Lors d’un mercredi soir à Montréal, un groupe venu d’Angleterre faisait son entrée en Amérique du Nord et une lignée de groupes locaux très prometteurs s’annonçaient pour introduire la première soirée de la tournée d’Anaal Nathrakh. Les Foufounes Électriques étaient les hôtes de cette soirée, facilement accessible puisque c’est au centre-ville, c’est chose courante de retrouver des spectacles locaux et de venues dans cette salle déjà bien connue et couramment fréquentée par les partisans de musique métal. L’ambiance y est agréable lors d’un tel évènement.

L’ouverture du spectacle est offerte par Obscurcis Romancia. Nous avons affaire ici à du matériel caractérisé. Ce que j’ai apprécié du groupe faisant la première partie, c’est le fait qu’ils ont un joueur de clavier, ce qui apporte une dimension de plus, car les autres n’en avaient pas. On retrouve auprès d’Obscurcis Romancia une belle mixture musicale, qui contient un côté dramatique, des moments plus calmes et profonds, et bien entendu, une férocité mélodieuse comme on l’aime. Une performance digne d’une bonne ouverture de spectacle.

Par la suite, une prestation des plus intéressantes de la soirée sera livrée par Vengeful. Aussitôt que les musiciens ont commencé à performer, je fus interpellé par la musique. Une longue introduction nous montrait l’identité de ce groupe, une thématique plutôt sombre et ambiante, à caractère brutal. Cela créé un effet très intéressant que de bâtir longuement une tension, et qu’ensuite le côté plus condensé fasse son apparition. Ça prépare le public et ça donne plus d’ampleur au matériel du groupe. Ce fut spécial pour moi de voir Philippe Tougas (également du groupe First Fragment, Chthe’ilist et plusieurs autres) dans cet élément, car je suis plus habitué à le voir performer dans des sonorités néo-classiques à tempo très rapide, je fais ici référence à First Fragment. Vengeful est sans aucun doute un groupe innovateur qui se démarque très bien du lot. Un death metal atmosphérique qui nous livre une ambiance hypnotique dans une enveloppe brutale.

Les prochains à performer sont Unhuman. Ce groupe nous rentre dedans de plein fouet dès le premier son. Ce que j’aime de Unhuman, c’est qu’ils  diffusent un message engagé à travers un son des plus radicaux. J’aime aussi le fait qu’ils ne sont pas un groupe qui se collent à une seule sonorité et qui tentent de la perpétuer, mais lorsqu’ils exploitent un son particulier, ils l’expriment vraiment à fond, d’autant plus qu’ils s’y adonnent avec plusieurs sonorités distinguées. Par exemple, on peut parfois sentir une immense joie exprimée à travers leurs mélodies, sans pour autant s’éloigner du contexte très radical et technique que dégage Unhuman. Un groupe qui est à couper le souffle sur scène, mais qui se prend avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, des musiciens dont on peut sentir de manière évidente l’expérience et le professionnalisme, sans pour autant avoir l’air crispés, mais plutôt bien qu’ils s’amusent. Les bombardements de cymbales d’Alex Dupras, les figures démentes à deux mains de Mathieu Bérubé sur son manche de basse à 7 cordes, les solos débordants de technique et d’expression de Kevin Chartré, et le dernier, mais non le moindre, Youri avec ses rythmes de guitare et ses voix inhumaines, sont des éléments qui font qu’on ne sait parfois pas ou mettre les yeux pendant une prestation d’Unhuman (ou plutôt qu’on voudrait les mettre partout en même temps!)

Finalement, le groupe en tête d’affiche prend place sur la scène ; Anaal Nathrakh. Ce groupe britannique nous offre une combinaison intéressante de Grindcore, Black et Death Metal. C’est intéressant de retrouver la puissance du death metal combiné a la sonorité sombre du black metal et un registre de voix poussé jusqu’au grindcore. C’est rapide, agressif et expressif. Les refrains comportent parfois des arrangements de voix claires accompagnées de voix déchirantes, ce qui donne un effet à la fois profond et féroce. Un produit polyvalent et drastique qui résulte en un excellent spectacle qui vient clore en beauté une soirée musicalement enrichissante.

Francis LaBadie

Photo prise à Sherbrooke par Sylvain Lecours