On s’en doutait tous. Personne n’a été réellement surpris. Quoiqu’il ait été drôle de voir les cinq musiciens finlandais essayer de s’entasser sur la petite scène des Fouf, à la dernière minute le show de Lordi a été transféré au Petit Campus. L’endroit n’est pas plus spacieux, mais le stage est résolument plus grand et ce n’est pas une variable à négliger ce soir. Si musicalement, le choix d’avoir nos Montréalais de Bookakee pour réchauffer la salle peut sembler étrange tant ils jouent en métal résolument plus extrême, leur côté théâtral a vite fait de nous convaincre de leur pertinence ici. Qu’ils éventrent Donkey Kong ou une sœur outrée de leur musique, que le chanteur Philippe Langelier se coupe le front ou que tout le groupe se déguise en démons, nous en avons pour notre argent. Le groupe a donné tout ce qu’il avait dans le ventre et une grande majorité de la foule a semblé apprécier et avoir du bon temps.
Nous étions tout ce qu’il y a de plus réchauffé pour la suite. Il nous aura malheureusement fallu attendre presque une heure pour que le spectacle commence. Mais dès que God Of Thunder de Kiss résonne dans les enceintes, ce délai est complètement pardonné. Pendant l’intro, un présentateur déguisé en Skeletor (personnage de la série de jouets et de dessins animés des années» 80 Marsters of The Universe et enemie juré du personnage principal He-Man) nous annonce l’arrivée des monstres de Lordi. Ce n’est surement pas un hasard que Let’s Go Slaughter He-Man (I Wanna Be the Beast-Man in the Masters of the Universe) soit la première pièce jouée ce soir. On a beau s’en attendre, il est impressionnant de voir Mr Lordi et sa bande en costume devant nous. Le Bassiste OX est monstrueux et imposant, le guitariste Amen semble tout droit sorti d’outre-tombe et la claviériste Hella a assurément le masque le plus dérangeant. La foule est conquise et le party est pogné. Sans être parfait, le son est assez bon pour nous laisser apprécier le hard rock aux accents heavy des Finlandais. Il est clair que le groupe a carburé au glam rock américain autant qu’au thrash métal et au rock n’ roll crasseux, comme Motörhead savait le faire, pour en arriver là où ils sont aujourd’hui. Dans la foule c’est le mosh pit pour certain et la danse et le poing dans les airs pour les autres. Cet oscillement entre riffs violents et refrains «catchy» à mort ne laissera personne indifférent.
Mais ce à quoi l’on s’attend le plus d’eux, c’est un show théâtral et sur ce point, nous n’avons pas été déçus. En plus des costumes réussis, nous avons eu droit à une sœur qui se fait éventrer pendant le solo de bass (décidément les bonnes sœurs n’ont pas la cote ce soir), un pape qui regrette d’avoir essayé un exorciste, un solo de drum avec des baguettes qui ressemble à des lightsticks et les ailes de Mr Lordi pendant Devil Is A Loser vers la fin. Justement, même si nos monstres préférés ne manquent pas de tounes accrocheuses pour nous tenir en haleine tout un spectacle, ils ont gardé le plus percutant pour conclure. Comment juste osez essayer de partir pendant l’incontournable Hard Rock Hallelujah que tout le monde chante en chœur ou manquer le rappel avec Who’s Your Daddy? et Would You Love A Monsterman?? Même s’ils ont joué un temps plus que respectable, je me suis surpris à être déçu que ce soit déjà fini. Lordi en show est une expérience musicale et visuelle qui en vaut le détour et que l’on n’est pas près d’oublier de si tôt!
Texte: Sébastien Léonard
Photos: Sébastien Jetté