Inutile de présenter Anonymus, pilier de la scène métal Québécoise depuis plus de 20 ans dont le premier album « Ni vu, ni connu » paru en 1994 avait jeté les bases de leur métal agressif et sans concession.

Band authentique et sincère qui a su rester fidèle à son identité au gré des modes et au fil des années, ils nous reviennent avec leur septième album « Envers et contre tous » paru le 7 Août.

Entrevue avec Oscar Souto (basse/chant) et Carlos Araya (drums), tout juste de retour de leur prestation enflammée au Heavy MTL.

Après 26 ans de carrière, 7 albums dont le dernier « Envers et contre tous » est sorti ce mois-ci, et des centaines de concerts à travers le monde, comment résumeriez-vous votre carrière en un mot ?

Oscar : Persévérance

Carlos : J’allais dire le même mot, perseverance

Pourquoi ?

Oscar : Parce qu’après 26 ans de dur labeur, on se rend compte que la musique c’est pas facile, ça prend des couilles pour continuer, ça prend de la persévérance, ça prend de la force de caractère, ce n’est pas tout le monde qui est prêt à faire les sacrifices qu’on a fait et qu’on fait encore aujourd’hui pour avoir un band comme on a actuellement.

Qu’est-ce qui a le plus évolué musicalement chez Anonymus en 26 ans ?

Oscar : Je pense qu’on se complique moins la vie qu’avant. Avant, on aimait ça travailler les arrangements, essayer pleins de trucs, compliquer les choses, des fois pour rien, montrer qu’on était capable, je pense qu’on a simplifié notre formule, maintenant on ne se pose plus de questions, à savoir c’est quoi qui va là, un couplet, un refrain…

Carlos : « Dans le temps», c’était beaucoup plus progressif dans un sens, il y avait beaucoup de sections dans une chanson tandis qu’aujourd’hui c’est plus « straightforward », beaucoup plus « pop » dans la manière de composer, on ne se complique pas la vie.

Aujourd’hui, on compose beaucoup plus pour la scène aussi, on sait ce qui est efficace « live », les tempos sont plus rapides également.

Oscar : On préfère arriver sur la scène et donner un coup de poing à la foule, que ce soit plus percutant.

Vous avez vu évoluer la scène métal Québécoise, quel regard portez-vous sur cette scène ?

Oscar : Je pense qu’elle a changé de façon drastique, quand on a commencé il n’y avait pas autant de groupes, il n’y avait pas internet, on a apprit à la dure, « do it yourself ». On a vécu le creux du métal au début des années 90, on a vu des bands qui essayaient de suivre ce qui se passait et qui frappaient un mur, nous, on a toujours continué à jouer du métal, du vrai, sans se questionner sur ce qui se passe en ce moment.

Aujourd’hui, le métal est redevenu « à la mode » et avec l’internet et la facilité d’enregistrer, il y a tellement de bands qui sont sortis de nulle part.

Carlos : Je pense que la scène métal Québécoise est bien vue dans le monde aujourd’hui et les gros producteurs commencent à se rendre compte de ça, on peut le voir avec le succès d’Heavy MTL…

A propos de Heavy MTL, comment s’est passé votre show ?

Oscar : C’est sûr qu’on était content d’être là, en plus c’était notre lancement d’album, pour nous, ça nous a donné une visibilité qu’on n’aurait pas eu sans avoir fait le Heavy MTL, ça nous a ouvert des portes.

Carlos : On s’est retrouvé sur la scène en plein milieu de l’après-midi, un vendredi alors on s’attendait au pire et puis il y avait une foule excellente alors pour nous c‘est mission accomplie !

Oscar : 5 minutes avant, ça scandait « Anonymus, Anonymus ! »

Carlos : Ouais cool, on était attendu, le monde savait qu’on jouait alors que demander de mieux !

C’est clair qu’Anonymus est vraiment un band « live », quel show vous a laissé le meilleur souvenir ?

Oscar : Peut-être le show au Métropolis lors de la sortie de notre 4ème album « Daemonium », on avait vraiment mis toute la gomme avec les décors, les statues, les clôtures, on a mis le paquet, c’était vraiment fabuleux, c’était plein, on en entend encore parler aujourd’hui.

Carlos : Et puis, ça été un des gros shows métal local, c’étaient que des bands locaux qui étaient là, remplir le Métropolis, c’était quand même très prestigieux, c’était grandiose.

Je dois avouer que la tournée qui s’en est suivie, ça a aussi été l’apogée de notre historique, les années 2002, 2003, ça a été des grosses années pour Anonymus.

Il y a-t-il un show en particulier auquel vous aimeriez participer ?

Carlos : Le Hellfest, c’est quelque chose qu’on aimerait faire.

Oscar : Ouais, le Hellfest.

Est-ce qu’il y a un band ou un artiste qui vous a décidé à jouer de la musique ?

Oscar : Moi, je le dis tout le temps, c’est l’album « And Justice For All » (de Metallica paru en 1988, ndlr), on jouait déjà de la musique, on écoutait du rock, du métal mais quand je suis arrivé à Metallica, je me suis dit, c’est ça que je veux faire, le côté rythmique, carré, agressif. Je te jure ça a changer ma vie, ça a changé ma perspective de toute la musique, j’ai eu des frissons… Je me suis dis c’est le genre de musique que je veux faire.

Carlos : Ça a été un peu comme en deux temps, moi, j’ai grandi avec la musique de mes parents, Black Sabbath, Deep Purple et tout ça, c’est un peu ça qui nous a donné l’idée de lancer un band, on écoutait Def Leppard, Iron Maiden, on avait déjà le goût de faire de la musique. La première chanson qu’on a joué c’est « You Really Got Me » (Van Halen, ndlr) (rires…) et puis après il y a eu la tournure plus métal, les Anthrax, Slayer… qui ont déboulé et là, on a voulu jouer de la musique « enragée ».

Souvent, les musiciens ont un band, un artiste dont ils ont un peu « honte », quel est le vôtre ?

Oscar : On en a beaucoup ici, (rires…), il y a quelques chansons de Julio Iglesias qui sont restés, j’aime les mélodies.

Carlos : Moi en ce qui me concerne, c’est plutôt la musique latine, j’aime danser alors…

Oscar : On est quand même capable d’apprécier une bonne chanson « pop » que ce soit de Lady Gaga, de Madonna, « La Isla Bonita », c’est une superbe chanson par exemple, encore une fois, on est capable d’apprécier autre chose que du métal et je pense que c’est bénéfique pour nous.

Quelle serait la chanson dont vous êtes les plus fiers ?

Oscar : Je pense qu’à chaque album, il y a des chansons qui ressortent du lot. Sur l’avant-dernier album « Etat brute » , une chanson comme « Enragé » qu’on a composé en dernier est une chanson spéciale, Carlos est venu avec le riff principal et chacun a mis son grain de sel.

Sur le dernier album, « Envers et contre tous » est une chanson qui sort du lot, encore une fois c’est la dernière chanson qu’on a écrite, on ne s’attendait à rien mais quand on a rajouté le vocal, on s’est dit, celle-là est bonne !

Carlos : C’est sûr qu’il va toujours rester des vieilles chansons par exemple « Un pied dans la tombe » de l’album « Stress », c’est une chanson qu’on ne peut pas se permettre de ne pas jouer en spectacle, c’est une chanson forte d’Anonymus, qui fait partie de notre historique, je pense que le groupe est fier d’avoir composé une toune comme celle-là.

Oscar : Chaque fois qu’on commence à jouer « Un pied dans la tombe », tu sens l’énergie.

Dernière question, vous pouvez former le band de vos rêves, qui le compose ?

Oscar : Comme chanteur, j’irais chercher Corey Taylor (chanteur de Slipknot et Stone Sour, ndlr), je trouve que dans tous les niveaux de chant, il est bon, comme frontman, il dégage tellement. Pour le reste, Jef Fortin à la guitare (actuel guitariste d’Anonymus, ndlr), (rires…)

Carlos : Moi aussi je voterais pour Corey Taylor, je suis d’accord avec Oscar, il a un tel range vocal, ce serait un atout d’avoir un gars comme ça dans le band.

Oscar : je pense qu’à la guitare, j’irais avec Dimebag Darrel (feu guitariste de Pantera, ndlr), quand on a appris sa mort ça nous a assommé, il était capable de jouer des solos incroyables et d’écrire des chansons qui sont restées, qui sont des classiques.

Carlos : En drummer, je prendrais Ray Luzier, le drummer de Korn, tout sonne bien, coule bien, tout est parfait, c’est un super batteur.

Oscar : Il nous manque un bassiste !

Carlos : Ça dépend aussi de la musique que tu veux faire, de la direction musicale, moi dans la scène locale, j’aime beaucoup Vincent Peake (GrimSkunk, ndlr), c’est aussi sa personnalité, son charisme.

Tu sais pour monter un band, ça prend plus que le talent, il faut aussi de la chimie, tu vas jouer avec cette personne là, la côtoyer, il me semble que c’est quelque chose que je regarderais avant tout autre chose.

Oscar : Oui, ce n’est pas une question d’égo, c’est tout pour le band !

Entrevue réalisée par: Ronan Le Hec’h

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