J’avais bien hâte de revoir Eyehategod, les ayant manqués au Heavy MTL pour une raison qui deviendra une anecdote personnelle dont je vous épargnerai les détails. Bref ce n’est que partie remise et rien n’allait m’empêcher de les voir ce soir au Mtelus.

Mike Williams  le chanteur du groupe ayant une personnalité assez impulsive et explosive, a réussi a traverser les lignes frontalières (il aurait un passé judiciaire qui le suivrait jusqu’à récemment), au plus grand plaisir de ses fans. De plus il a subi une intervention chirurgicale au foie voilà quelques années, mais il se porte mieux maintenant..Au début je crois déceler une tension chez Mike, il n’a pas l’air très content de la foule et semble quelque peu sarcastique envers elle. De plus il se plaint à la régie en disant qu’ils n’ont pas besoin de tout cet accoutrement de lumières et effets spéciaux, et je dois dire que personnellement je suis d’accord avec lui. Eyehategod n’a pas besoin d’artifices. Le vocal est irréprochable et à la hauteur de son talent sur album. C’est un pur plaisir de pouvoir se faire démolir les oreilles par ses vétérans du mouvement sludge. Mike est colérique et son micro est le bouc émissaire de toute sa hargne vocale et de ses paroles tranchantes emplies de désespoir et de noirceur humaine.

Le bassiste Gary Mader semble peu motivé ne s’adressant jamais à la foule et optant pour une orientation de 45 degrés avec la foule afin d’éviter tout contact, semble-t-il. Gêne? Introversion? Drogue? Seuls lui et ses comparses le savent. La formation nous offre une quantité impressionnante de décibels pour une première partie et étant au balcon je m’empressai de me soucier de la santé auditive de mes chers camarades du parterre…. Eyehategod a réussi son mandat avec brio nous servant un sludge hallucinant avec des percussions puissantes et bien dosées, Jimmy Bower nous livre son jeu de guitare de façon optimale et affichant fièrement son t-shirt arborant un: « proud dad » ( fier papa).Sentant cependant que la foule ne réagit pas tout à fait comme il l’aurait espéré Mike lance quelques propos cinglants et emplis de sarcasme disant qu’il n’en restait pas longs de la prestation… mais moi Mike j’ai adoré!

Ensuite après un court enchaînement nous avons droit à une introduction avec lumières diffuses et nous avons droit à Mike Dean (bassiste), seul s’approchant sur scène, armé de sa basse et nous jouant un solo captivant (ce bassiste est exceptionnel en son genre). Ensuite nous avons droit au reste de la bande nous jouant du matériel récent. Pepper, Woody et les autres sont en pleine forme et semblent très heureux d’être parmi nous. Un peu de chaleur nous fait du bien. Nous avons droit, à mon plus grand plaisir, aux succès albatross, clean my wounds de l’album deliverance qui est pour moi un des premiers albums à référence «stoner» que j’ai pu écouter en 1994. De plus le groupe connu pour son humour nous montre une affiche proclamant: «sorry but we are stoned» qui m’a arraché un grand sourire. Nous avons aussi pu avoir droit au classique «vote with a bullet», un incontournable de Corrosion Of Conformity paru avec l’album blind, leur album métal en quelque sorte. Je fus extrêmement comblé de la performance vocale de Pepper keenan qui était sublime! Le son était quelque peu moyen au début (guitare trop «sharp»), mais tout se stabilisa ensuite. Que du bonheur de les voir dans une si grande salle! La dernière fois aux Foufs était impressionnante, mais moins de qualité. À peine les derniers remerciements donnés, nous sommes priés de vénérer la bande de Zack Wylde presque sur-le-champ; un énorme drapeau tombe et divise la scène de la foule et nous pouvons voir le fameux logo des bikers de Black Label Society nous avertir que c’est du sérieux… d’accord j’en prends note.

Les fans impatients se mettent alors à scander; BLS BLS! pour démontrer leur impatience. Après un bon 40-45 minutes d’attente, nous avons enfin droit à la prestation de Black Label Society. WOW! Cela valait l’attente! Le visuel est tout simplement ahurissant et les projecteurs nous en mettent plein la vue.

Monsieur Wylde, ce monstre poilu disciple de la guitare et dieu autoproclamé du «pitch harmonique», nous sert son métal très américain pour ne pas dire redneck, les cheveux au vent. Je dois dire que malgré mon ouverture d’esprit, je ne suis guère un fan de BLS mais après quelques bonnes pièces et guidé par le charisme monstrueux de Zack, j’ai cru bon de peut-être remettre en question mon jugement sur lui.

Mr Wylde semble se nourrir de la foule comme une moto de sa gazoline sur la route 666 (lire plutôt 777 ici, car Mr Wylde est chrétien pur et dur). Nous avons même droit à une croix avec une inscription sur son support à micro. Malheureusement après le passage de quelques succès, dont «bleed for me», je commence à défaillir et me lasser de toute cette prestance exagérée et de ces invitations à le vénérer et surtout, surtout, son fameux tic de toujours pointer le ciel avec son index, au point même d’en sectionner des passages à la guitare. Je restai jusqu’à la fin tout de même.

Aussi nous avons pu célébrer l’anniversaire du guitariste Dario Lorina, nouveau guitariste depuis le départ de Nick Catanese en 2013. J’aurais pu me passer de l’humour vulgaire de MR Wylde nous disant que monsieur Lorina à droit à trois chandelles sur son gâteau, une pour chacune des maladies transmissibles sexuellement dont il serait ou aurait été porteur et du batteur qui aurait séduit (pour ne pas dire autre chose) plus de filles que tous les mecs sur Tinder de la salle… Nous avons toutefois eu quelques fous rires moi et un ami journaliste lors de certaines mimiques proposées par notre leader barbu; cognement de poitrine à la King Kong…… et ce fameux geste et non le moindre d’imiter Hulk Hogan (voir ici tendre une main vers son oreille afin de demander plus d’éloges à la foule). Bref je fus saturé, mais le talent de ses musiciens et lui-même est indéniable et les fans en eurent pour leur argent.

 

Texte: Martin Desbois