Toute bonne chose a une fin et après quelques jours à visiter des vignobles et me prélasser sur la plage de Sandbank à Prince Edward County en Ontario je dois, ou plutôt je veux, revenir à Montréal pour assister au spectacle de la légende du punk Descendents qui est ce soir au MTELUS. Je ne voulais surtout pas manquer ça. C’est le groupe rock de la Navarre Berri Txarrak qui montait le premier sur la scène. Officiant dans un rock alternatif somme toute conventionnel, il a la particularité d’écrire et chanter ses textes en basque. Une belle curiosité qui permet aux spectateurs dans la salle de se réchauffer un peu. Quand j’arrive, c’est le groupe américain The Menzingers qui s’active sur les planches. Je suis surpris de voir à quel point la salle est remplie. Il y a tellement de monde que c’est même difficile de se déplacer devant le bar à l’arrière, en plus que le deuxième étage est ouvert et bien et plein. Sur la scène les musiciens sont enthousiasmés d’être là et clairement ils s’amusent. Pendant le peu de temps que je les ai vus, je ne compte pas le nombre de fois où ils nous ont dit merci. Si une bonne partie de la foule à l’avant semble apprécier, le reste de la salle est complètement indifférent. Il faut dire que si elle possède des accents punk, leur musique est résolument pop-rock et ça peut paraitre un peu mou pour des vrais amateurs. Et que dire de la voix du chanteur Greg Barnette qui est plus nasillarde que sur les albums. Il n’en reste pas moins que c’est mélodique, facile à assimiler même quand l’on ne les connait pas et que l’interprétation est énergique. Un bon début, mais qui n’est pas à la hauteur de ce qui va suivre.

Dire que Descendents se fait attendre est proche de la vérité. Ils ont beau tous être dans la cinquantaine, ils ont encore l’esprit punk et ce n’est qu’à 22 h 15 qu’ils rentrent en scène. Fidèle à eux-mêmes et à leur texte, le chanteur Milo y va d’une tirade contre les États-Unis dès le commencement. Ils se sentent si bien au Canada, car chez-eux Everything Suck. Le parterre devient immédiatement fou de joie. La sécurité dans le pit à l’avant va avoir les mains pleines pour toute la durée du spectacle. Je vois même notre photographe Martine faire un «high five» avec un fan qui vient de faire une petite séance de body surfing. Si l’âge a fait son effet sur leur apparence, il n’en est rien sur leur énergie. Les pièces s’enchainent à un rythme effréné et l’intensité, tant sur scène que dans le public, n’a pas le temps de baisser d’un cran. Il faut dire que la grande majorité de leurs chansons sont tellement courtes qu’après une heure il y en a déjà plus d’une vingtaine de jouées. Les titres de leur nouveau disque Hypercaffium Spazzinate, pour lequel ils sont actuellement en tournée, comme On Paper, Full Circle ou Testosterone se mélangent parfaitement à leurs vieilles compostions. Malgré tout, c’est pour les vieux classiques qu’une aussi grosse masse de monde s’est déplacée ce soir et à ce sujet ils n’ont pas été déçus non plus. Suburban Home, Silly Girl, Van et I Don’t Want To Grow Up n’ont pas pris une ride et sont toujours aussi efficaces et d’actualités.

Je l’ai déjà écrit auparavant et je le répète ce soir, Descendants est à mon humble avis le meilleur groupe de punk rock qui n’a jamais existé. Ils sont plus mordants et moins mélodiques que peuvent l’être les albums les plus populaires de Bad Religion, mais plus accessible et moins brouillon que l’a été Sex Pistols. Ils sont le juste milieu qui peut ramener à la même place les fans de vieux punk et les amateurs du punk-rock popularisé dans les années» 90. C’est exactement ce qui se passe ce soir. Il y a dans l’assistance des jeunes, même des très jeunes, autant qu’il y a des têtes blanches, des trentenaires (moi!) que des vrais punks aux Mohawks colorés vêtus de vieille veste jean sans manches remplit de «patchs» de vieux groupes. Et ce qui est le plus merveilleux est que tout ce beau monde s’amuse ensemble dans l’harmonie. Autre qualité majeure, contrairement à bien d’autres de leur style de musique ils sont d’excellents musiciens. Il est toujours aussi impressionnant de voir et d’entendre les lignes de Basse de Karl Alvarez qui sont loin d’être linéaires et faciles. Jamais lui et le batteur Bill Stevenson ne perdent l’exactitude du rythme et forment une base solide pour que le guitariste Stephen Egerton puisse s’amuser à fond.

Avec plus de 35 morceaux au programme, dont deux rappels bien remplis, l’on ne peut pas dire que l’on n’en a pas eux pour notre argent. Ils finissent en beauté avec Catalina dans laquelle ils incorporent Break On Through de The Doors. Ils nous ont comme toujours fait passer une soirée magnifique. J’ose espérer qu’avec un MTELUS quasiment sold-out, eux ou un promoteur auront la bonne idée de ne pas nous faire attendre trop longtemps avant de les ramener dans notre belle province.

Texte: Sébastien Léonard

Photos: Martine Labonté