Pour une soirée qui affichait complet, je me serais attendu à voir plus de monde pour assister à la performance du groupe hardcore/post-punk montréalais Kennedy. Fort de leur excellent dernier opus The Guilty Poor sorti l’an passé, ils sont à leur meilleur en live. Ils possèdent en plus toutes les qualités pour plaire aux admirateurs de TDEP. C’est violent et mélodique à la fois, ils mélangent les vocaux criés et claires, c’est aussi technique que défoulant et ils sont d’excellents musiciens qui reproduisent à la perfection en spectacle ce qu’ils font en studio. Au moins, la petite foule semble bien avoir apprécié ce qu’ils ont vu. Ils n’en ont malheureusement pas eu pour longtemps, car en moins d’une demi-heure tout était fini.

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Une des bonnes choses de la soirée est que ce sont deux bands d’ici qui servent d’ouverture. C’est encore une plus belle vitrine pour eux quand la place affiche sold-out. Quand l’arrivée imminente de Hashed Out se fait sentir, il y a maintenant beaucoup plus de spectateurs. Si j’avais trouvé la performance précédente courte, ce n’était rien comparé à ce qui s’en vient. Le tout se passera en moins de vingt minutes, mais quelles vingt minutes! Si le chanteur Alex semble calme de prime abord, il devient tout d’un coup possédé quand il se met à chanter. Si les autres musiciens ne sont pas en reste côté énergie, c’est vraiment ce dernier qui fait le spectacle. Si leurs compositions possèdent des côtés heavy et hardcore, c’est l’esprit punk qui domine. Chaque toune passe à la vitesse de l’éclair tel un rouleau compresseur sur la foule. Il est surprenant que celle-ci ne bouge pas plus que ça. La chose se corrige quand Alex descend sur le parterre. Tous veulent leur chance de thrasher avec lui. Nous voilà enfin bien réchauffés pour la suite des choses.

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Si la réputation de bête de scène que traine The Dillinger Escape Plan (et qui est complètement fondé) n’est pas étrangère au succès de la vente de billets, c’est sans contredit l’annonce de la dissolution du groupe après cette tournée qui en est la cause principale. Comme on pouvait s’en attendre, la troupe n’est pas là pour nous faire un show d’adieu larmoyant, mais bien ce qu’ils font de mieux, une prestation endiablée comme eux seuls savent le faire. Dès qu’ils entament les premières notes de Limerent Death c’est la folie autant sur scène que sur le parterre. Un moniteur au-devant du stage finit même par tomber dans le public. Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour mes trois bons amis photographes qui sont là pour faire leur travail. J’ai bien raison, car si le premier s’en sort indemne, les autres s’en sortent toutes les deux avec des blessures. Tout mon respect à ceux et celles qui prennent des photos pour des médias comme le nôtre dans des conditions comme ceux-là. Mais pour les autres qui sont là pour faire la fête, c’est l’euphorie totale.

Panasonic Youth, qui reste une des favorites du groupe, fait monter l’intensité d’un cran. Une intensité qui ne redescendra jamais jusqu’à tant que la salle se vide. Le groupe encourage, et même aide, ceux qui veulent faire du « stage diving » et du « body surfing ». Deux activités que le chanteur Greg Puciato ne se gêne pas pour faire, entrainant même une spectatrice avec lui pendant Hero of the Soviet Union sous les regards médusés du reste de la foule. Comme toujours, les musiciens sont impeccables de précision et d’agressivité et c’est un plaisir renouvelé de les voir faire. Toute la soirée sera ponctuée de petits problèmes techniques ici et là qui garderont la petite équipe technique très occupée, mais rien qui ne gâchera notre plaisir. Nous ne nous en rendrons presque pas compte tellement le son est satisfaisant. Je les ai vus plusieurs fois et jamais je ne me rappelle d’avoir entendu aussi bien la voix du chanteur et c’est un réellement plaisant sur des titres comme Black Bubblegum et One of Us Is the Killer.

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Quand le show se finit au son de Prancer on aurait pu penser que les gars du band, autant que les fans, n’avaient plus d’énergie après un set aussi dense et condensé que celui-là. Mais non, on en redemande et ils nous reviennent pour 3 derniers morceaux. Sans jamais faire référence à leur fin imminente en tant que groupe, tous les membres finissent dans le public avec leurs instruments et même une partie du drums. Je n’aurais pas imaginé une meilleure conclusion à une formation qui nous a habitués à la démesure en spectacle. Adieu The Dillinger Escape Plan.

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Texte: Sébastien Léonard

Photos: Martine (rien ne me fait peur) Labonté

Liste des chansons :
Limerent Death
Panasonic Youth
Symptom of Terminal Illness
Farewell, Mona Lisa
When I Lost My Bet
Sugar Coated Sour
Black Bubblegum
Surrogate
Hero of the Soviet Union
Milk Lizard
Low Feels Blvd
One of Us Is the Killer
Nothing to Forget
Prancer
Encore:
Mouth of Ghosts
Sunshine the Werewolf
43% Burnt