En ce vendredi 7 décembre 2012, c’est la première fois que je vais voir un spectacle à St-Jean sur Richelieu. Je prends la route avec quelques amis, et nous écoutons État Brute, le dernier d’Anonymus paru l’an dernier, ainsi que Path to Eternity de Valfreya afin de se mettre dans l’ambiance pour une soirée prometteuse. Nous arrivons au Barock, un petit bar fort sympathique, la salle n’a peut-être pas une très grande capacité, mais elle se remplit vite de partisans.

C’est Uriel qui fait la première partie du spectacle. Leur musique est black et death metal à caractère dramatique. Avec à leur bord deux ajouts de membres féminins, mais qui n’ont pris part au spectacle que vers les dernières chansons, Uriel est un groupe qui inspire une belle portion d’élégance à travers l’essence féminine tout en ayant aussi le côté plus masculin et agressif. Je dois avouer avec regret que la prestation d’Uriel n’a pas exposé le groupe à son meilleur, principalement dû à des ennuis techniques. C’est plutôt chose commune que le premier groupe à performer lors d’un spectacle soit l’objet de plusieurs ajustements sonores et que de par ce fait, il ne sonne pas a son meilleur. On avait parfois de la misère à distinguer le son de la voix du chanteur, et le son de la guitare semblait complètement absent au départ. Par contre, on entendait très bien la partition du batteur (qui est aussi celui de Valfreya) qui était très condensée et rapide, exécutée avec précision. J’ai bien apprécié lorsque la violoncelliste et la chanteuse ont pris part au spectacle, même si j’ai eu quelques difficultés à distinguer la voix de la chanteuse. La violoncelliste avait une belle présence et sa participation apporta une dimension enrichissante au son du groupe.

Valfreya vient ensuite réveiller les guerriers en chacun des spectateurs, avec leurs mélodies enchanteresses, chantant les légendes païennes avec fierté et puissance, à travers un son grandiose de metal folklorique extrême. Laissez-moi vous dire qu’un spectacle de Valfreya est très entrainant et rassembleur! De sa voix très vigoureuse, Corinne la chanteuse incarne en quelque sorte la déesse Freyja et nous raconte ses légendes, alternant d’une voix féérique à une voix écorchante. Sa présence sur scène est remarquable, elle sait établir une chimie avec son public à travers le charisme de sa gestuelle, à travers la dynamique et la conviction dans ses expressions faciales, et sa longue chevelure flamboyante qu’il est agréable de voir voler en l’air en décrivant de grands cercles. Ce qui est superbe dans Valfreya, c’est la richesse instrumentale du son. En plus d’avoir deux guitaristes qui se complètent à merveille, un habile claviériste surnommé « Shark » ajoute à l’aide de son clavier le coté folklorique plus poussé, comme par exemple le son de sections d’orchestre, ou encore le son d’un accordéon, comme pendant la pièce « Alefest » qui apporte un coté très festif! La beauté d’un spectacle de Valfreya ce n’est pas seulement leur talent, mais leur capacité à faire participer leur public. Les épées de mousse qu’ils offrent aux spectateurs font un succès à tout coup, en plus de la requête pour le « wall of death » qui simule le face à face de deux armées de fantassins!

Et enfin, le plat de résistance, les légendaires Anonymus. Leur présence est aussi vive dans chacun de leurs spectacles auxquels j’ai assisté. Après les avoir vus pour une troisième fois depuis octobre, dans les grandes salles du Club Soda et celle du Trois-Rivières Metalfest, pour se retrouver finalement à la petite salle du Barock, je constate que les gars sont vraiment authentiques. Je l’ai déjà dit et je vais le redire, Oscar Souto établit un contact incroyable avec son public. C’est encore plus impressionnant dans cette salle beaucoup plus intime. En plus de s’attendre à un haut degré de participation du public, il l’encourage et lui rend hommage. Lorsqu’il nous demande de crier le mot Tabar***, il nous demandera toujours de le faire trois fois même si nous le faisons assez fort dès la première (ce qui est selon moi très très rare), car c’est pour lui un grand bien-être et un chaud au coeur de nous voir élever nos voix trois fois de suite pour l’un de nos groupes pionniers du métal Québécois. Et on lui doit bien ça, après autant de dévotion depuis 23 ans de carrière. Selon mon point de vue, Anonymus est un groupe qui incarne la voix du peuple. Un groupe qui crie notre rage, notre soif de liberté, ces choses-là que beaucoup d’entre nous n’ont pas l’audace d’affirmer haut et fort. Leur musique nous parle, on s’identifie au message qu’elle contient et sur scène ils nous le livrent avec tant de conviction, c’est pour ça qu’ils méritent amplement que le public se donne autant qu’eux. Oscar nous rend le chaud au cœur qu’on lui a fait en nous remerciant de ce support fidèle depuis le début, et en nous disant que l’album État Brute, composé a 90% en français, est leur façon de nous remercier. C’est agréable de voir qu’après bientôt un quart de siècle de carrière, les membres d’Anonymus sont toujours fidèles au poste, et qu’ils trippent toujours autant à faire leur musique. Une soirée spectaculaire dont je repars avec un t-shirt « Je suis la bête » ainsi qu’un EP de Spelldown, un projet death / thrash metal d’Oscar et Carlos.

Francis LaBadie