Eh papi, une nouvelle génération danse sur vos vieux disques!!

Un courant rock vieux de 50 ans qui n’est jamais vraiment parti, comme une tache de sang sur un tapis blanc. Le rock garage sous toutes ses déclinaisons, de garage-punk à garage-choucroute, frappe Montréal et les autres grandes villes. Avec des spectacles imprévisibles et sauvages, ça fait bang dans la fourche.

Rencontre avec Izi La Terreur, bassiste des Buddy McNeil & The Magic Mirrors, agente d’artistes, attachée de presse et docteure en rock déviant.

Selon la rumeur, vous êtes les héritiers du patrimoine artistique d’un certain Buddy McNeil, auteur-compositeur américain. Est-ce que la légende dit vrai ?

Absolument, c’est vrai, c’était pendant une tournée des Mod’s, l’ancien groupe d’Alexis Roberge (chant-guitare). C’était au Trash si ma mémoire est bonne, à Peterborough, un bar surmonté d’un rat géant.  J’étais partie rejoindre le groupe avant qu’ils ne partent pour la côte ouest. Buddy McNeil prenait une bière au bar. Il était nostalgique et il s’est reconnu plus jeune en Alexis. Après le show, un peu à la blague, il lui a dit « je vais te donner mes tounes. Fais ce que tu veux avec!». Ensuite, peu après la tournée, il a reçu un paquet à la maison.

Depuis quand êtes-vous ensemble?

Officiellement depuis 2006. J’étais jalouse de mes collègues masculins qui partaient en tournée! C’est à ce moment que j’ai commencé à jouer de la basse. Je n’en avais jamais joué! Avant, j’étais plus aux cuivres. La formation a souvent changé et, par conséquent, le son aussi, chaque nouveau membre amenant ses influences.

Parle-moi de tes influences.

Mes influences sont principalement dans la scène garage. J’aime l’intensité des shows, l’authenticité des groupes d’ici comme les Demon’s Claws, Red Mass, CPC gangbang, King Khan, Mark Sultan et aussi la scène actuelle américaine comme les Black LIps, Thee Oh Sees, Fuzz avec Ty Segall, une des bonnes performances de l’année. Ty, c’est vraiment un gars incroyable. Il est tellement prolifique, c’est une machine! Mac Demarco, même s’il n’a pas un son garage, il a l’attitude. Et bien sûr les années cinquante et soixante.

Des moments rock n’roll?

Le chanteur des CPC Ganbang qui se met en feu sur scène! Les shows de Jay Reatard avec l’énergie du désespoir, une nuit sans lendemain, vivre des moments uniques, quand il peut arriver n’importe quoi. J’aime le côté transgressif du rock garage. La proximité des groupes avec le public, l’accessibilité des musiciens. Il y a tellement de groupes dans le business qui font semblant d`être cools, qui font le même spectacle soir après soir, les mêmes interventions au même moment. Ce n’est pas ce que je veux voir pendant un show rock. Avec le rock garage, c’est un retour aux sources, le rock pour déranger le côté pernicieux et viscéral, avoir des émotions! Sortir d’un show et avoir vécu quelque chose qui restera en mémoire pour longtemps!

Meilleure toune pour une bataille de bar.

The Sadist de Paul Simul, une toune extrêmement malsaine à propos d’un sadique. C’est joyeux et violent à la fois. J’aimerais voir une bagarre avec les gangs du film Warrior. En fait, j’ai toujours rêvé de faire partie des Baseball Furies. C’est un fantasme!

Voyager avec une gang de gars, c’est comment?

Il y  a des avantages comme ne pas transporter des trucs lourds… Sinon, ce n’est pas moi la plus princesse du groupe!

Dans la cadre de ton travail, tu as fait de bonnes rencontres?

Je suis vraiment choyée. J’ai eu la chance de travailler avec des personnalités pour lesquelles j’ai une très haute estime. Éric Burdon des Animals, affable et généreux en anecdotes. Même Lou Reed, qui n’est pas aussi désagréable que ça. Ce n’est pas le gars le plus sympathique, mais je pense que j’aurais été déçue du contraire : je n’aurais pas voulu le trouver normal! Lou Reed, c’est Lou Reed. C’est un personnage qui a beaucoup d’histoire. Il n’a pas besoin d’être quelqu’un d’autre… en fait je n’ai rien contre les artistes désagréables!

Kim Deal, Kim Gordon ou Sid Vicious?

Aucun des trois. Je suis plus Paul McCartney. Selon moi, c’est le meilleur bassiste au monde. Ce que je trouve extraordinaire, c’est sa mélodicité, sa capacité à spliter son cerveau en deux pour chanter et jouer de la basse de cette façon-là. C’est un dieu. Mais choisir entre les trois, allons-y avec Sid Vicious pour l’attitude.

Un album en 2014?

Peut-être à la fin de 2014. On veut vraiment prendre le temps de bien faire les choses alors de façon plus réaliste, au printemps 2015. On est en période de transition. La nouvelle mouture du band amène une dynamique différente. On est maintenant les Magic Mirrors à part entière. Il n’y a plus de Buddy McNeil. C’est un projet qui nous ressemble plus que l’album précédent.

Des shows pour l’été?

Des shows prévus à Chibougamau, au Lac-Saint-Jean, à Montréal pour les festivals Fringe le 12 juin, à Pop Montréal cette automne. Quelques shows aussi à La Casa Del Popolo, au Divan Orange surtout pour tester du nouveau matériel, mais une vraie tournée n’est pas prévue avant le printemps 2015. À suivre…

À écouter: Introducing Once Again Buddy McNeil & The Magic Mirrors 

Entrevue réalisé par Fred Lareau