouvel arrangement multimédia qui est tout à fait magnifique. Tout est vraiment neuf, et très différent de la dernière tournée.

DRQ:
Et bien nous y serons sans faute Matthias, et STP, n’arrêtez pas tout de suite. Faites encore une dizaine d’années, et revenez chaque 2 ans d’ici là. Mais d’ici là, nous nous reverrons le 19 septembre à Montréal.

MJ:
Et bien merci beaucoup, je suis très excité de venir à Montréal, et merci de m’avoir parlé et on se voit à Montréal!

DRQ:
Merci Mathias

Texte: Laurent Lépine