Seb, Eddie & Paul sont sur un bateau… Cette avalanche de prénoms sonne comme une blague, mais non! Il s’agit bien d’un show. La Casa Del Popolo accueillait Seb Black, figure de proue d’Emery Street, et le poulain Eddie Paul.

Pour bien comprendre, il faut savoir qu’Emery Street est une écurie/studio/appartement située très malicieusement… rue Emery, à Montréal. Ce collectif punkisant et apôtre du DIY (tous les albums sont faits maison, créés, enregistrés, masterisés sous les aisselles) fait tourner ses musiciens sur deux projets distincts : Seb Black d’un côté, Eddie Paul de l’autre. En fait, de l’un à l’autre, seul Seb Black se greffe.

Malgré autant de similitudes, ce quasi unique groupe en forme deux bien distincts.

Avec sa musique familière, Eddie Paul, sans réinventer la roue, donne ses compositions avec sensibilité. Les musiciens sont impeccables, les arrangements subtils. Les grooves finissent par faire voler la mèche de la basse, c’est un signe.

Plutôt statique. Le quintet se fait voler la vedette par une pin-up dont on questionne la présence au départ. Il faut dire que le tambourin est rarement un artefact indispensable. Mais elle est là, au milieu de toute cette testostérone et donne un contenu visuel en accord avec la vibe 50’s générale des pièces d’Eddie Paul. Elle apporte mouvement et fantasme et on est bien vite content qu’elle soit là, habitée.

Le public reprend en chœur « wash your hands », nous embarquons en douceur.

Le set d’Eddie Paul terminé, à peine le temps d’une bière, on prend les mêmes et on recommence, cette fois-ci avec Seb Black devant. La dynamique change du tout au tout. D’intimiste, l’ambiance se déroute vers un propos général très bling-bling, à l’image de la pièce d’ouverture Go Out In Style.

Les mêmes musiciens mis en valeur plus tôt durant le set d’Eddie Paul sont d’un coup écrasés par la personnalité de Seb Black. Ce n’est pourtant pas le charisme, ni la puissance de la voix. Peut-être le vague air de Tim Armstrong, en moins bad-ass? Ou peut-être tout simplement une façon un peu maladroite de vouloir alpaguer le public présent?

Il n’empêche que ça marche. Les pièces aux résonnances d’hymnes punks font lever les Pabst. L’ambiance cradingue je-m’en-foutiste des vidéos diffusées sur le web n’est pas une mise en scène.

Il faut reconnaître que la proposition artistique menée jusqu’au bout!

L’ensemble proposé par Emery Street ne manque vraiment pas d’intérêt. Musicalement, la barque est solide et l’identité de l’ensemble est claire et assumée, ce qui –étonnamment!- est suffisamment rare pour être souligné. Mais même si la machine Seb Black est bien rodée et fichtrement efficace, c’est à mon sens Eddie Paul qui méritera vite toute notre attention. On attend l’album avec impatience. Coup de chance, il est annoncé pour bientôt!

Texte : Marien Joly