Ce soir, pendant que le festival les Francofolies bat son plein à Montréal, le Centre Bell reçoit de la visite qui vient de loin. C’est dans le cadre de «Osheaga présente» qu’Evenko fait venir le groupe Australien Tame Impala. Vu la qualité de leur dernier disque et le buzz que leur venue semblait avoir créé, je pensais que l’endroit aurait été plus plein. Si sur le parterre les fans sont bien entassés sur le devant de la scène, il n’y a que la section rouge niveau 100 qui est ouverte dans le reste de l’amphithéâtre et celle-ci n’est même pas vraiment pleine. Que cela tienne, les spectateurs qui sont là veulent se faire entendre et avoir du bon temps et l’on en a la preuve quand les lumières se ferment et qu’un son strident d’amplificateur se fait entendre. Bizarrement, ce n’est qu’un faux départ et ce n’est que quelques minutes plus tard que les musiciens entrent sur scène avec la courte et planante «Hangs», mais c’est avec «Let it Happen» qui suit que commencent en grand les festivités. Ils y vont même d’une pluie de confettis vers la fin de celle-ci. Bon choix de début de spectacle car elle fait réagir la foule instantanément. Comme je m’y attendais, chacun vit une prestation de Tame Impala à sa façon. Il y en a qui se lève pour danser en se laissant aller au son de la musique, certains qui chantent de toutes leurs tripes et d’autres qui restent assis en tapant des pieds ou en bougeant leur tête. Il faut dire que la musique que compose le chanteur et guitariste Kevin Parker est à la fois rock, électronique et psychédélique. Au grand plaisir de nos oreilles, le son est très bon et l’on entend aussi bien tous les instruments que la voix du chanteur qui est, soit dit en passant, très bonne et juste.

Je me demandais réellement comment leur style hybride passerait le test du live et j’ai été agréablement surpris du résultat. C’est plus énergique qu’en studio, sans perde le côté aérien qui les caractérisé si bien. C’est vraiment Kevin qui est le centre d’attention, qui bouge sur le stage et qui nous remercie d’innombrables fois durant la soirée. Quand il se départit de sa guitare pendant les parties plus electro/danse, cela lui permet d’interagir avec le public qui le lui rend bien. Le reste des musiciens restent dans l’ombre et font leur travail avec brio. Pour nos yeux, il y a un écran géant qui prend tout le fond de la scène qui passe des images psychédéliques. De plus, les jeux de lumière sont très dynamiques et suivent à merveille la musique. Vraiment impressionnant ce qu’ils réussissent à faire avec un petit nombre de projecteurs pour une place aussi grande qu’ici.

Même s’ils n’ont que trois disques (sans compter les EP), ils ont déjà assez de succès pour soutenir facilement une heure et demie de spectacle. Si c’est sans surprise les pièces tirées de leur dernier album comme «the Moment», «Eventually» et «Yes I’m Changing» qui font le plus s’exclamer la foule, l’excellente «Elephant» et la magistrale «Apocalypse Dreams», jouer à la fin, ont amplement leur place méritée dans l’excellent setlist. Il n’y a que les quelques chansons de leur premier album Innerspeaker qu’une bonne partie de l’assistance semble moins connaitre. Quand ils reviennent pour un rappel de deux morceaux, Kevin fait réagir bruyamment la foule quand il nous dit que Montréal est en lice pour le concours de la ville où ça crie le plus fort de la présente tournée. C’est fou ce que ça peut faire de nous flatter dans le sens du poil. Ça l’avait commencé par le premier titre de l’album Currents et ça l’a fini avec le dernier «New Person, Same Old Mistakes» et, là encore, une impressionnante pluie de confettis vient agrémenter le tout. Belle finale pour un spectacle où Kevin et le reste de la bande peuvent dire mission accomplie.

Texte: Sébastien Leonard

Photos: Helen Dickey